Décès de l’historien de l’art Frank Popper, théoricien de l’art cinétique et de l’art virtuel

Décès de l’historien de l’art Frank Popper, théoricien de l’art cinétique et de l’art virtuel
Frank Popper, disparu le 12 juillet 2020 ©DR

Théoricien incontesté de l'art cinétique, spécialiste de l'art technologique et virtuel, l'historien de l'art et critique Frank Popper s'est éteint le 12 juillet à l'âge de 102 ans.

Né en 1918 en Tchécoslovaquie, Frank Popper grandit à Vienne jusque dans les années 1930 avant de rejoindre Londres pour fuir la montée du nazisme et devenir opérateur dans la Royal Air Force. Après avoir voyagé en Europe, il s’installe à Paris en 1955 où il fait la connaissance d’Alexander Calder, de Nicolas Schöffer ou de Jean Tinguely, dont les sculptures mouvantes et les recherches sur la spatio-dynamique sont aux sources de l’art cinétique.

La révolution cinétique

Dix ans plus tard, il obtient un doctorat à la Sorbonne pour lequel il travaille sur la question de « L’image du mouvement dans les arts plastiques depuis 1860 ». Suivra, quatre ans plus tard, une seconde thèse cette fois sur l’art cinétique, un mouvement polymorphe, né dans les années 1950, et qui fait du mouvement, apparent (Op’Art) ou réel, un médium à part entière. En 1968, Popper publie Origines et développements de l’art cinétique, qui retrace l’évolution des arts cinétiques depuis les post-impressionnistes jusqu’au milieu du XXe siècle, offrant ainsi un cadre historique et théorique de référence à l’art cinétique. Dans un ouvrage critique fondamental publié en 1975, Art, Action et participation, il redéfinit les rapports entre l’artiste, le spectateur et le critique dans la création contemporaine et pose les bases de la notion d’interactivité. Son étude des œuvres d’art optique et cinétique lui révèle également toute l’importance de la technologie dans les recherches plastiques.

Art et nouvelles technologies

Dans les années 1980, il devient ainsi l’un des premiers critiques à s’intéresser à la virtualisation de l’art et l’apparition d’autres médiums issus des nouvelles technologies, telles que l’informatique, la vidéo, les techniques numériques ou l’holographie. Mettant en lumière le travail d’artistes comme Nam June Paik, John Maeda et Jenny Holzer, il soutient l’ « art virtuel », un terme qu’il a lui-même inventé et qu’il définit comme « un ensemble de pratiques qui humanisaient la technologie grâce à l’interactivité ».
Co-fondateur du département Art de l’Université expérimentale de Vincennes, il dirige son département Arts plastiques de 1970 à 1983. Il devient ensuite professeur titulaire d’Esthétique et Sciences de l’Art (1976) et professeur émérite, dans cette même université (1985).

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