Les astuces pour vivre avec un adolescent en confinement
Difficile pour tout le monde, le confinement l’est aussi particulièrement pour les adolescents. Cette cohabitation forcée amène des tensions, et c’est normal.
- Publié le 30-03-2020 à 07h00
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Le confinement pour réduire la propagation du Covid-19 est difficile pour tout le monde. Et tout particulièrement pour les adolescents. Eux qui ne sont plus des enfants dépendants, mais pas encore des adultes. À l’âge des premières amours et de l’interdépendance amicale, ils se retrouvent enfermés chez eux avec leurs parents.
Même si certains adolescents les tolèrent encore volontiers, d'autres ont plus de mal à passer beaucoup de temps avec les membres de leur famille. Tout dépend du tempérament de l'adolescent. Mais par nature, il a besoin de prendre progressivement le large. «Il y a un risque évident que le confinement exacerbe les tensions entre l'adolescent et ses parents, ou soit une source de conflit, explique la psychothérapeute Lisa De Noose. Chacun est fort sollicité dans ses capacités d'adaptation pendant cette période de confinement. Adultes et adolescents vont tous être moins patients parce qu'ils sont déjà mis à rude épreuve pour s'adapter à tout ce qui se passe.»
En tant que parent, il faut être attentif à ce que ressent son adolescent. Par exemple, comprendre qu'il en a marre et qu'il a envie d'être avec ses copains. «Plus on va lui reconnaître le bien-fondé de ce qu'il ressent et le nommer avec lui, plus on a des chances que ça se passe bien», précise Lisa De Noose.
Moments de solitude
Les adolescents ont besoin de petits moments de solitude. «C'est vital pour eux. Il n'y a que les petits qui ne ressentent pas encore beaucoup ce besoin de pouvoir être seul.» Des moments pour être tranquille, sans devoir parler, écouter, ni tenir compte de tout le monde. Ça fait partie des besoins d'un adolescent. Mais aussi de l'adulte. Le parent ne sait pas être un bon parent s'il néglige trop ses propres besoins. Même si cette période de confinement n'est pas évidente, avec la présence permanente des autres membres de la famille. Le parent doit pouvoir exprimer aussi ses besoins, de calme par exemple, à ses enfants.
Indulgence
En tant que parent, il ne faut surtout pas trop se mettre la pression et voir au jour le jour. «Dans l'exercice de la parentalité, que ce soit en période de confinement ou pas, c'est important de se permettre de patauger un peu. Essayer, tenter une façon de faire et voir à quel point ça fonctionne ou pas. Puis réadapter en fonction de ses enfants et de soi», dit Lisa De Noose. Cette situation de confinement est inédite pour tout le monde.
Pendant le confinement, il ne faut pas laisser les adolescents s'isoler derrière les écrans pendant des heures. «Psychologiquement et socialement, la surconsommation des écrans est extrêmement délétère», explique Lisa De Noose, psychothérapeute. Même si c'est attrayant pour l'adolescent. Il y a beaucoup de moments creux: forcément, les écrans facilitent la vie. Mais les surconsommer isole. «L'excès d'écrans isole des autres et de ses ressentis. Plongés dans un univers virtuel, les adolescents sont loin du contact à leurs propres émotions et ça les prive de les identifier. Et donc, ils n'arrivent pas à les gérer psychiquement.»
Par exemple, ils n’identifient pas qu’ils ressentent du stress parce qu’ils sont concentrés dans le virtuel. Ce qui peut amener à des angoisses ou des colères qui ne semblent pas s’expliquer.
Pas que ça
Les écrans ne peuvent pas être bannis, mais il est important d'en faire une activité parmi d'autres. Si l'adolescent veut jouer, et même un peu plus que d'habitude, pourquoi pas? Mais qu'il ait aussi des activités plus sportives, de lecture ou de créativité en tout genre. «Il faut essayer de les aider à diversifier leurs activités et ne pas tout centraliser derrière leur ordinateur.» Et les encourager à garder contact avec leurs amis. Distance sociale ne veut pas dire qu'on se déconnecte émotionnellement.
L’adolescent doit pouvoir continuer à entretenir ses amitiés. Il ne faut pas limiter l’accès à leur smartphone pour discuter par message ou vidéo. Être relié à leurs pairs, c’est essentiel pour les adolescents.
Les adolescents n’ont pas le même rythme qu’à l’école. Il faut les aider à planifier ce qu’ils ont à faire. Et le répartir sur chaque journée.
Comme pour les plus jeunes, l’adolescent a besoin d’une structure dans la journée. Et de différencier les jours de la semaine des week-ends. Il faut savoir considérer avec votre enfant à quel moment il va faire son travail scolaire. Sans être excessif dans la rigidité du cadre.
Ils sont plus grands, ils peuvent aussi être plus autonomes. «Si on veut trop rigidifier les choses, on risque de rentrer dans la confrontation», explique Lisa De Noose. Leur travail scolaire à distance ne remplit pas des journées complètes de cours. L'idée, c'est de les responsabiliser et les aider à s'organiser. La planification reste difficile, même pour un grand.