“Crises de larmes”, “pétages de plomb”, l’ambiance de travail est loin d’être au beau fixe pour les agents appartenant au ministère de l’Économie et des Finances. Dans un rapport, le syndicat Solidaires Finances Publiques déplore une dégradation marquée des conditions de travail des agents ces dernières années. Et en particulier à la DGFiP qui vit une réorganisation profonde de son réseau (fermeture de trésoreries…), avec le déploiement progressif jusqu’en 2022 du “Nouveau réseau de proximité”. Les causes du malaise sont multiples : intensification de l’activité, baisse des effectifs, réformes incessantes ou encore complexification de la législation fiscale.

Depuis sa création en 2008, la DGFiP issue de la fusion de la Direction générale des impôts (DGI) et de la Direction générale de la comptabilité publique (DGCP) n’a cessé de perdre des postes. Il y a 12 ans, elle comptait 125.500 emplois. Les effectifs devraient passer sous la barre des “100.000 personnes en 2020”, selon le rapport. Un chiffre à mettre en parallèle avec l’augmentation de la charge de travail. Par exemple, “entre 2008 et 2018, le nombre d’entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés a progressé de 54,5%”, précise le syndicat.

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De cette situation, d’inévitables tensions sont apparues. Selon le rapport, celles-ci sont accentuées au quotidien par un management, inspiré du secteur privé, axé sur la performance et souvent décorrélé de la réalité du le terrain. “De 2008 à 2014, il y a eu une volonté de travailler sur les conditions de travail, de se doter de moyens de prévention des risques (...), depuis il y a une véritable régression”, peut-on lire dans le document. Une dégradation telle qu’en 2019, deux cellules d’écoute psychologique, l’une pour les agents et l’autre pour les cadres ont été ouvertes 24h/24 et 7j/7.

“Plus le temps de penser”

Si la simplification administrative est un voeu pieux formulé par tous le décideurs publics, il n’en reste pas moins que la matière fiscale ne cesse de se complexifier. Une technicité, qui dans un environnement de travail dégradé, n’est pas facile à assumer pour des agents sous pression. Prélèvement à la source, mise en place du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), les réformes sont nombreuses et nécessitent une formation continue qui est jugée “insuffisante”. Pour pallier ce déficit, la direction a développé fortement la formation numérique (e-formation) ces dernières années, mais parfois les “modules sont non adaptés à l’attente” des agents, et jettent “bien des stagiaires dans le désarroi le plus total”.

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In fine, c’est la qualité du travail produit qui en pâtit. Même si les chiffres du contrôle fiscal annoncés par le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin sont en hausse - plus de 5,6 milliards de recettes sur les 9 premiers mois de l’année 2019 contre 4 milliards en 2018 sur la même période - les services travaillent à flux tendu. Selon le syndicat, le contrôle fiscal a perdu 450 vérificateurs sur la période 2012 - 2016, ce qui a augmenté la charge de travail. À tel point que certains agents “n’ont plus le temps de penser”.

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