Entretien avec Albert Bandura

D'où vient le sentiment d'efficacité personnelle ?

Le psychologue Albert Bandura a développé une théorie qui permet de comprendre ce qui nous pousse à agir : le sentiment d’efficacité personnelle. Il en développait les mécanismes en 2004.

Portrait d'Albert Bandura

© Domaine public

Albert Bandura

Né en 1925, Albert Bandura est un psychologue canadien, professeur émérite de l’université de Stanford. Il est à l’origine de la théorie de l’apprentissage social, dit aussi « apprentissage vicariant » ou « par observation ». Cette théorie a eu un impact important sur l’orientation de la psychologie. Il en tire une « théorie sociale cognitive » qui considère l’humain comme acteur de son propre changement, notamment grâce au sentiment d’efficacité personnelle qui génère selon lui la motivation nécessaire à chacun pour agir. En 1974, il a été élu président de la prestigieuse Association américaine de psychologie (APA). Il a publié deux ouvrages majeurs : Social Learning Theory (1977) et Autoefficacité. Le sentiment d’efficacité personnelle (1997, tr. fr. De Boeck, 2002).

Dans les années 1980, vous avez élaboré la notion de « sentiment d’efficacité personnelle ». Ce concept a donné lieu à une étonnante abondance de travaux empiriques. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

Le sentiment d’efficacité personnelle désigne la croyance qu’a chacun d’être capable d’influencer son fonctionnement psychosocial et les événements qui affectent sa vie. Selon la théorie sociale cognitive, cette croyance est véritablement au cœur de la motivation. Sans la conviction que ses actions le mèneront vers ce qu’il attend, ou le protégeront de ce qu’il ne désire pas, aucun individu ne prendrait d’initiatives, ni ne persévérerait face aux difficultés. Peu importe l’ensemble des facteurs qui le guident ou le motivent, ils sont tous ancrés dans la conviction fondamentale qu’il a le pouvoir de changer les choses par l’action.