La résidence Renaissance est le plus gros projet actuellement développé par Creahaus. (Illustration: Creahaus)

La résidence Renaissance est le plus gros projet actuellement développé par Creahaus. (Illustration: Creahaus)

Creahaus fait partie de ces promoteurs immobiliers qui occupent activement le paysage au Luxembourg, mais qui restent relativement discrets avec les médias. Nous sommes allés à la rencontre de Laurent Olmedo, CEO du groupe, pour faire le point sur les activités de son entreprise.

Creahaus est une entreprise familiale fondée par Bernard Olmedo en 1990 et dirigée aujourd’hui par Bernard Olmedo et son fils Laurent. L’équipe de 54 collaborateurs est spécialisée dans le développement de maisons unifamiliales et petites résidences, sans pour autant exclure le développement de bâtiments administratifs ou de halles logistiques quand les occasions se présentent. «Mais mon père aime à dire que nous ne sommes pas là pour construire des monuments», introduit Laurent Olmedo. «Notre cœur de métier reste l’échelle domestique.» En 30 ans d’activité, ils ont construit plus de 1.200 maisons unifamiliales et 74.000m2 d’appartements. À cela, il faut ajouter environ 47.500m2 pour les projets en cours de développement.

«Les demandes ont explosé depuis le Covid. Par rapport aux autres années, nous recevons le double de demandes pour le résidentiel, en particulier pour des maisons. Habituellement, nous avons un rythme d’environ 50 maisons par an. En 2020, nous avons mis sur le marché 107 maisons et nous estimons que notre rythme de croisière pour les 3 ans à venir sera de 80 maisons par an», affirme Laurent Olmedo.

Des projets en ville, mais pas seulement

Construire, certes, mais sur quel terrain? Pour Creahaus, cela ne semble pas poser de problème: il y a plus de 30 ans, ils ont mis sur pied une foncière avec Arend & Fischbach qu’ils alimentent régulièrement et développent à parts égales. «Nous disposons d’une réserve foncière suffisante pour travailler au moins les 15 prochaines années. Mais je peux vous assurer que tous ces terrains font actuellement l’objet d’une procédure de développement et que nous ne faisons pas de spéculation avec.»

Parmi les projets en développement, il y a Renaissance, le long de la route d’Arlon à Luxembourg, à la place de l’ancienne clinique Bohler, qui est actuellement leur plus gros projet en cours. «Nous avons mis plus de 10 ans à obtenir les autorisations, mais ça y est, nous sommes en train de construire le gros œuvre de ce qui sera un ensemble de 132 appartements au début de l’année 2023.»

Non loin de là, le terrain dit des Arquebusiers attend aussi d’être construit. «C’est un terrain que nous avons acquis en 1996, mais le PAP a été bloqué à de multiples reprises et pour de nombreuses raisons: à cause des fouilles archéologiques, de raisons écologiques, puis de changement de programme, puis des questions de servitude… Heureusement, nous voyons enfin le bout du tunnel et nous espérons que nous allons pouvoir prochainement commencer à construire.»

Mais la ville n’est pas l’unique zone où Creahaus intervient. «Nos projets sont répartis un peu partout dans le pays. Nous venons même d’ouvrir une filiale à Weiswampach, à la frontière belge. Beaucoup de personnes souhaitent quitter la ville et le Nord attire de nouveaux résidents en recherche d’espace et de verdure», explique Laurent Olmedo, qui voit là un potentiel de développement important.

Laurent et Bernard Olmedo (photo: Creahaus)

Laurent et Bernard Olmedo (photo: Creahaus)

Conservateurs et innovants en même temps

En ce qui concerne leurs fournisseurs et sous-traitants, ils sont d’une grande fidélité et plutôt conservateurs dans leur approche. «Nous avons une liste d’entreprises avec qui nous collaborons pour tous nos chantiers. Ce sont des entreprises luxembourgeoises dont nous connaissons la qualité d’exécution et qui nous suivent s’il y a des retouches à faire. Nous avons une manière de fonctionner avec eux qui est très classique: nous les payons tous les 8 jours, le vendredi, et c’est le patron lui-même qui doit venir chercher son argent. Cela nous permet de faire le point sur les chantiers en cours, le travail effectué, et s’il y a un problème, de le rectifier tout de suite. À l’ancienne!», explique le chef d’entreprise.

Pour autant, ils savent écouter le marché et ne vont pas rater le train de la construction en bois. «Actuellement, nous évitons déjà toutes les matières de type styropor ou à forte empreinte carbone. Mais nous allons faire un pas de plus et réaliser des constructions hybrides et entièrement en bois, car le marché est désormais mûr et nous avons les compétences en interne pour nous lancer sur ce segment.»

Le projet Brahms est partiellement vendu en NFT.  (Illustration : Creahaus)

Le projet Brahms est partiellement vendu en NFT.  (Illustration : Creahaus)

Mais le promoteur immobilier Creahaus est plein de ressource et est même précurseur sur certains points: il y a environ un an, il a cocréé avec Espace Invest la société Property Token spécialisée dans l’investissement immobilier sous forme de NFT. «C’est une forme alternative d’investissement. Nous proposons des Digibrixx à partir de 3.000€ qui donnent droit à la propriété d’une partie d’un bien situé au Luxembourg. Ce bien est réalisé et commercialisé par nos soins. Les parties qui sont financées avec les Digibrixx sont louées. Ces loyers servent à rembourser le prêt, et au bout de 12 ans, le bien est revendu. Les bénéfices sont alors répartis entre les propriétaires des Digibrixx. Actuellement, nous estimons le rendement à 4,25% par an.» Un premier projet est déjà disponible en Digibrixx: il s’agit d’un nouveau bâtiment mixte situé à côté du City Concorde à Bertrange et dont les commerces sont accessibles aux acheteurs de Digibrixx.

Prêts pour résoudre la crise du logement

 Et en ce qui concerne la crise du logement, comment Laurent Olmedo voit-il la situation? «Je pense vraiment que si le logement social et abordable pouvait être réalisé par les privés, cela serait beaucoup plus efficace. Nous sommes tout à fait prêts à nous mettre autour de la table et à discuter des solutions. L’État et les entreprises paraétatiques n’arriveront pas à résoudre ce problème seuls. Et il faudrait aussi trouver une solution aux obstacles de lenteur administrative, venir en aide aux petites communes qui ont des développements de grands PAP sur leur territoire, mais qui n’ont pas l’expérience de ce type de projet. De plus, en augmentant les hauteurs constructibles, sans que cela demande beaucoup d’efforts en main-d’œuvre ou même dans les délais, on pourrait tout de suite construire 20% de logements en plus! Et par le même effet, soulager le réseau des transports puisque plus de personnes pourraient habiter près de leur travail et de leurs loisirs.» À bon entendeur…