L’industrie des médias subit des soubresauts à un rythme de plus en plus rapproché. Jeudi, c’est le groupe St-Paul Médias SA 1> St-Paul Médias SA édite quatre titres: La Liberté, avec laquelle collabore Le Courrier, mais aussi La Gruyère, La Broye Hebdo et Le Messager.qui a procédé à des annonces: 5,8 postes équivalents plein temps seront supprimés. A partir de 2027, l’impression de La Liberté, le vaisseau amiral du groupe, avancera son délai de bouclage aux alentours de 19h30. Et deux titres du groupe sont fusionnés.
Pour Le Courrier, qui collabore avec La Liberté en reprenant certaines de ses pages et en procédant à des échanges d’articles, cela ne changera pas fondamentalement la donne. Même si bouclage avancé signifie évidemment information moins riche et moins complète. Une perte, mais rien d’insurmontable.
Ces annonces provenant d’un groupe aux assises plus solides que le fragile Courrier constituent un indice supplémentaire de la difficulté que traverse le secteur, victime de la guerre des gratuits, du siphonnage de la publicité par les géants étasuniens du web et des nouvelles habitudes de lecture. Cela aboutit à une concentration des titres et, partant, à un appauvrissement au niveau de la diversité des opinions exprimées. Et éclaire un angle mort de la crise des médias: l’hyper-concentration des imprimeries.
L’effondrement spectaculaire du monde des médias a des conséquences délétères sur le débat démocratique. On en a vu les effets les plus significatifs aux Etats-Unis, avec le retour au pouvoir de Donald Trump. Les espoirs mis dans le rachat de certains titres par les milliardaires de la tech’ ont participé de cette dérive dont le salut nazi d’un Elon Musk est l’incarnation.
Ce nouvel avertisseur d’incendie qui a retenti jeudi à Fribourg incitera-t-il les pouvoirs publics suisses à réagir? Les annonces successives de réduction du champ médiatique – notamment la spectaculaire quasi-fusion de la Tribune de Genève et de 24 heures – ont quelque peu ébranlé les visions du passé servant de boussole au monde politique. Des thèmes comme l’aide directe aux médias ne sont plus, ou moins, un tabou. Mais le réveil est lent. Trop lent rapporté à la vitesse avec laquelle se produisent les implosions successives de l’industrie des médias.
Le temps politique n’est pas celui des réalités économiques. Attendre est un luxe que ne peuvent pas se permettre les collectivités publiques et la société civile.
Notes