Pour préserver le climat, le carbone ne doit surtout pas s’échapper de ces écosystèmes

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Crédits : NASA.

Pour espérer limiter la dérive du climat à un niveau compatible avec les objectifs avancés par l’Accord de Paris, il est nécessaire de bien connaître la répartition des stocks de carbone sur Terre. Dans cette optique, des chercheurs ont récemment élaboré une cartographie qui localise de façon précise les écosystèmes terrestres les plus riches en carbone. Les résultats ont été publiés ce 18 novembre dans la revue Nature Sustainability.

Dernièrement, une évaluation exhaustive des quantités de carbone stockées dans les écosystèmes canadiens a été publiée. La carte révélait entre autres la grande hétérogénéité spatiale de ces contenus. Les forêts de la côte ouest-américaine, en Colombie-Britannique, ou encore les tourbières des baies de Hudson et de James font par exemple partie des paysages avec les contenus les plus élevés du pays.

Or, pour planifier et mener à bien toute stratégie de lutte pour le climat, une bonne connaissance des zones où sont situés les domaines à fort contenu en carbone représente un atout majeur. En effet, elle permettrait d’articuler une gestion efficace des écosystèmes à l’échelle globale. Dans ce contexte et sur la base d’observations satellitaires, des scientifiques ont travaillé une carte mondiale qui localise le plus précisément possible ces points chauds.

Une localisation précise des domaines riches en carbone

La carte obtenue signale en nuances de violet les régions où l’on trouve des concentrations particulièrement élevées. Citons notamment les pergélisols boréaux, les massifs forestiers de l’Ouest américain, de l’Amazonie, du Congo, de Bornéo et de Nouvelle-Guinée ou encore les régions de mangroves et de tourbières. Tous ces domaines sont considérés comme des ressources irrécupérables par les chercheurs. En effet, si le carbone qu’elles contiennent venait à être libéré dans l’atmosphère, il faudrait des siècles, voire des millénaires pour le reconstituer.

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Répartition du carbone irrécupérable à la surface de la Terre. Plus les tons de violet sont marqués, plus le contenu est élevé. Crédits : Monica L. Noon & coll. 2021.

Dans leur papier, les auteurs expliquent que si cela venait à se produire, que ce soit par l’action directe de l’Homme ou par le changement climatique, le réchauffement qui en résulterait serait catastrophique. Et pour cause, quelque 140 milliards de tonnes de carbone seraient déstockées sous forme de dioxyde de carbone (CO2), plaçant le climat mondial sur une trajectoire qui nous mènerait bien au-delà des objectifs visant à limiter l’augmentation des températures à 1,5 °C ou même 2 °C.

Enfin, notons que ces ressources jugées irrécupérables occupent à peine 3,3 % de la surface du globe, dont une bonne moitié se situe dans des zones pour l’instant protégées ou gérées de façon durable par les peuples autochtones. « Les stratégies efficaces pour réduire le risque de changement climatique catastrophique devront (…) donner la priorité à leur protection et à leur gestion durable, parallèlement aux efforts visant à éliminer progressivement les émissions liées aux combustibles fossiles et à restaurer les écosystèmes dégradés », souligne à ce titre le papier.