Dissolve Patterns - Dissolve Patterns

Chronique CD album (32:20)

chronique Dissolve Patterns - Dissolve Patterns

Il y a quelques mois, Giorgio Barroccu, patron de Brucia Records, mais également multi-instrumentiste chez Derhead, prenait l’initiative de proposer l’intégralité des publications numériques du catalogue de son label gratuitement. Convaincu par la bonne réputation de la maison de disques et par la qualité du premier album de Derhead, que j’avais chroniqué à sa sortie, j’en profitais pour rattraper mon retard, en particulier avec l’album éponyme de Dissolve Patterns, sorti initialement en 2022. Composé de quatre musiciens belges, dont une violoncelliste, le groupe est l’auteur d’un unique LP. Pour l'enregistrer, ils se rendent au Celestial Event Studio à Anvers, leur ville d’origine, sous la direction de Viktor Walschaert.

 

Il y a bien longtemps que le violoncelle n’est plus pour moi un instrument « exotique » (Pantheon I, Here[in] ou Kusillo Trio…), mais dans ce contexte, et pour des oreilles moins habituées que les miennes, l’usage de cet instrument peut paraître original. Il est très présent dans l’espace sonore proposé par les Belges, que ce soit en termes de composition ou de mix, apportant une puissance indéniable à l’ensemble. Le chant, en majorité typé pur Black Metal, se révèle être plutôt monocorde et monotone, contrastant ainsi avec la musique, elle, beaucoup plus riche. Et ce ne sont pas les rares passages déclamatoires qui parviennent à briser ce sentiment, malgré ses seulement trente-deux minutes au compteur.

 

L’ensemble des titres, numérotés mais pas nommés, peut être considéré comme faisant partie d’une seule et même composition, comme les différents mouvements d’une mise en forme du chaos. L’album gagne à être écouté d’une traite. Les éléments purement Black Metal sont présents en grand nombre et constituent le terreau même de Dissolve Patterns, mais ils n’en constituent qu’un élément. Le groupe les utilise un peu à la manière d’un chef cuisinier : ce ne sont qu’un ingrédient, certes dominant, mais ils ne doivent pas masquer les emprunts constants au Drone, au Rock Psyché, au Post-Hardcore… La basse toute en syncopes associée au violoncelle apporte un évident côté Jazz. L’instrument à cordes, quand il accompagne la guitare sèche (au milieu de « II » par exemple), rappelle les terres arides explorées par les Américains de Vit.

 

Le groupe souhaite dissoudre la réalité avec son premier album, et y parvient sans peine. L’auditeur sent bien que Dissolve Patterns a fait l’objet d’une attention toute particulière en termes d’écriture. La musique a été soigneusement pensée pour donner corps aux paysages écrasants qu’ils ont imaginés. Si je faisais un peu de psychologie de comptoir, l’origine géographique du groupe, la Belgique, n’est pas étrangère aux aspects désespérés de sa musique, qui semble s’écouler comme une morne journée grisâtre, à faire se pendre un canal, qui a à jamais le cœur à marée basse.

 

photo de Xuaterc
le 21/03/2025

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