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Amazon finance une étude sur l'impact du e-commerce

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Amazon finance une étude sur l'impact du e-commerce

Consommation, emploi, commerce, écologie, environnement: une étude européenne sur le e-commerce, financée en partie par Amazon, veut tordre le cou à certaines idées reçues afin de montrer les vertus de la vente en ligne.

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Par Vincy Thomas,
Créé le 13.04.2021 à 15h14

LSA publie un rapport réalisé à partir d'une étude sur l'impact du e-commerce, qualifiée d'indépendante, menée par le cabinet Oliver Wyman avec le soutien de l’Université de St Gall et commandée par... Amazon. "Cette étude est effectivement payée en partie par Amazon. Ce qui nous a permis de faire une étude avec une très grande transparence. Ce que personne n’a réalisé auparavant!" plaide Mehdi El Alami, associé du cabinet, qui se fonde sur les statistiques officielles jusqu’en 2019 et sur des données publiquement accessibles.

Cependant, cette étude semble quand même très favorable au e-commerce, tant d'un point de vue économique et social, qu'écologique.

Economie: Le e-commerce en plus forte croissance

"En moyenne, le commerce physique (ou hors ligne) est en croissance dans les huit pays étudiés. Le e-commerce progresse plus rapidement, mais ne représente encore que 11% du total des ventes. Le total des ventes (réalisées en magasin ou en ligne) a augmenté de 2% par an entre 2010 et 2019 pour atteindre 2189 milliards d’euros. Le e-commerce progresse plus rapidement que le commerce hors ligne dans tous les pays étudiés, mais ne représente encore que 11% du total des ventes dans les huit pays en 2019 (soit 251 milliards d’euros), contre 4% en 2010 (73 milliards d’euros)." Par ailleurs, depuis 2010, les chaînes de magasins ont gagné cinq points de pourcentage du total des ventes physiques dans les huit pays étudiés pour en atteindre 62% en 2019. Ces chaînes représentent également 20% de la croissance des ventes en ligne entre 2010 et 2019.

Emploi: davantage de logistique, moins de vendeurs

"Dans l’ensemble, le e-commerce comme le commerce physique ont créé des emplois de façon régulière sur les dix dernières années. En base nette dans les huit pays étudiés, l’emploi direct dans le commerce a augmenté de 1,3 million entre 2008 et 2018. Parmi ces emplois, 300000 environ relevaient du e-commerce et 1 million du commerce physique. En outre, un emploi direct dans le e-commerce nécessite 1,2 emploi indirect supplémentaire pour la gestion de la logistique et des livraisons. Un emploi direct dans le commerce physique s’accompagne de 0,2 emploi indirect en logistique. L’achat de produits en ligne nécessite autant de main d’œuvre que les achats hors ligne."
Le rapport souligne que le e-commerce crée davantage d’emplois dans le secteur de la logistique et moins dans la vente au détail. Mais l'étude ne démontre pas le nombre d'emplois détruits par le e-commerce et ne calcule pas le nombre d'emplois créés ou détruits en parallèle, ni même la valeur quantitative et vertueuse d'un commerce physique dans son territoire.


Commerces: des inégalités selon les territoires

Le nombre de points de vente diminue (-0,9% par an entre 2005 et 2019) mais leur taille moyenne augmente, avec pour conséquence une surface commerciale totale stable dans les huit pays européens étudiés (+0,3% par an entre 2005 et 2019). "Les variations du commerce physique semblent avant tout influencées par le dynamisme démographique et économique local (population, niveau de richesse, importance du tourisme) qui fait l’attractivité des villes.
Les grandes villes avec des taux d’achat en ligne supérieurs à la moyenne, comme Londres, Paris ou Hambourg, affichent une stabilité ou une croissance du commerce de détail. Les villes de taille moyenne ou plus petites qui ont une population plus aisée et en augmentation affichent des tendances supérieures à la moyenne en matière d’évolution de points de vente et d’emplois, ainsi qu’une fréquence plus élevée d’achats en ligne. En revanche, les villes de taille moyenne ou plus petites et les banlieues qui affichent une population en baisse et dont le revenu est inférieur à la moyenne affichent à la fois une baisse du commerce physique et une fréquence des achats en ligne inférieure à la moyenne.
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Autrement dit, le commerce indépendant souffre au profit des centres commerciaux ou flagships en centre-ville et du e-commerce.

Ecologie: le e-commerce serait plus vert

Selon l'étude, "La vente physique de produits non alimentaires génère entre 1,5 et 2,9 fois plus de CO2e que le e-commerce." Dans la situation la plus courante (dans laquelle un consommateur se rend en voiture dans un magasin, achète un produit et ne le retourne pas), le déplacement en voiture vers un magasin physique génère entre 3 et 6 fois plus de CO2e que l’achat en ligne d’un produit non alimentaire: "Dans ce cas, en moyenne à l’échelle européenne, les émissions sont de 4 100 g de CO2e pour le déplacement en magasin et de 900 g de CO2e pour la commande en ligne. Dans le «cas moyen», qui reflète la moyenne des différentes situations existant dans la réalité, les achats réalisés en magasin génèrent entre 1,5 et 2,9 fois plus de CO2e par produit vendu que les achats réalisés en ligne."

"Les différences entre les catégories de produits sont principalement liées à la productivité des magasins, aux distances de déplacement vers ceux-ci, aux taux de retour et au poids des emballages" précise le rapport. Ainsi l’achat d’un livre dans un magasin physique produit en moyenne 1,6 fois plus d’émissions que l’achat en ligne. Pour un vêtement, le multiple est de 2,9. "Dans les huit pays pris dans leur ensemble, les émissions de CO2e sont équivalentes pour l’achat d’un livre ou d’un produit électronique grand public en ligne ou dans un magasin physique auquel on accède à pied (environ 700 g de CO2e dans chaque cas)."
Le rapport indique malgré tout une variation selon les pays qu'"Il existe des disparités entre les pays, les zones et les catégories de produits. A noter que la France affiche un des plus faibles impacts avec 400g en commerce en ligne et à peine 600 g en magasins physiques".

Enfin, les principaux facteurs expliquant cette différence sont la consommation d’énergie des bâtiments (160g de CO2e pour les achats en ligne et 1 200 g de CO2e pour les achats hors ligne), le transport sur le dernier kilomètre (200 g de CO2e pour les achats en ligne et 600g de CO2e pour les consommateurs qui se rendent en voiture dans un magasin physique) et l’emballage (100g de CO2e en plus pour les achats en ligne).

Environnement: le e-commerce serait moins destructeur

"Le e-commerce permet d’éviter 4 à 9 fois le trafic qu’il génère par ailleurs. Les livraisons du e-commerce vers les consommateurs représentent 0,5% du trafic routier total dans les zones urbaines, alors que le commerce physique est à l’origine de 11% du trafic. Ces chiffres sont tirés d’analyses couvrant les agglomérations de Paris, Berlin et Londres. En région parisienne par exemple, le commerce physique (y compris le réapprovisionnement des magasins et le déplacement des consommateurs vers les magasins) génère 4,7 fois plus de trafic par unité de vente que les livraisons e-commerce. Dans l’ensemble, les livraisons du e-commerce se substituent aux déplacements des consommateurs vers les magasins et permettent d’économiser entre 4 et 9 fois le trafic qui serait sinon généré par ces achats."

Cependant, l'étude englobe l'ensemble des agglomérations alors qu'il faudrait un décompte plus précis selon la densité urbaine et les moyens de transports utilisés. Dans Paris, le trafic routier ne représente même pas 5% des déplacements quotidiens des habitants selon le dernier rapport de l'OMNIL, contre 65% pour la marche, qui n'émet pas de pollution.

Enfin, le rapport s'attaque à une autre critique contre le e-commerce: l'artificialisation des sols en Europe, qui selon l'étude, ne réprésente même pas 0,3%. "L’utilisation globale de terrain est plus importante pour le commerce physique que pour le e-commerce quand on tient compte des surfaces utilisées pour la logistique, la vente et le stationnement. La logistique occupe moins de 1,5% du total des terrains artificialisés. Le e-commerce représente 12% de la superficie construite totale utilisée pour la logistique en France, 9% en Allemagne et environ 20% au Royaume-Uni. (...) La superficie occupée par le e-commerce augmente de 13 à 17% par an, proportionnellement à l’augmentation du chiffre d’affaires de ce dernier."

Si le e-commerce nécessite deux à trois fois plus d’espace pour la logistique, il ne nécessiterait aucune surface de vente et beaucoup moins d’espace de stationnement. La localisation des entrepôts peut également avoir une incidence indirecte sur l’impact en matière de CO2e mais "le développement des villes européennes a progressivement éloigné les entrepôts des centres-villes en raison de la pression immobilière, des politiques d’aménagement du territoire et de la recherche d’économies d’échelle."

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