« Pas lui. Trop à droite, trop sulfureux ». Telles sont les raisons qui ont été invoquées pour annuler la venue de Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, au sein de Sciences-Po Paris. Un traitement particulier qui n’est pas une nouveauté et que le principal intéressé dénonce, samedi 13 novembre, dans un tweet comme un nouvel exemple de « cancel culture ». C’est-à-dire le fait d’empêcher l’expression des idées dérangeantes en faisant annuler les publications, diffusions ou discours de leurs auteurs.
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« Personnellement, cela m’émet assez peu. J’ai gagné une soirée », relativise Geoffroy Lejeune. Mais il voit dans son cas une illustration de la politique des écoles d’enseignement supérieur. « Des jeunes se voient interdire d’inviter des intervenants. L’enseignement supérieur est censé être un lieu de débat. Mais la direction refuse le pluralisme, sauf quand il est d’extrême gauche ». Il rappelle en effet que Sciences-Po Paris n’avait pas trouvé à redire à la venue d’un Jean-Luc Mélenchon ou d’un Philippe Poutou. « On se prépare à un appauvrissement du débat », redoute-t-il.
Après l’ESCP, Sciences Po Paris vient de m’interdire de conférence dans ses murs.
Dans le même temps, ils y ont accueilli Mélenchon et Poutou : leur prétendu pluralisme est une blague.La cancel culture pratiquée par ces petits censeurs est en marche.
— Geoffroy Lejeune (@GeoffroyLejeune) November 13, 2021
Des blocages en préparation
Après près de trois semaines d’attente, l’association à l’origine de l’invitation de Geoffroy Lejeune a donc essuyé un refus de l’administration de Sciences-Po Paris. Dans un e-mail, elle a indiqué ne pas pouvoir « donner une suite favorable à cette demande », invitant à « trouver un autre lieu ». « Notre établissement en tant que lieu d’éducation et d’enseignement n’accepte pas les propos haineux, racistes et autres incitations à la violence », est-il écrit dans l’e-mail que nous avons pu consulter. Le président de l’association a par ailleurs soufflé que des associations étudiantes « de gauche et d’extrême gauche » étaient en train de s’organiser pour « bloquer l’événement ».
Pluralisme à deux vitesses
Geoffroy Lejeune avait déjà connu des cas similaires. En 2019, Sciences-Po Lille refusait sa présence dans un débat sur la droite avec Charles Consigny. Cela même alors que l’association étudiante qui l’invitait était « plutôt proche de Macron », précise-t-il. Puis l’histoire se répète à l’ESCP, avec toujours la même justification. Et enfin, sa venue lundi 8 novembre à Science-Po Paris, afin d’évoquer son livre « Zemmour Président, de la fiction à la réalité » (Ed. Ring), a également été « cancellée ».