Témoignage

La prépa littéraire, "une intensité intellectuelle que je n’avais jamais connue"

En prépa littéraire, vous aurez entre 30 et 40 heures de cours, des devoirs à la maison et des lectures complémentaires. (Illustration)
En prépa littéraire, vous aurez entre 30 et 40 heures de cours, des devoirs à la maison et des lectures complémentaires. (Illustration) © Adobe Stock/Voyagerix
Par Amélie Petitdemange, publié le 22 janvier 2020
5 min

Très convoitée, la prépa littéraire fait aussi l’objet d’appréhension. Charge de travail, ambiance, niveau… Une étudiante vous raconte ses années de prépa littéraire.

Attendez-vous à deux années riches en enseignements, qui vous feront progresser, et pour lesquelles il faudra fournir beaucoup de travail. La semaine est ainsi partagée entre 30 à 40 heures de cours, des devoirs à la maison et des lectures complémentaires.

Le rythme, les méthodes de travail et les attentes des professeurs seront différents de ce que vous avez connu au lycée. "J’étais bon élève, mais ça m’a fait tout drôle en arrivant en prépa. Ce n’est plus du 'par cœur', il faut construire une pensée qui t’appartient. Au lycée, on n’est pas préparé à réfléchir par soi-même. Il y a une intensité intellectuelle que je n’avais jamais connue avant et que je n’ai pas retrouvée après", témoigne Louise*, ex-étudiante d’une bonne prépa de la proche banlieue parisienne.

Selon elle, le programme est tellement riche que cela peut être frustrant. "Vous voulez prendre le temps de digérer ce qu’on vous donne mais ce n’est pas possible, il faut être efficace et rapide. On vous donne dix textes annexes, mais c’est à peine si vous avez le temps d’en lire deux…", regrette la jeune femme.

Travailler en groupe

Pour réussir en prépa, il faudra donc être très organisé, et savoir vous accorder des journées de repos. "C’est aussi essentiel de travailler en groupe. Si vous êtes un groupe de cinq, vous fichez chacun deux textes, et c’est comme si vous en aviez lu dix. Et humainement c’est important, car il y a des moments difficiles et il peut être facile de s’isoler", affirme Louise.

Pour la jeune femme, les périodes difficiles se situaient en janvier, "lorsque l’on sent l’épuisement général, une baisse de tension, alors que les concours blancs approchent" et l’entrée en khâgne, qui représente "une marche énorme en termes d’intensité de travail, avec un concours qui arrive dès le mois d’avril".

Marathon vers les concours

L’année de khâgne s’apparente à un "marathon" vers le concours de l’ENS. "C’est une grosse intensité à tenir sur la durée, il faut se préparer comme des athlètes. Les matières ont des coefficients égaux, donc vous ne pouvez rien laisser tomber. Le petit détail qu’on oublie, c’est de prendre soin de son corps, de bien manger, bien dormir et de se reposer pour ne pas tomber malade".

Une fois la ligne d’arrivée franchie, les étudiants ressentent comme un vide. "Vous réalisez que plus rien ne sera aussi stimulant intellectuellement. Pendant deux ans, vous ne pensez qu’à passer le concours de l’ENS, et quand c’est fait, vous ne savez plus vers quoi vous tourner. On a tellement la tête dans le guidon pendant la prépa, qu’on ne réfléchit pas à l’après", raconte Louise.

D'autres débouchés que l'ENS

En effet, environ 97% des étudiants de prépa littéraire n’intègrent pas l’ENS, et se tournent vers les nombreux autres débouchés possibles. Un "moment de creux" qu’il faut accepter avant de continuer sa carrière, rassure l’étudiant, qui a bifurqué vers une licence de lettres puis a intégré un théâtre national à Paris.

De ses années de prépa, Louise a gagné des connaissances et une exigence intellectuelle, mais il a aussi gardé un groupe d’amis soudés et échange toujours avec certains professeurs. "En prépa, vous sortez du scolaire pour établir avec vos professeurs une relation d’humain à humain, un partage de savoirs. C’est fort et enrichissant".

*Le prénom a été modifié.

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