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Un sans-abri reçoit 40.000 euros de dédommagement pour une photo prise à son insu par Paris Match

La balance de la Justice (illustration)

La balance de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Le quadragénaire a attaqué le mensuel en justice pour avoir illustré un article sur la consommation de crack dans le métro avec un cliché le faisant apparaître à la station Marx-Dormoy.

"C'est une décision exemplaire qui défend avec force le droit à l'image et à la vie privée de tous, y compris de ceux qui vivent dans la misère." Dans les colonnes du Parisien, les avocats Camille Auvergnas et Martin Vettes ne cachent pas leur satisfaction. Leur client, Félix (son prénom a été modifié), a reçu au mois de décembre un dédommagement d'un montant de 40.000 euros. Ce sans-abri parisien de 48 ans avait porté plainte contre le magazine Paris Match, dans lequel son visage était apparu en illustration d'un reportage sur la consommation de crack dans le métro. Une photo prise à son insu.

Les faits remontent au moins de janvier 2018. Plusieurs connaissances de Félix lui assurent l'avoir vu dans l'hebdomadaire. Le quadragénaire se procure le magazine et constate en effet qu'il apparaît sur une photo, prise à la station Marx Dormoy, dans le 18e arrondissement. Vêtu d'un bonnet bleu, il est accompagné de trois autres personnes et de son chien. Selon la légende de la photo, les intéressés, autour d'une flamme, allument une pipe à crack.

Félix décide alors d'attaquer le mensuel en justice pour faire retirer la photo du site internet de Paris Match et de l'application. Un cabinet d'avocat accepter de plaider sa cause. Pour l'avocate de la défense cependant, le plaignant n'était pas reconnaissable et la photo illustrait un thème de société.

Félix vivait avec 6000 euros annuels

Mais le tribunal a jugé que le cliché était contraire au respect de la vie privée et au droit à l'image, de même qu'il dévoilait "des informations sur (l')état de santé physique et psychique" du plaignant, la consommation de crack étant considérée comme une addiction.

En mai 2019, Félix gagne son procès et obtient 10.000 euros pour compenser le préjudice subi. S'y ajouteront 30.000 euros en décembre dernier, Paris Match ayant tardé à supprimer le cliché de son application.

Si Félix a déjà dépensé une partie du premier versement, après des péripéties bancaires, il a pu percevoir le reste de la somme dans une nouvelle banque. Félix touche actuellement avec le RSA et vit avec 6000 euros par an.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions