infections nosocomiales et antibiorésistance à l'hôpital

Prévention des maladies nosocomiales et de la nouvelle arrivée : La Covid

Semaine sécurité des patients : les infections nosocomiales

En France, environ une personne sur 20 contracte une infection lors de son séjour à l’hôpital. C’est ce que l’on appelle une infection nosocomiale. Sont considérées comme telles, les infections absentes au moment de l’hospitalisation d’un patient, et qui se déclarent au minimum 48h après son arrivée. Cela représente environ 750 000* personnes infectées par an, parmi lesquelles 4000 en décèderaient. Le fait est que, pour un certain nombre de bactéries à l’origine de ces infections, les traitements antibiotiques ne font malheureusement pas effet. On parle alors d’antibiorésistance.

La lutte contre les maladies nosocomiales a donc deux grands combats. Le premier est l’attention particulière portée à éviter les contaminations, notamment des soignants vers les patients, lors des séjours à l’hôpital. Le second est la prévention autour d’un bon usage des antibiotiques et de prescrire « juste ce qu’il faut, quand il faut », afin d’éviter que les bactéries ne finissent par leur « résister ».

Commençons par parler des progrès réalisés ces dernières années en matière de prévention des infections nosocomiales, et faisons le point sur la petite dernière, à coronavirus SARS-CoV-2, qui a atteint un grand nombre de patients dans les établissements de soins depuis 18 mois.

Etats des lieux et progrès en termes de prévention des maladies nosocomiales

La dernière Enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissements de santé, réalisée de mai-juin 2017, montre que le pourcentage de patients infectés n’a pas diminué (4,98%), alors que les précédentes enquêtes mettaient en lumière une baisse de la prévalence depuis 2001. « Nous faisons des progrès sur certaines bactéries et avons des résultats décevants sur d’autres. Dans les cas des staphylocoques qui sont très redoutés car ils peuvent entrainer de lourdes infections ostéo-articulaires, nous avons réussi à faire baisser la fréquence de résistance de certaines souches appelées SARM, qui se trouvent en quantité restreinte sur la peau ou le tube digestif, notamment grâce à l’amélioration de l’hygiène des mains. En revanche, sur les germes du tube digestif, la résistance a plutôt augmenté ces dernières années car elles sont plus nombreuses et il est très difficile de contrôler leur transmission. La principale cause de leur émergence au sein du microbiote digestif est le mauvais usage des antibiotiques, qui sont précieux et utiles mais qu’il convient de prescrire uniquement si cela est nécessaire. », nous explique le docteur Pierre Parneix, Responsable du Centre d’appui pour la Prévention des Infections Associées aux Soins (CPIAS) de Nouvelle-Aquitaine et Président de la Société Française d’Hygiène Hospitalière.

Comment améliorer la prévention des maladies nosocomiales ?

Ainsi que nous venons de l’évoquer, l’un des aspects à améliorer est la lutte contre l’antibiorésistance, notamment en réservant la consommation d’antibiotiques uniquement aux cas nécessaires. En effet, quand on prend des antibiotiques, on fait émerger les germes résistants puisque l’on élimine tous ceux qui sont sensibles. Les résistants prennent donc leur place et se multiplient.

Il y a ensuite un enjeu concernant les mesures d’hygiène à adopter à l’hôpital. Il y a plusieurs cas de figure et il faut avant tout comprendre que bien souvent, les bactéries qui provoquent les infections sont déjà présentes chez le patient à son arrivée à l’hôpital. Durant un soin par exemple, elles vont migrer à un endroit du corps où elles n’ont pas leur place, mais où elles se développent et deviennent pathogène. C’est le cas de la plus répandue des bactéries responsables d’infections à l’hôpital : l’Escherichia coli. Présente naturellement dans les intestins, elle peut migrer et provoquer une infection urinaire, notamment dans le cadre de la pose d’une sonde urinaire. Le problème est que cette bactérie, pourtant banale, peut se révéler également résistante aux antibiotiques.

On peut également être infecté par les germes portés par d’autres patients, souvent manuportés par les soignants. C’est plutôt le cas des bactéries hautement résistantes du tube digestif, comme les entéro-bactéries ou les entéro-coques par exemple. Dans ces cas là, il est nécessaire de garder ces patients en isolement et de mettre en place des mesures plus contraignantes. On ne vérifie cependant pas si les patients sont porteurs de ce type de bactéries à chaque entrée à l’hôpital mais seulement dans certains services, comme en réanimation par exemple. Ce type de bactéries est plus résistant au antibiotiques mais heureusement moins fréquent.

Par ailleurs, ces bactéries peuvent rester sur les poignets de porte, les robinets, etc. et passer d’usager en usager. C’est pourquoi il est indispensable pour tous, patients, visiteurs et personnel des établissements, de se laver les mains très régulièrement à l’hôpital.

« Il y a d’une part, l’une organisation des soins par les personnels des établissements de santé, mais il ne faut pas oublier l’hygiène des patients eux-mêmes et des visiteurs. En pleine crise Covid, où les campagnes sur l’hygiène des mains battaient leur plein, on a mesuré que seuls 4 Français sur 10 se désinfectaient correctement et régulièrement les mains. A l’hôpital, dans les chambres, nous laissons à disposition des brochures sur ce type d’informations et remarquons que cela suscite l’intérêt des usagers. », ajoute le Dr Parneix.

Une petite nouvelle parmi les maladies nosocomiales : La Covid

« En 2020, ce serait plus de 130.000 personnes, malades, soignants et visiteurs qui auraient contracté en France la Covid-19 dans un établissement de santé. », estime l’association Le Lien, en extrapolant les données de Santé publique France, uniquement recueillies sur un tiers des établissements. C’est le cas de Laetitia, 45 ans, entrée à l’hôpital en février 2021 pour une opération programmée pour des calculs rénaux. Elle avait scrupuleusement respecté toutes les consignes et ne comprend pas, aujourd’hui encore, comment elle a pu être contaminée à l’hôpital, alors que l’organisation de l’établissement lui a paru plutôt irréprochable (retrouvez ici son témoignage). Le problème est que malgré toutes les précautions, malgré la mise en place de secteurs « Covid » dans les hôpitaux, il était très difficile de tout cloisonner durant des mois dans chaque établissement. C’est d’autant plus difficile que chacun peut être porteur asymptomatique du virus et que pour éviter tout cluster, il aurait fallu que les personnels, les patients et les visiteurs des établissements appliquent les mesures barrières strictes et en continu depuis le début de la pandémie, également à l’extérieur de leur lieu de travail. Cependant le Dr Parneix reste confiant et tient à rassurer les usagers sur les visites et les consultations ponctuelles à l’hôpital : « Si l’on respecte les gestes barrière, avec une bonne hygiène des mains, le port du masque, la distanciation sociale, il y a très peu de risques de contamination lorsque l’on est de passage à l’hôpital. Par ailleurs, rappelons que la plus efficace des protections, pour faire baisser les risques de contamination et limiter les formes graves de Covid, est la vaccination. »

* Certaines de ces infections sont à déclaration administrative obligatoire auprès de l’Agence régionale de santé, pour les plus graves et celles à bactéries résistantes par exemple, mais on sait qu’il y a une sous-déclaration de la part des établissements.

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LE TÉMOIGNAGE DE LAETITA, 45 ANS, PACA

J’ai été contaminée par la Covid très certainement à l’hôpital lors d’une intervention pour éliminer des calculs rénaux, en février 2021. Je n’avais pas eu la Covid jusque là. C’était une opération programmée, j’avais donc fait un test 72 heures avant mon hospitalisation, qui s’était révélé négatif bien sûr. Or durant ces 72 heures, je n’ai croisé que mon mari et mes enfants, qui non seulement n’avaient pas de symptômes mais ont tous été testés négatifs au moment où j’ai su que j’étais malade. Chronologiquement, je suis rentrée à l’hôpital le 31 janvier au soir, je suis ressortie de l’hôpital le 2 et le 4 au matin je suis revenue car j’avais de la fièvre depuis la veille. J’avais mal partout, et évidemment surtout au rein car j’avais une sonde. J’ai pensé en premier lieu à une infection suite à l’intervention et à la sonde. J’ai appelé avant de revenir à l’hôpital et on m’a dit de passer par les urgences puisque j’avais de la fièvre. Là les soignants m’ont fait un test PCR et j’ai alors su que j’avais la Covid. On m’a donc demandé de rentrer chez moi et indiqué que je ne pourrai revenir à l’hôpital pour le retrait de ma sonde que lorsque je serai négative à la Covid.

Pas un instant quand je suis revenue au urgences, je n’ai pensé que cela pouvait être dû à la Covid d’autant que j’étais seule dans ma chambre d’hôpital et que tous les gens qui sont entrés dans ma chambre portaient un masque. Il y a eu cependant une patiente dans le lit à côté de moi durant 5 ou 6 heures. Nous portions toutes les deux un masque et elle n’a pas utilisé les sanitaires le temps où nous étions ensemble. En revanche, elle avait de la fièvre. J’ai su par la suite qu’elle avait la Covid mais je ne comprends toujours pas comment elle a pu me contaminer car nous avons tous, il me semble, respecter les gestes barrière.

Je me suis sentie essoufflée, gênée sur le plan respiratoire pendant 48 heures environ mais je n’ai pas fait de forme grave de la Covid. J’étais cependant très fatiguée, fiévreuse et j’avais mal dans tout le corps. J’ai perdu le goût et l’odorat quand la fièvre est tombée.

J’ai donc ensuite refait des tests toutes les semaines, ainsi que mon mari et mes enfants, en attendant d’être à nouveau négative et de pouvoir retourner à l’hôpital faire retirer ma sonde. J’aurais dû la garder 10 jours, mais comme je suis restée positive pendant plus de 3 semaines, je l’ai donc gardée 1 mois.

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