Si rien n’est dit sur la cause du décès dupère Jacques Amouzou, vendredi 21 août « dans sa 51e année de vie et sa 18e année d’ordination presbytérale », sur le site du diocèse de Langres (Haute-Marne), tous les habitants de cette région ont été bouleversés en apprenant qu’il s’agissait d’un suicide. Originaire du Togo, le père Amouzou avait rejoint ce diocèse en 2013 comme prêtre fidei donum, avant de demander à y être incardiné, ce qui lui avait été accordé en juin.

« Le père Jacques laisse l’image d’un croyant rayonnant de la bonté divine, d’un prêtre à la profonde spiritualité et d’un pasteur à la sollicitude sans faille », lit-on encore sur le site diocésain. Il y a deux ans, alors qu’il était vicaire à Langres, le père Amouzou avait été accusé de comportement déplacé par une femme qu’il accompagnait spirituellement. « Cela s’était su à l’époquedans sa paroisse, indique une source bien informée, mais on pensait que l’affaire était résolue. »

Des contextes différents

Pourtant, en septembre 2019, quand le père Amouzou a quitté Langres pour Joinville où il avait été nommé curé, cette femme a déposé plainte contre lui. « Il avait été entendu par les gendarmes il y a une dizaine de jours », poursuit cette source qui demande l’anonymat. Ses obsèques seront célébrées samedi 29 août à Joinville, par Mgr Joseph de Metz-Noblat.

Dans un contexte très différent, un autre suicide est survenu trois jours après celui du père Amouzou. Dans le diocèse de Metz (Moselle). le père Thierry Min est décédé dimanche 23 août, à 50 ans.

Le père Min avait été nommé en 2017 à Aumetz, une région d’anciennes mines de fer et proche du Luxembourg où, du fait des projets « Luxembourg capitale de la culture 2022 », il était en lien culturel avec la ville nouvelle d’Esch-Belval dans ce diocèse voisin. Membre du conseil épiscopal et impliqué dans la tutelle diocésaine de l’enseignement catholique, il était très apprécié pour son dynamisme et sa créativité.

L’accompagnement des prêtres en question

« Dans la lettre qu’il a laissée avant de se donner la mort, le père Min parle de sa mère, décédée en 2014, et de son père, décédé en 2016, dont il n’avait sans doute pas fait le deuil », avance Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque de Metz. Selon quelques confrères prêtres partis randonner avec lui en juillet, rien ne laissait présager un tel drame.

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Ces deux suicides, au-delà des différences de contexte, posent la question de l’accompagnement humain des prêtres, d’autant qu’ils interviennent sept mois après celui d’un prêtre du diocèse de Gap. Sur Twitter, Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et proche du père Min, a écrit : « Pourquoi ? Nous, les responsables, avons-nous su entendre leur souffrance ? » Écho à ce qu’avait exprimé Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, après le suicide en 2018 du père Jean-Baptiste Sèbe : « Qu’est-ce que je n’ai pas fait ? Avons-nous su entendre leur cri ? »… Des questions que les évêques, indique Mgr Lagleize, souhaiteraient pouvoir aborder ensemble prochainement.