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Section IV.1.1

LES FORÊTS DE L'UNION EUROPÉENNE

Sommaire

1.1.0 - Introduction

(Voir carte des régions naturelles d'Europe (470Kbytes))

Près de 80 % des surfaces boisées de l'Union européenne peuvent être regroupées sous le terme de "forêts mélangées de climat tempéré". Un peu moins des 20 % restants, essentiellement méditerranéens, se rapprochent plus des "forêts sèches" (sud de l'Espagne et du Portugal, Grèce, littoral méditerranéen français et italien). Enfin, outre des stations d'altitude, certaines zones boisées de l'Ecosse et de l'extrême nord du Danemark ressortissent des "forêts boréales".

La diversité du continent européen peut être synthétisée en fonction de deux paramètres naturels principaux : l'altitude et la forme du relief d'une part, la latitude d'autre part ( BLANDIN (P.). - La nature en Europe : paysages, faune et flore - Ed. Bordas - Paris, 1992. ). Les dix grandes familles correspondantes se retrouvent dans l'Union européenne, hormis le type " les hautes montagnes d'Europe du Nord", représenté par la chaîne scandinave. Il est ainsi possible de distinguer :

Les espaces littoraux
Les plaines, plateaux et collines d'Europe du NordAllemagne du nord, Pays-Bas, Danemark, Royaume-Uni, Irlande
Les plaines, plateaux et collines d'Europe du milieumajeure partie de la France et de l'Allemagne, Belgique, sud du Royaume-Uni, Portugal
Les plaines, plateaux et collines d'Europe méridionaleEspagne, Portugal, Italie, Grèce, sud-est de la France
Les moyennes montagnes d'Europe du NordRoyaume-Uni, Irlande
Les moyennes montagnes d'Europe du milieuFrance, Espagne et Portugal du Nord, Allemagne
Les moyennes montagnes d'Europe méridionaleEspagne, France du sud-est, Italie, Grèce
Les hautes montagnes d'Europe du milieuAlpes et Pyrénées
Les hautes montagnes d'Europe méridionaleItalie, Espagne, Grèce

LES FORÊTS DE L'UNION EUROPÉENNE EN QUELQUES CHIFFRES

POPULATION (1 000 hab)344 720
SURFACE TOTALE (1 000 ha)236 095
TERRAINS BOISÉS (1 000 ha)72 512 (31 %)
FORÊTS (1 000 ha)48 113 (66 %)
. Etat (1 000 ha)10 153 (21 %)
. Autres collectivités publiques (1 000 ha)9 583 (20 %)
. Privées (1 000 ha)28 377 (59 %)
. Feuillus (1 000 ha)25 653 (53 %)
. Résineux (1 000 ha)22 460 (47 %)
. Non exploitables (1 000 ha)6 174 (39 %)
. Exploitables (1 000 ha)41 939 (61 %)
- Volume sur pied (millions m3)6 375
* Feuillus (millions m3)2 909 (46 %)
* Résineux (millions m3)3 466 (54 %)
- Volume par hectare (m3)152
- Accroissement annuel (1 000 m3)214 536
* Feuillus (1 000 m3)82 775 (39 %)
* Résineux (1 000 m3)131 761 (61 %)
- Accroissement annuel par hectare (m3)5,1
. Taillis et taillis sous futaie (1 000 ha)14 563 (30 %)
. Futaie (1 000 ha)33 550 (70 %)
- Non exploitable (1 000 ha)4 262 (13 %)
- Exploitable (1 000 ha)29 288 (87 %)
* Feuillus (1 000 ha)9 462 (32 %)
Chêne (1 000 ha)3 404
Hêtre (1 000 ha)2 927
Autres (1 000 ha)3 131
* Résineux (1 000 ha)19 826 (68 %)
Pins (1 000 ha)10 407
Epicéa (1 000 ha)6 746
Autres (1 000 ha)2 673
Source : CEE-ONU/FAO

Les types "plaines, plateaux et collines d'Europe du Nord" et "du milieu" qui recouvrent la majeure partie de l'Allemagne, de la France et du Bénélux regroupent une grande partie des forêts de production de l'Union.

Par leur présence et leurs actions forestières, les européens ont profondément modelé ces milieux naturels au cours de l'histoire. Cette large confrontation de l'homme et de la nature a composé l'extraordinaire diversité des paysages forestiers communautaires contemporains. Tant la production de bois que l'étendue et la qualité de ces espaces animent une activité économique et sociale considérable.

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1.1.1 - L'importance et la structure des ressources forestières de l'union européenne

La superficie : une importance limitée par l'activité humaine

Les formations boisées couvrent 72.5 millions d'hectares, soit 31 % du territoire de l'Union européenne. Cette surface paraît modeste par rapport aux 5.3 milliards d'hectares boisés dans le monde, dont 2 milliards pour les seules zones tempérées. Le taux de boisement est également faible par rapport à la moyenne mondiale qui est de 39 %. Cette situation reflète l'influence de l'activité humaine sans laquelle une grande partie des terres de l'Union européenne serait couverte de forêts. Depuis plusieurs millénaires en Europe, c'est l'intensité de la présence et de l'activité humaine qui gouverne la répartition des espaces boisés, notamment par les défrichements et les exploitations destinés à satisfaire les besoins de l'agriculture et de l'industrie.

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Les "forêts denses" occupent 48,1 millions d'hectares dans l'Union européenne, soit les deux tiers des terres boisées (l'autre tiers étant constitué de formations boisées à couvert plus lâche). Les analyses détaillées qui suivent portent sur ces forêts ainsi définies.

Répartition des forêts et autres terres boisées vers 1990

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Source :CEE-ONU/FAO

Bien que des disparités existent d'un Etat membre à l'autre, la superficie par habitant est toujours réduite à un faible niveau : 0.21 ha par habitant en moyenne, contre 1.62 ha pour l'ensemble des zones tempérées.

(Voir cartes des terrains boisés et des forêts)

Près de 6.2 millions d'ha, soit 13 % des forêts de l'Union européenne, sont considérés comme inexploitables pour la récolte de bois. Ce classement résulte soit de difficultés d'accès (notamment dans les zones de montagne), soit de critères économiques tels que la faible productivité du peuplement (notamment dans les zones méditerranéennes), soit de restrictions apportées aux exploitations en raison de la prééminence des fonctions de protection ou d'accueil du public (plus de 1,5 million d'ha concernés).

Les espèces : une forêt majoritairement feuillue marquée par l'histoire

Ventilation des forêts exploitables par essences vers 1990

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Source :CEE-ONU/FAO

Répartition des forêts exploitables par structure vers 1990

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Source :CEE-ONU/FAO

Les forêts feuillues sont légèrement majoritaires (53 % de la superficie forestière) et plus de la moitié de ces forêts feuillues sont des taillis ou taillis sous futaie. L'origine des sources statistiques ne permet pas de différencier les taillis des taillis sous futaie qui représentent globalement 30 % des forêts. L'incidence de traitements historiquement davantage orientés vers la production majoritaire de bois de feu apparaît donc encore importante. La diminution de l'utilisation du bois de chauffage et la montée en puissance de la production de bois d'oeuvre pour les industries a conduit à la conversion ou à la transformation en futaie sur les stations aptes à ce type de production. L'enrichissement de certains taillis sous futaie permet également d'accroître la récolte de bois d'oeuvre. Dans les futaies exploitables, les essences prédominantes en surface sont les pins (36 %), les épicéas (23 %), les chênes (12 %) et le hêtre (10 % ).

(Voir carte des principales essences feuillues et résineuses)

Les volumes sur pied : un capital important

Les indications ci-après doivent être regardées comme des ordres de grandeur ( Voir en tome II le thème spécifique V.0 "Statistiques et méthode"), car il n'est pas possible d'obtenir, dans l'Union européenne, des évaluations précises concernant les volumes sur pied. En effet, les valeurs fournies comportent des incertitudes liées à la précision des inventaires statistiques sur lesquels s'appuient les estimations, aux méthodes de cubage des arbres sur pied et à la définition même des volumes, variables d'un pays à l'autre. Généralement, les inventaires fixent un diamètre minimal, le plus souvent de 7 cm, en deçà duquel les bois ne sont pas comptés. Le volume pris en compte est tantôt celui de la seule tige (cas de la France), tantôt celui de l'ensemble tige + branches (cas de l'Allemagne).

(Voir carte des volumes de bois sur pied)

Nonobstant ces difficultés d'interprétation, le volume sur pied des arbres actuellement présents dans les forêts exploitables de l'Union européenne peut être évalué à 6,4 milliards de m3, soit 152 m3 par hectare en moyenne. Mais de grandes disparités existent entre les différentes régions européennes. Les forêts continentales du centre et du sud de l'Allemagne ainsi que celles du nord et de l'est de la France se caractérisent par l'importance de leur matériel sur pied. Ces forêts bénéficient de conditions climatiques favorables à la croissance des arbres et de méthodes de sylviculture confirmées par le temps et orientées vers la production de bois de grandes dimensions et de hautes qualités, nécessitant des révolutions longues. Ces forêts sont de grosses productrices de bois d'oeuvre destiné aux industries du sciage, du placage et du déroulage.

Dans les îles Britanniques et au Danemark, le volume sur pied plus faible résulte d'une plus forte proportion de jeunes peuplements résineux de création récente. Les forêts du sud de l'Europe portent un volume sur pied inférieur à 75 m3/ha en moyenne ; elles bénéficient de conditions naturelles moins favorables (faible pluviosité et sols plus arides) et ont souvent été dégradées par la surexploitation, le surpâturage ou les incendies.

La croissance en volume : des conditions souvent favorables

(Voir carte des accroissements annuels)

L'accroissement annuel net des forêts exploitables dans l'Union est estimé à 215 millions de m3 par an, soit 5.1 m3/ha/an en moyenne. Suivant les forêts, la croissance varie beaucoup car elle dépend non seulement des conditions naturelles mais aussi des essences composant le peuplement (la croissance des résineux étant généralement plus forte) et de leur répartition par âges (la croissance des jeunes peuplements étant supérieure). Ainsi, les niveaux atteints par l'Irlande, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, qui dépassent 7 m3/ha/an, s'expliquent par la qualité des sols, mais aussi par l'importance relative des jeunes peuplements résineux à croissance rapide dans ces pays. Globalement, les forêts de l'Union ont une croissance supérieure à celles des autres régions tempérées, qui ont des contraintes d'ordre climatique plus fortes. Elles bénéficient de conditions de croissance généralement favorables et cet avantage peut être valorisé par la pratique d'une gestion forestière adaptée en vue de la production, à haute valeur ajoutée, de bois de qualité.

Le statut foncier : de très nombreux propriétaires

Répartition des forêts exploitables par nature de propriété vers 1990

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Source :CEE-ONU/FAO

Les informations disponibles sur la répartition des forêts par classe de superficie et par type de propriétaire étant de nature très diverss selon les pays, il n'est pas possible d'avancer des données précises dans ce domaine pour l'ensemble de l'Union européenne. L'analyse qui suit s'appuie sur les informations fournies aux Nations unies par dix pays et complétées par les résultats du recensement agricole de 1982 pour l'Italie (aucune information détaillée n'a été obtenue pour le Royaume-Uni).

Près de 19.7 millions d'ha, soit 41 % des forêts de l'Union européenne, appartiennent au secteur public. Dans tous les pays, le plus gros propriétaire public est l'Etat, les forêts domaniales représentant 21 % du total. Ces forêts sont de taille généralement importante, les moyennes étant de l'ordre de 1 000 ha pour les forêts domaniales, et de 180 ha pour les autres forêts publiques.

Les superficies boisées intégrées à des exploitations agricoles représentent, d'après les statistiques agricoles de l'Union, 13.2 millions d'ha soit 18 % des superficies boisées. Ainsi, parmi les exploitations agricoles de l'Union, plus de 2 millions d'entre elles, soit près d'un quart, possèdent une partie boisée. L'exploitation forestière apparaît donc constituer un appoint non négligeable à certaines activités agricoles, notamment dans les régions où les conditions climatiques les rendent hautement saisonnières.

Les industries forestières ne possèdent elles-mêmes que très peu de forêts, contrairement à certaines industries scandinaves et nord-américaines.

Les forêts privées, majoritaires en surface (28,4 millions d'ha), sont très nombreuses : certaines évaluations approchent les 10 millions. Leurs tailles sont très diverses et les petits domaines de moins de 10 ha, très largement majoritaires en nombre, représentent environ 40 % de la superficie totale des forêts privées. Cette valeur suffit à mettre en évidence l'intérêt qui s'attache à inciter les propriétaires à coordonner la gestion de leurs forêts ainsi que la commercialisation de leurs bois, à faciliter la transmission du patrimoine et à favoriser les restructurations.

La répartition des forêts entre secteurs public et privé est étonnamment variable selon les pays et les régions. La proportion de forêts privées dépasse 85 % dans les régions du sud-ouest de la France et de la péninsule Ibérique, alors qu'elle est inférieure à 15 % en Rhénanie-Palatinat.

Les tendances : des forêts de plus en plus riches

L'analyse de l'évolution récente des forêts de l'Union européenne s'appuie sur une comparaison entre les informations fournies aux Nations unies depuis 1950. Il convient de noter qu'une partie des écarts ainsi calculés peut ne pas correspondre à la réalité, mais résulter de modifications des méthodes d'inventaire, voire de changements dans les définitions.

Evolution des volumes sur pieds des forêts exploitables

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Source :CEE-ONU/FAO

Cette comparaison dégage une nette tendance générale à l'augmentation du volume sur pied et de l'accroissement. Au cours des dix dernières années, le développement des forêts dans l'Union européenne a donc surtout résulté d'investissements consacrés à la sylviculture pour améliorer la production et de récoltes qui sont restées inférieures aux accroissements, alors que la part liée aux extensions de surfaces est restée relativement modeste en moyenne, avec cependant de fortes disparités locales.

(Voir graphiques de l'évolution des volumes sur pied et des accroissements annuels)

Certaines régions ont néanmoins connu récemment des extensions forestières importantes. Tel est le cas des îles Britanniques, du Massif central français et du nord de l'Espagne, où la déprise agricole a été importante au cours des quarante dernières années.

Le rythme moyen d'augmentation des superficies boisées serait actuellement de 112 600 ha par an. Cette tendance résulte principalement d'efforts de boisement artificiel (158 800 ha/an) ainsi que d'extensions naturelles (23 300 ha/an), principalement dans les zones abandonnées par l'agriculture ; les pertes à déduire (69 500 ha/an) sont dues aux travaux d'infrastructure et d'urbanisation ainsi qu'aux catastrophes telles que les incendies. Le rythme d'extension par le boisement reste élevé en Irlande et au Royaume-Uni, où il dépasse 1 % par an.

Vers une nouvelle progression des forêts et de la production de bois

Des possibilités d'extension

L'analyse de la répartition actuelle des terres entre les différents usages montre qu'il existe d'importantes possibilités d'extension des surfaces forestières.


EVOLUTION DES SURFACES, DU MATERIEL SUR PIED ET DES ACCROISSEMENTS
DES FORETS EXPLOITABLES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPEENNE


Surface des forêts exploitables
(1 000 ha)
1950198019902000
Allemagne9 4819 5509 8529 900
Belgique601600620640
Danemark438365466470
Espagnend6 5066 5067 000
France11 30713 34012 46013 500
Grèce1 8472 3002 2892 290
Irlande124347394430
Italie5 6483 8684 3874 400
Luxembourg81818280
Pays-Bas250294331340
Portugal2 4672 5902 3452 350
Royaume-Uni1 5352 0172 2072 400
Total Unionnd41 85841 93943 800

Matériel sur pied en volume
sur écorce (millions de m3)
Matériel sur pied à l'hectare
en volume sur écorce (m3/ha)
19501980199020001950198019902000
Allemagne8781 9402 6742 82793203271286
Belgique46739010177122145158
Danemark4047546691129116140
Espagne97453450605nd706986
France8051 5501 7421 90671116140141
Grèce12915914914970696565
Irlande5323043399276100
Italie32955774374558144169169
Luxembourg10132023125160244288
Pays-Bas152952586099157171
Portugalnd189167149nd737163
Royaume-Uni952032033046210192127
Total Unionnd5 2456 3746 976nd125152159

Accroissement annuel
net sur écorce (1 000 m3)
Accroissement annuel net
sur écorce par hectare (m3/ha)
19501980199020001950198019902000
Allemagne30 41054 67063 07563 0753,25,76,46,4
Belgique2 2604 5004 4574 4573,87,57,27,0
Danemark2 5002 8003 5153 5155,77,77,57,5
Espagne2 60027 83027 75032 783nd4,34,34,7
France32 42554 00065 85569 5202,94,05,35,1
Grèce3 7504 1003 3173 3172,01,81,41,4
Irlande2902 5303 3634 4002,37,38,510,2
Italie14 81011 88017 76914 0002,63,14,13,2
Luxembourg1703306676642,14,18,18,3
Pays-Bas6471 2402 3942 3602,64,27,26,9
Portugal5 37011 45011 28611 7082,24,44,85,0
Royaume-Uni3 13311 20011 08816 4432,05,65,06,9
Total Union98 365186 530214 536226 242nd4,45,15,1
Source :CEE-ONU/FAO

Les premières proviennent des formations forestières claires ou arbustives, maquis et broussailles qui couvrent actuellement 24 millions d'ha dans l'Union, principalement dans les pays du Sud (17 millions d'ha en Espagne). Certains de ces espaces, s'il s'avèrent aptes à porter des peuplements forestiers, pourraient être enrichis par le boisement, notamment pour ceux d'entre eux dont l'état actuel résulte d'une dégradation due aux interventions humaines (surexploitation passée pour le bois de chauffage, pacage et pâturage des animaux...).

Les secondes proviennent des terres qui perdront leur destination agricole, pour lesquelles la production de bois constitue une nouvelle destination possible. Cet objectif n'implique d'ailleurs pas forcément de transformer en forêt dense les terrains concernés, qui peuvent faire l'objet d'une "culture d'arbres" à larges espacements, éventuellement associée à la culture d'autres végétaux.

L'amélioration des forêts existantes

Les forêts denses existantes sont elles-mêmes susceptibles d'évoluer par des modifications de l'importance et de la structure du capital producteur sur pied.

Une évolution des modes de traitement est à prévoir en fonction de l'évolution des destinations données aux récoltes. Les taillis et taillis-sous-futaie, qui occupent aujourd'hui 30 % des surfaces forestières de l'Union, répondaient dans le passé à une demande importante et prioritaire en bois de chauffage (près de la moitié des récoltes vers 1950). Aujourd'hui, le bois de chauffage ne représentant plus que 16 % des récoltes, son exploitation ne nécessite plus des modes de traitement en taillis, d'autant que les futaies permettent également, dans une moindre mesure, la production de petits bois. Par ailleurs, même si la demande en petits bois a été en partie relayée par les industries de trituration, celles-ci préfèrent néanmoins s'approvisionner à moindre coût à partir de produits connexes de scierie et utilisent aussi les produits des éclaircies dans les futaies. Il apparaît ainsi qu'une partie importante de la production des taillis reste inexploitée, tandis que leur matériel sur pied augmente en quantité et qu'il se dégrade en qualité. Dans ce contexte, si les taillis sont parfois adaptés, compte tenu des conditions stationnelles, à des objectifs de protection physique ou biologique, certains d'entre eux pourront être convertis naturellement ou transformés artificiellement en futaie. Dans certains cas également, l'enrichissement de taillis sous futaie peut s'avérer économiquement adapté, notamment pour des forêts privées.

Dans les futaies, et surtout dans les futaies résineuses, l'importance des jeunes peuplements constitués depuis 1950 entraînera une progression importante du volume sur pied. En effet, dans ces peuplements en phase de croissance, seule une partie de l'accroissement peut être récoltée en éclaircie.

Dans de nombreux cas, la réalisation de ces prélèvements intermédiaires est nécessaire pour accélérer la croissance individuelle des tiges et éviter d'obtenir des arbres grêles et fragiles, sensibles aux maladies et aux intempéries. L'avenir de ces peuplements dépend donc des perspectives de récolte de bois ronds de trituration et par conséquent de la demande des industries communautaires. L'évolution prévisible des forêts de l'Union serait ainsi utilement accompagnée par la croissance de la demande industrielle. Elle pourrait également être favorisée par un dévelopement des usages du bois énergie.

Les boisements et reboisements feront également évoluer la répartition des essences, en fonction des efforts réalisés pour développer la diversité biologique des forêts et des enrichissements ou substitutions qui seront réalisés pour améliorer quantitativement et qualitativement la croissance des peuplements là où il est possible de choisir une essence principale mieux adaptée aux conditions de station.

Selon les informations récemment fournies aux Nations unies (Comité du bois) par les pays membres, la surface des forêts exploitables pourrait, entre 1990 et 2000, passer de 41,9 à 43,8 millions d'ha, et le volume sur pied de 6,4 à 7 milliards de m3. Il est certain que la vitesse de cette évolution dépendra des décisions qui seront prises par les propriétaires en fonction de leurs intérêts économiques et patrimoniaux. L'importance de leur nombre laisse imaginer la diversité des motivations.

La rentabilité de l'investissement forestier est sans doute un critère de décision important pour les propriétaires de grandes forêts et pour les agriculteurs, notamment dans la perspective d'une extension des surfaces forestières sur des terres qui pourraient être vouées à d'autres usages. Lorsque le propriétaire est une personne morale publique, des objectifs de politique nationale ou locale se surimposent directement au critère de rentabilité. Les motivations des petits propriétaires non agriculteurs sont certainement plus complexes et actuellement mal cernées dans la mesure où leurs investissements et leurs revenus dépendent généralement moins de leur forêt. La perspective de transmission d'une épargne mobilisable entre générations, comme la possibilité d'intervenir tout au long du cycle de production dans le cadre d'une pluriactivité, contribuent certainement à entretenir cette motivation qui est à l'origine d'une part importante des reboisements réalisés dans les pays de l'Union.

Dans tous les cas, les aides publiques et avantages fiscaux accordés par les pouvoirs publics auront une incidence majeure sur les choix réalisés par les propriétaires, à la fois par l'effet qu'ils auront sur l'économie des projets et comme gage de confiance dans l'avenir de la foresterie.

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1.1.2 - L'état sanitaire des forêts

Analysée en détail en IV.3.3 "Insectes, maladies, dépérissements, chablis... Qu'en est-il des agressions biotiques et abiotiques ?" et dans le thème spécifique V.11 "L'état sanitaire des forêts : comment protéger les forêts communautaires contre la pollution atmosphérique", la santé des forêts sera abordée ici de manière très synthétique, en distinguant les attaques d'insectes et maladies d'une part, les phénomènes de dépérissement attribués à la pollution atmosphérique d'autre part.

Les insectes ravageurs et les maladies cryptogamiques

L'irrégularité annuelle des dégâts liés à la variation des conditions climatiques et des cycles endogènes de la dynamique des populations d'insectes ravageurs rend difficile l'analyse de la santé des forêts à l'échelle européenne et l'écriture d'un bilan. Dans aucun pays, des dommages graves et généralisés ne remettent en cause la forêt ou une de ses essences, mis à part le cas particulier de l'orme ( Ulmus sp.), phénomène déjà ancien et bien identifié. Toutes les espèces cryptogamiques et entomologiques incriminées sont endémiques. Les ravageurs primaires sont peu nombreux ( Matsucoccus, Armillaria obscura, Dendroctonus, Ceratocystis). La quasi-totalité des organismes ravageurs se développent suite à un ensemble de facteurs favorisant le parasitisme de faiblesse :

Chez les insectes, les dégâts les plus courants sont dus :

Pour les maladies cryptogamiques interviennent :

Les inquiétudes viennent essentiellement du sud de l'Europe avec les problèmes :

La santé des forêts et le dépérissement

Le réseau européen d'observation de la santé des forêts, basé sur un maillage systématique de 16 x 16 km donne de précieuses informations sur l'état de défoliation et de décoloration (jaunissement) de 83 134 arbres- échantillons appartenant à 3 846 placettes d'observation mesurés en 1991.

La décoloration

Au sein de l'Union, 2 % des individus ont une décoloration supérieure à 25 %, les feuillus sont un peu plus touchés que les conifères. Pour les feuillus, Quercus suber présente les valeurs les plus élevées avec 9,4 % des arbres à plus de 25 % de cime décolorée et 42 % des arbres à plus de 10 %. Quercus ilex présente les valeurs les plus faibles, 0,2 % des arbres sont décolorés à plus de 25 %. Les conifères les plus décolorés sont les Abies et les moins décolorés les Picea (1,6 % des arbres décolorés à plus de 25 %) et Larix (1,2 %).

Pour l'ensemble de l'Europe, le pourcentage d'arbres non décolorés (classe 0) est le plus faible en région méditerranéenne (84 %) et le plus fort en Scandinavie (96 %). Les résultats sont donc globalement très satisfaisants.

La défoliation

Les peuplements de plus de 60 ans sont davantage touchés que les autres. Les forêts d'Europe centrale (dont l'est et le sud de l'ex-RFA) situées en moyenne et haute montagne font partie des régions les plus gravement touchées. En Europe, la région climatique la plus touchée est la zone atlantique (Allemagne, Autriche, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Hongrie en partie, Pologne, Tchécoslovaquie, Suisse) avec 32 % des arbres défoliés à plus de 25 %, ce qui traduit une vitalité diminuée dans ces territoires, notamment pour les Pinus (42 % sont défoliés à plus de 25 %). La région la moins endommagée est la zone montagneuse (altitude supérieure à 1 500 m pour le sud de l'Europe, altitude supérieure à 1 000 m pour le nord de l'Europe), avec 12 % des arbres défoliés à plus de 25 %.

Les pays qui présentent un état de défoliation jugé préoccupant sont :

Les pays où sont relevés les meilleurs résultats sont :

Pour l'ensemble de l'Union, 18,5 % des arbres présentent une défoliation supérieure à 25 % et sont ainsi considérés comme endommagés. Les feuillus apparaissent légèrement moins touchés que les conifères. Pour les feuillus, Quercus ilex est le moins atteint (4,5 % des arbres sont défoliés à plus de 25 %). Chez les conifères, les Pinus et Abies présentent les valeurs les plus élevées (de l'ordre de 27 % d'arbres défoliés à plus de 25 %), ce qui dénote un état sanitaire préoccupant. L'essence résineuse la moins atteinte est le Larix (avec 8,6 % d'arbres défoliés à plus de 25 %).

Les essences présentant les plus gros dommages sont :

La vitalité de la plupart des espèces étudiées a présenté des variations pendant les quatre années de l'enquête. La santé du Fagus sylvatica n'a pas cessé de décliner dans toute l'Union et le léger mouvement de détérioration du Pinus sylvestris amorcé en 1989 s'est poursuivi. La défoliation du Picea abies s'est légèrement aggravée, tandis que l'on observe une détérioration prononcée du Pinus nigra, Quercus robur et Picea sitchensis.

Le bilan

Les dépérissements de forêts avec leurs cortèges de symptômes ont été observés, avec des expressions différentes, dans tous les Etats participant à l'évaluation de la santé de leurs forêts. Les peuplements de plus de 60 ans sont davantage touchés que les autres. Les forêts d'Europe centrale, situées en moyenne et haute montagne font partie des régions les plus gravement touchées.

Parmi les causes prépondérantes affectant la santé des forêts, les conditions climatiques (notamment la succession des sécheresses 1976, 1983 à 1985, 1989 à 1991), puis les attaques des organismes ravageurs (insectes, champignons) et les incendies sont les plus cités dans la littérature. L'Allemagne notamment voit en la pollution atmosphérique le facteur principal du dépérissement de ses forêts ; la plupart des autres Etats européens considèrent les émissions polluantes comme un des facteurs contribuant à l'affaiblissement des écosystèmes forestiers (paupérisation des sols).

D'après Kauppi et al. (1992), au terme de dix années d'inquiétude sur le dépérissement des forêts en Europe et bien que 15 % des arbres soient défoliés à plus de 25 %, le stock de bois sur pied a augmenté entre 1971 et 1990 de près de 25 %, et l'accroissement annuel courant de près de 30 %, alors que la surface forestière ne s'est étendue que de 2,5 %. Les forêts jugées sévèrement endommagées ne représentent que 0,5 % des surfaces boisées du continent européen dont environ 4 000 km2 en Europe occidentale.


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Parlement européen
Révisé le 1er septembre 1996
URL: http://www.europarl.ep.ec/dg7/forest/fr/s4-1-1.htm