Tyranex - Reasons for the Slaughter
Chronique CD album (35:38)

- Style
Thrash Metal - Label(s)
GMR Music - Date de sortie
22 September 2023 - Lieu d'enregistrement Grand Recordings Studio & Rorysound Studios & The Dungeons
écouter "Do or Die"

Cela peut arriver à tout le monde d’en avoir parfois un peu ras la casquette d’un genre donné, quand s’installe trop durablement l’impression que plus rien d’excitant, plus rien de nouveau, plus rien de frais n’en émerge pour entretenir la flamme. Quasi tous les fanatiques de tel ou tel style en sont passés par là à un moment ou à un autre. J’avoue que – ouf ! – ce n’est pas franchement mon cas vis-à-vis de ce bon vieux Thrash, qui – il est vrai – nous a fourni un nombre assez inattendu de skeuds saignants ces dernières années. Mais si d’aventure des fans de la version la plus tradi’ de cette chapelle commençait à perdre l’espoir, Reasons for the Slaughter pourrait bien être ce vigoureux coup de pied au fond de la piscine qui les empêchera de sombrer dans une désillusion noire.
Mais je comprends votre réaction : « Tyranex, vraiment ? Ce n’est pas plutôt un Conan à paillettes combattant un dino-rose à Ray-Ban qui devrait figurer sur la pochette ? » On ne peut s’empêcher, en effet, de se demander quelle drogue, consommée en quantité dépassant largement la posologie habituelle, a bien pu amener un groupe à se baptiser ainsi. Remarquez, Pontus Pettersson-Gull – the batteur of the tyran – agite également ses baguettes au sein de Tyrannosatan, eh oui, comme quoi on peut toujours trouver psychotrope plus puissant si l’on cherche un peu…
Reasons for the Slaughter est le quatrième album sorti par les Suédois aujourd’hui mis à l'honneur. Conçu 18 ans après que le groupe a pondu son premier riff, il est le fruit d’une expérience qui n’a d’égale qu’une passion dévorante pour le bon vieux Thrash moulé à la louche, mais aussi pour le Speed Metal, ainsi que pour les quelques excroissances plus extrêmes qui ont vu Venom partir par-ci tandis que Metallica allait par-là. Si le GPS indique donc la patrie d’Ace of Base, de manifestes accointances metallico-conservatrices donnent au groupe comme un petit accent teuton. Autre élément qui type fortement la musique de Tyranex : sa guitariste / vocaliste / leader Linnea Landstedt, dont les cris véhéments vont des aigus perçant du Heavy châtré jusqu’à des protestations acides quasi-Black, en passant par des diatribes agressives qui renvoient au Recognize No Authority de Détente.
Le décor est posé. Il n’y a dès lors plus qu’à ajouter au tableau 1) une énergie fulminante, 2) des riffs tranchants joués à la vitesse de l’hélico-rasoir, 3) des putains de mélodies qui donnent envie de jouer au bilboquet avec sa tête et sa nuque, 4) une basse qui manifeste d’indiscutables velléités séparatistes, 5) une passion qui sourd par tous les pores des compos… Et vous obtenez un album qui, sur le papier, ne se distingue nullement de ses voisins, mais qui, dans les faits, fonce, défonce et balance Tonton Alfonse dans les ronces !
Les monomaniaques du Thrash pur et dur trouveront peut-être les traces de Heavy un peu trop prégnantes sur « Megalomania » (… et à l’inverse ils trouveront le début du morceau-titre trop blasté).
Certains se plaindront qu’une grosse minute de mid-tempo au milieu de « Pyromaniac », puis plus loin au début de « Wipe Out », c’est trop long.
D’autres encore diront qu’un orchestre de cordes et un orage pour ouvrir l’album, c’est un peu cliché (… ceux-là sont de vrais casse-couilles : elle a de la gueule, bordel, cette intro !).
La vérité » c’est que 90% de l’album déchire. D’ailleurs le fulgurant « Where Light Ceases to Exist », « Rise from the Dead » et sa basse motörheadienne, ainsi que le climax « Do or Die » ont rejoint mon panthéon personnel du genre. Sans compter « Full Circle », qui commence comme si on avait frappé une ruche avec une batte de baseball.
Affuté, requinquant, passionné, furieux, Reasons for the Slaughter est de ces albums qui rendent le Classic Thrash [à nouveau] excitant. Et ceux-ci n'étant pas si nombreux, profitez sans attendre de ces raisons très valables pour vous livrer à l'un de ces petits massacres qui mettent de bonne humeur, entre le café et le croissant.
PS : c’est Lawrence Mackrory de Darkane qui a produit l’album, celui-ci venant même pousser sa gueulante sur « Megalomania ».
La chronique, version courte : tu aimes le Thrash de la grande époque, celui qui cavalait dans la tempête le couteau entre les dents, celui qui laissait encore transparaitre quelques traces de mélodie Heavy/Speed, celui qui avait la niaque, la rage au ventre, le feu sacré… Problème : c’est une denrée que plus aucune fournisseur n’accepte de livrer. Ou alors le matos refourgué sent trop la seconde main, la naphtaline, ou les jeunots bricolant sur Pro-Tools. Tu es donc sur le point de te retirer de la vie thrashistique... Heureusement, Dr Riff est là pour te prescrire Reasons for the Slaughter, que tu prendras dorénavant matin, midi et soir jusqu’à disparition complète des symptômes dépressifs.
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