Après les “pickers” et les “packers” employés dans les entrepôts d’Amazon, voici les “walkers”, qui partent à la conquête des villes. Comme toujours chez le géant du e-commerce, un jargon anglais est utilisé pour décrire ces livreurs d’un nouveau genre aperçus dans plusieurs quartiers de la Capitale, notamment les zones très résidentielles du Nord de la ville. Circulant à pied, ils poussent un chariot à roulettes, simple poussette en métal contenant deux sacs souples remplis de petits colis, juste équipée d’un frein et d’un porte-bidon. Contacté, Amazon ne fait de commentaire sur ce nouveau mode de livraison discrètement déployé depuis deux mois et confié à des sous-traitants, comme pour tous ses colis. Des offres d’emploi pour le même type de poste à New York peuvent être consultées en ligne.

Un jeune livreur parisien, embauché depuis un mois, décrit ainsi son quotidien à Capital : “Nous avons rendez-vous vers 9h pour un brief près de l’entrepôt Amazon du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), où les colis sont répartis. Une fois arrivés dans le quartier de livraison à Paris, nous commençons le travail vers 11h, jusqu’à avoir fini de tout distribuer. Et ça peut durer : hier, je suis rentré chez moi à 23 heures. C’est de l’esclavage moderne,” lâche-t-il, exaspéré.

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Quand leur caddie se retrouve vide de colis, les “walkers” sont réapprovisionnés par une camionnette qui fait la navette entre la dizaine d’entre-eux répartis dans le quartier. “On peut ainsi livrer jusqu’à 130 colis par jour, parfois plus que les livreurs en camionnettes, sous prétexte que nos colis sont plus petits et donc plus faciles à manier,” explique un de ces livreurs à pied.

Pour accomplir leur tâche, les “walkers” consultent sur smartphone la même application Amazon que les livreurs en camionnette, qui leur indique le trajet précis à suivre, a priori optimisé afin de limiter leurs déplacements. “Mais il m’arrive de marcher 15 minutes avec mon chariot jusqu’à une adresse, puis de revenir dans la zone où j’étais précédemment, il y a ce genre de bugs”, raconte un livreur.

La livraison à pied est déjà utilisée en ville, par exemple par Monoprix pour des livraisons de courses alimentaires à proximité d’un magasin, ou encore par les facteurs de la Poste, dont certains disposent d’un “chariot suiveur” robotisé qui les suit sur le trottoir. Les chariots façon poussette utilisés par Amazon semblent à côté bien low-tech, comparés aux robots de livraison autonomes (“Scout”) ou aux drones (“Prime Air”) testés par le géant du e-commerce.

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S’il est généralisé, ce mode de livraison présentera l’avantage d’être étiqueté écolo et de désengorger les rues, à la manière des vélos-cargos qui se développent. L’explosion du nombre de camionnettes de livraison garées en double-file vire en effet au casse-tête dans les agglomérations denses. L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) estimait en 2018 à 200 000 par jour le nombre de particuliers recevant des colis. Les mairies verront-elles d’un bon œil le déploiement de ce type de chariots sur les trottoirs ? Les poussettes de colis d’Amazon, même avec leur couleur orange et jaune fluo, déconcertent en tout cas certains passants. Comme cet adolescent distrait qui a percuté un chariot stationné contre le mur tandis que nous interrogions un livreur.

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