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Deux jeunes sont victimes de surdose de «bonbons»

Une jeune femme de 21 ans est dans un état végétatif depuis près de deux semaines

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Alyssa Goudreau ne se relèvera probablement jamais de ce lit, vivant grâce à un respirateur artificiel depuis sa surdose, le 4 septembre. Photo courtoisie


Une drogue aux effets méconnus, qui circule sous l’apparence d’un petit bonbon populaire, aurait fait au moins deux jeunes victimes de surdose dans la grande région de Montréal depuis le début du mois.

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Frédérick Jean, 19 ans, est mort sur la Rive-Sud, le 2 septembre. Le surlendemain, Alyssa Goudreau était à son tour terrassée, cette fois dans les Laurentides. 

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C’est dans cet appartement de la rue Albert-Guenette, à Saint-Jérôme, qu’elle a été retrouvée inconsciente. Photo TopoLocal

Depuis, la jeune femme de 21 ans repose à l’hôpital, branchée à un respirateur artificiel, dans un état végétatif.

  • ÉCOUTEZ l'entrevue de Dr Jean Robert, spécialiste en santé communautaire et fondateur du Centre sida amitié de Saint-Jérôme, à QUB radio:

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On la voit ici en forme, avant le tragique événement. Photo courtoisie

« J’apprends à cheminer là-dedans. Je pleure, je crie, je hurle. J’essaie de rester forte. Si elle survit, ce sera à quel prix ? » laisse tomber sa mère, Anick Goudreau, qui vit un véritable cauchemar. 

Le 4 septembre, vers 8 h, Alyssa a été trouvée inconsciente dans un appartement, rue Albert-Guenette, à Saint-Jérôme. C’est un endroit où des jeunes se rassemblent pour consommer, a-t-on dit à Mme Goudreau.

Selon Vanessa Belhumeur, 25 ans, une grande amie d’Alyssa, cette dernière « consommait régulièrement des PEZ » depuis qu’elle avait de nouvelles fréquentations peu recommandables.

Le nom de ces pilules provient des bonbons colorés de forme rectangulaire, populaires en raison de la façon originale de les consommer, soit en faisant basculer vers l’arrière la tête des figurines.   

  • ÉCOUTEZ la chronique de Félix Séguin au micro de Richard Martineau sur QUB radio:    

D’après les résultats d’analyse médicale divulgués à Mme Goudreau, sa fille aurait ingéré au moins deux comprimés d’une substance s’apparentant au Xanax, un médicament de la famille des benzodiazépines, et de la méthamphétamine.

« Il y a effectivement une contrefaçon des bonbons PEZ qui circule dans plusieurs régions du Québec depuis un certain moment, cette année », indique Éric Langlois, conseiller scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec.

Anxiété et insomnie

Ces répliques de bonbons contiennent généralement de l’étizolam, selon les experts consultés par Le Journal.

Cette substance n’est pas approuvée comme médicament ni au Canada ni aux États-Unis, disent-ils, mais est utilisée ailleurs pour traiter l’anxiété et l’insomnie.

Ce serait ces maux qu’aurait voulu soulager Frédérick Jean, de Saint-Jean-sur-Richelieu, quand il a consommé des PEZ. 

Le jeune homme venait d’être arrêté au volant de sa voiture sous l’influence des PEZ ; peu après, toujours nerveux, il aurait décidé d’en avaler d’autres afin de s’endormir, raconte sa mère, Michelle Dionne. Il aurait malheureusement succombé à la surdose.

Pour ces deux mères éplorées, il faut parler de ces drames afin d’avertir les jeunes des hauts risques d’avaler cette drogue.

« Il ne faut pas consommer n’importe quoi, ou on ne consomme pas du tout. Et surtout, si vous voyez quelqu’un en détresse, aidez-le. Ça peut sauver des vies d’appeler le 911 au bon moment », insiste Mme Goudreau, qui doit désormais trancher entre maintenir Alyssa en vie ou la débrancher.  

  • ÉCOUTEZ l'entrevue avec Anick Goudreau, mère d’Alyssa Goudreau sur QUB radio :  

Les secours prévenus trop tard

Son cœur de mère croit que sa fille aurait pu être sauvée si on lui avait porté secours à temps, dans l’appartement.

« Ils auraient pris le temps de vider la drogue et de quitter avant d’appeler », rage-t-elle. 

Alyssa aurait signifié qu’elle avait du mal à respirer, plus tôt dans la soirée, a-t-on relaté à Mme Goudreau.

« C’est à ce moment-là qu’il fallait appeler, pas à 8 h », s’insurge la mère de 43 ans.

« Aly était un rayon de soleil, toujours prête à aider. Elle avait un cœur en or. Elle souriait tout le temps. Elle a malheureusement eu de mauvaises fréquentations », conclut son amie Vanessa.

La police de Saint-Jérôme enquête.

Son fils s’en était remis aux trafiquants        

Une mère de la Montérégie ayant perdu son fils d’une surdose il y a deux semaines déplore qu’il ait dû s’en remettre à des trafiquants puisqu’il ne pouvait plus s’approvisionner en magasin.

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Frédérick Jean, 19 ans, a perdu la vie à la suite d’une surdose, le 2 septembre, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Photo tirée de Facebook

« Quand il a eu 18 ans, il avait le droit d’acheter légalement à la SQDC [Société québécoise du cannabis]. Là, depuis janvier, il ne pouvait plus [l’âge minimal est passé à 21 ans]. Il a dû se tourner vers la rue, s’indigne Michelle Dionne, 49 ans. Je me dis que si la loi n’était pas passée, il serait peut-être là aujourd’hui. Ça, c’est épouvantable. »

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Voici des exemples de comprimés «PEZ», comme ils ont été vus au Québec au cours des derniers mois. Photo tirée de Facebook

« Je ne dis pas que c’est correct de consommer, juste que c’est une grosse lacune de la part du gouvernement de ce côté-là », poursuit-elle.

Le 2 septembre, son fils unique de 19 ans, Frédérick Jean, a trouvé la mort à Saint-Jean-sur-Richelieu, après avoir lui aussi consommé des comprimés « PEZ », en espérant que ça l’aide à s’endormir.

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Photo courtoisie, Centre Sida-Amitié

Il ne s’est malheureusement jamais réveillé.

« Il était en peine d’amour depuis quelques mois, et il avait perdu son emploi à cause de la COVID. Il était sur la PCU [Prestation canadienne d’urgence]. On savait qu’il n’allait pas bien, s’attriste Mme Dionne. Ce n’était pas un imprudent en général, mais là, il l’a été. »

« Ne touchez pas à ça »

Mme Dionne a accepté de partager l’histoire de son fils afin de sensibiliser les autres jeunes qui consomment.

« Si ça peut aider. Je ferais n’importe quoi. Je ne veux pas que ce que je vis arrive à d’autres parents. C’est trop terrible, souffle-t-elle. Tout ce qui est bonbon, chimique, ne touchez pas à ça. »

Du côté de la police de Saint-Jean-sur-Richelieu, on ne peut pas encore confirmer la cause du décès de Frédérick Jean.

« On peut déduire avec ce qu’on a entendu que ce serait une possible overdose, laisse tout de même entendre son porte-parole Jérémie Levesque. Le dossier est au bureau du coroner. »

Très dangereux

Même si le « PEZ » est connu du corps policier depuis un petit moment, il s’agirait du premier décès confirmé étant lié à cette drogue.

« Je veux que les jeunes sachent que c’est très dangereux, ajoute le sergent Levesque. Il ne faut pas leur dire de ne pas consommer, il faut leur dire comment, et quoi. On est rendu là. »

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