Le Rêve du Douanier Rousseau : focus sur un chef-d’œuvre

Le Rêve du Douanier Rousseau : focus sur un chef-d’œuvre
Henri Rousseau, Le Rêve 1910, huile sur toile, 204,5 x 298,5 cm, New York, The Museum of Modern Art

Commencez votre journée en découvrant une œuvre d'art ! Aujourd'hui, avec le Rêve, une icône du Surréalisme, partez en exploration dans les jungles imaginaires du Douanier Rousseau, mort le 2 septembre 1910.

Outre sa végétation luxuriante, baignée des lueurs à la fois douces et froides de la pleine lune et habitée de présences plus ou moins visibles, outre la disjonction apparente entre cette Vénus couchée et le décor tropical qui l’accueille, ce tableau est exceptionnel à bien des égards. Avec Le Lion, ayant faim…, il s’agit de la plus grande toile jamais peinte par Henri Rousseau. C’est aussi la dernière qu’il a exposée de son vivant, au Salon des indépendants. Elle est passée entre les mains d’Ambroise Vollard et des marchands américains Arthur Knoedler puis Sidney Janis, avant d’appartenir brièvement à Nelson Rockefeller qui en a fait don au Museum of Modern Art de New York en 1954.

Glose surréaliste

Rousseau, peintre autodidacte, a décrit l’intrigue de son tableau fort simplement : « Cette femme endormie sur ce canapé rêve qu’elle est transportée dans cette forêt, entendant les sons de l’instrument du charmeur ». Mais il a également inspiré de nombreux commentaires : Apollinaire s’attache au « canapé Louis-Philippe, perdu dans la forêt vierge » et au musicien, « personnage de mystère » ; Breton y voit « incluses toutes les gestations mystérieuses de notre temps » et y perçoit le « sentiment du sacré ». Enfin, Ardengo Soffici y lit une véritable leçon de peinture, Rousseau privilégiant les « éléments les plus propres à extérioriser une vision […] personnelle », à exprimer un « sentiment poétique » et atteindre « une unité purement artistique » ; ce faisant, il démontre qu’« en art tout est permis et légitime si chaque chose concourt à la sincère expression d’un état d’âme ».

Henri Rousseau, Le Lion, ayant faim, se jette sur l’antilope 1898-1905, huile sur toile, 200 x 301 cm, Bâle, Fondation Beyeler

Henri Rousseau, Le Lion, ayant faim, se jette sur l’antilope 1898-1905, huile sur toile, 200 x 301 cm, Bâle, Fondation Beyeler

Jungles de rêve

Les tableaux de jungles sont parmi les plus célèbres de Rousseau, chantre incontesté de l’innocence archaïque. On ne peut en effet qu’être séduit par la richesse des verts et des noirs que le peintre y déploie, par la profusion des détails qui miment la saturation de l’espace visuel qu’impose ce type de végétation, par les énigmes, les incongruités voire parfois l’humour qu’il y sème. Bien qu’Apollinaire se plaise à prêter à l’artiste des souvenirs d’explorations mexicaines, Henri Rousseau n’a jamais pénétré d’autres jungles que celles abritées dans les serres du jardin des Plantes à Paris et il ne connaissait de leur faune que des spécimens vivant en captivité ou reproduits dans des albums illustrés. C’est grâce à la puissance de son imagination que Rousseau nous invite à déambuler, comme si on y était, dans un univers de fantaisie, à la découverte de ces jungles que les récits des autres lui ont fait voir en rêve.

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