disparition

Le philosophe Bernard Stiegler, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation du centre Georges-Pompidou, est mort le 6 août, à l'âge de 68 ans, a annoncé le Collège international de philosophie. Penseur des mutations du monde moderne, spécialiste des enjeux liés aux technologies du numérique, l'intellectuel est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages.

Son dernier livre, Qu'appelle-t-on panser ? La leçon de Greta Thunberg, est paru le 30 janvier dernier aux éditions des Liens qui libèrent. Il était récemment devenu président de l'association des amis de la génération Thunberg, du nom de la jeune écologiste suédoise, figure de la lutte contre le dérèglement climatique.

Passage en prison

Né en 1952 dans l'Essonne, Bernard Stiegler quitte l'école dès la seconde pour se former au poste d'assistant réalisateur au Conservatoire libre du cinéma français, mais ne termine pas ses études. Après quelques expériences professionnelles avortées, il sombre dans la criminalité et commet plusieurs braquages de banque à main armée. Il sera arrêté pendant le quatrième et se trouve condamné à huit ans de prison. Il sera libéré au bout de cinq.

Derrière les barreaux, il étudie la philosophie grâce à des cours par correspondance. Il est soutenu dans sa démarche par Jacques Derrida, qui deviendra quelques années plus tard son directeur de thèse. En 2003, 20 ans après sa sortie de prison, il publie Passer à l'acte (Galilée, 2003), ouvrage dans lequel il revient sur son incarcération et sur les phénomènes "accidentels" qui ont jonché son parcours.

Un penseur libre

Entre autres rôles, Bernard Stiegler a été enseignant-chercheur à l'Université de technologie de Compiègne, directeur général adjoint de l'Institut national de l'audiovisuel et directeur de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique. En 1989, il collabore avec la Bibliothèque nationale de France pour concevoir des postes de lecture assistée par ordinateur, mais le projet est interrompu. Depuis 2006, il dirigeait l'Institut de recherche et d'innovation du Centre Georges-Pompidou qu'il a cofondé.

Les hommages se sont multipliés sur Twitter depuis le décès du penseur. L'auteure et journaliste Aude Lancelin rend hommage à "l'un des rares hommes libres du milieu intellectuel français". Le chercheur au CNRS Gaël Giraud a salué un "homme visionnaire, qui n'a jamais cédé aux sirènes du néolibéralisme". Le philosophe Vincent Cespedes se souvient, lui, d'un "penseur radicalement libre et gourmand d'avenir [qui] faisait scintiller la philosophie en vigie vitale". Et l'intellectuel de citer son confrère : "il faut relancer une société du rêve, car c'est du rêve que provient toujours la possibilité de produire du nouveau".

Les dernières
actualités