Selon Statistique Canada, un Canadien sur sept a vécu dans un ménage touché par l’insécurité alimentaire au moins pendant un mois durant la pandémie de COVID‑19. (Photo : iStock)

Le système alimentaire du pays doit être renouvelé en réponse à la COVID-19

L’insécurité alimentaire au Canada est appelée à doubler d’ici la fin de l’année par rapport aux statistiques les plus récentes qui font état de 4,4 millions de personnes touchées, croit le Réseau canadien pour une alimentation durable. 

Dans son plan d’action pour la réforme du système alimentaire, cette alliance pancanadienne d’organisations faisant la promotion de la sécurité et de la souveraineté alimentaires affirme que la pandémie accentue les inégalités structurelles du système alimentaire du pays. La COVID-19, dit le réseau, a aussi révélé les insuffisances des programmes de protection sociale et les difficultés des grandes chaînes d’approvisionnement alimentaire. 

« Il est clair que cette période exige un changement structurel audacieux et visionnaire » plutôt que des approches fragmentées basées sur « plus de la même chose », a déclaré Gisèle Yasmeen, directrice générale de Sécurité alimentaire Canada. 

« Le temps est venu de mettre en place des systèmes alimentaires plus sains, plus équitables et plus durables. »Gisèle Yasmeen

« Accroître la résilience et l’équité : un plan d’action pour la politique alimentaire dans le cadre de la COVID-19 », un document du Réseau pour une alimentation durable, a été présenté comme une manière de tracer la voie à suivre dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Canada. 

Selon l’organisme, ce document a été développé après une récolte d’informations, des consultations et des rassemblements avec des individus et des organisations engagés dans des mouvements sociaux travaillant pour cette cause.

« Nous devons nous concentrer sur les personnes les plus touchées, y compris les peuples autochtones et les communautés noires et racialisées, ainsi que les travailleurs du secteur alimentaire », a indiqué la présidente du conseil d’administration du RAD, Melana Roberts.

En avril, les prix des aliments ont bondi de 3,4 % par rapport à l’exercice précédent. Dans le cas de la viande rouge, la hausse des prix a été supérieure à 8 %. Les prix de nombreux produits agricoles affichaient toutefois une baisse sur 12 mois en raison de la fermeture du secteur de la restauration et des perturbations de la production attribuables à la COVID‑19. La pandémie perturbe la chaîne d’approvisionnement alimentaire, de la ferme à l’assiette, et ces perturbations risquent d’avoir des effets durables. Source : Financement agricole Canada (Photo : iStock / Eloi_Omella)

Selon Statistique Canada, un Canadien sur sept a vécu dans un ménage touché par l’insécurité alimentaire pendant au moins un mois durant la pandémie de COVID‑19.

De plus, en 2019, en moyenne, les banques alimentaires ont reçu 1,1 million de visites et servi 5,6 millions de repas chaque mois en 2019. 

Les adultes des Premières Nations, des Inuit et des Métis du Nord connaissent des niveaux d’insécurité alimentaire de cinq à six fois plus élevés que la moyenne nationale canadienne.


Un financement de 50 millions sera utilisé pour aider dans la gestion et l’acheminement des surplus existants vers les organisations de lutte contre l’insécurité alimentaire et ainsi éviter que ces produits excédentaires ne soient gaspillés.

Le 13 août dernier, le gouvernement canadien a mis en place le Programme de récupération d’aliments excédentaires. Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, cela aidera le système alimentaire et les transformateurs, les producteurs et les distributeurs d’aliments du pays à veiller à ce que tous les Canadiens aient accès aux aliments dont ils ont besoin.

La COVID-19 et les aliments excédentaires

Agriculture et Agroalimentaire Canada a mis en garde quant aux répercussions de la COVID-19 dans certains secteurs de la filière alimentaire canadienne. 

Selon le ministère, ces perturbations ont provoqué la quasi-fermeture de l’industrie de la restauration et de l’hôtellerie au Canada et aux États-Unis. 

Certains producteurs canadiens se retrouvent avec des excédents d’aliments de qualité, et on ne s’attend pas à ce que la demande accrue provenant des épiceries suffise à écouler les stocks avant qu’ils se perdent.

La pandémie a aussi entraîné une hausse de la demande auprès des banques alimentaires et des autres organisations qui assurent la sécurité alimentaire dans les collectivités de l’ensemble du Canada.

Le Programme de récupération d’aliments excédentaires permettra de réduire ces fluctuations en offrant du financement nouveau pour revaloriser et acheminer les aliments excédentaires vers les Canadiens vulnérables. 

Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement alimentaire liées à la COVID-19 pourraient créer des occasions d’affaires pour les producteurs locaux.

(Photo : diane555/iStock)

Avant la pandémie, les consommateurs étaient de plus en plus conscients de la provenance de leurs aliments. De nombreux Canadiens se sont récemment tournés vers les ingrédients et les produits locaux. Cette tendance devrait se maintenir, croit Financement agricole Canada, une société d’État commerciale fédérale d’aide au secteur.

Les données d’un récent sondage Angus Reid confirment que 63 % des personnes souhaitent acheter davantage de produits alimentaires locaux à l’avenir. Cette volonté d’achat local s’est étendue au secteur de la restauration avec les récentes campagnes de médias sociaux encourageant les Canadiens à soutenir leurs restaurants.

Selon une étude de l’Université de Dalhousie, environ 9 % des Canadiens ont aujourd’hui l’intention d’acheter de la nourriture en ligne. Avant la COVID-19, ce chiffre était inférieur à 2 %.

Selon Financement agricole Canada, les détaillants sont susceptibles d’augmenter leurs investissements dans la vente en ligne pour maintenir ce niveau de demande des consommateurs. Les transformateurs et les producteurs canadiens de denrées alimentaires pourront ainsi élargir leurs débouchés commerciaux en expédiant directement leurs produits aux consommateurs.

Avec des informations de Réseau canadien pour une alimentation durable, de Statistique Canada, de Financement agricole Canada et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. 


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