“Voilà ce que ça fait de se voir nue sans son consentement": une streameuse victime de deepfake pornographique

À l’aide de la technologie “deepfake”, le visage de l’Américaine de 28 ans a été apposé sur le corps d’une actrice de films pornographique.

Dans un témoignage saisissant partagé sur la plateforme de livestream Twitch, Blaire - son vrai nom - décrit le cauchemar dans lequel elle se retrouve aujourd'hui. “Tout le monde me le déconseillerait sans doute, mais je veux quand même passer en direct maintenant pour montrer à quoi ressemble la douleur. J’emmerde Internet. J’emmerde l’exploitation et l’objectivation constantes des femmes. J’emmerde les gens qui me transmettent des photos de ce site en messages privés. C’est terriblement épuisant.”

“Voilà ce que ça fait de se sentir violée et de se voir nue sur Internet sans son consentement. Je vais traîner celui qui a créé ce site devant le tribunal. Je le jure.”

L’affaire a été révélée (sans le vouloir) par un autre streameur connu sous le pseudo d’Atric. Alors qu’il était en live sur sa chaîne Twitch, ce dernier a partagé l’image de son écran sans se rendre compte que son navigateur affichait un onglet menant au site controversé. Une brève apparition chez ses milliers d’abonnés qui a généré un immense trafic vers le site en question.

L’Américain s’est par la suite excusé pour son comportement, en avouant qu’il avait payé pour regarder deux vidéos en particulier. Mais pour Blaire, l’amitié qu’ils partageaient est aujourd'hui terminée. “Les dommages sont irréparables.”

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QTCinderella est loin d’être la première à devoir faire face au deepfake porn. Des célébrités comme Scarlett Johansson, Billie Eilish ou encore Emma Watson l’ont précédée, et d’autres personnalités féminines de Twitch en ont également été victimes auparavant.

“Je choisis consciemment de ne pas travailler dans l’industrie du sexe et de ne pas toucher des millions d’euros”, a déclaré la Britannique Sweet Anita. “Mais le premier accro au porno capitalise maintenant sur mon corps. Je me suis vue me tordre dans des positions auxquelles je n’aurais jamais consenti. Des images horribles. Dois-je en pleurer ou en rire? Ou casser des choses? Je ne sais même pas comment réagir.”

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Un sentiment partagé par la streameuse Maya Higa. “En 2018, j’étais ivre lors d’une fête et un homme m’a utilisée pour sa satisfaction sexuelle. C’est considéré à juste titre comme un viol. Aujourd'hui, des centaines d’hommes se servent de moi pour leur plaisir, mais ma plainte est soudainement remise en question. Ce n’est pas un hasard si ce débat est essentiellement mené par des hommes.”

“Je suis sur Twitch depuis trois ans maintenant. Au cours de cette période, je n’ai jamais fait de contenu à caractère pornographique. Mais pendant ce temps, on me vole mon visage pour faire de moi un objet sexuel. Mon nom apparaît en grosses lettres au-dessus d’une vidéo que des milliers de personnes commentent. Vous trouvez que j’exagère? Alors, ça signifie que vous faites vous-même partie du problème. Je me sens salie, vulnérable et agressée - des sentiments que je ne connais malheureusement que trop bien.”

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Sur le plan juridique, la technologie deepfake se situe encore dans une zone floue aux États-Unis. Les auteurs de ce type d’infractions n’ont pas grand-chose à craindre pour l’instant. Cependant, les dommages psychologiques subis par les victimes peuvent être particulièrement graves, selon une étude de 2019. “Elles se sentent humiliés et développent des sentiments d’anxiété. Que l’auteur agisse par ennui ou qu’il veuille délibérément faire du mal à son ex, l’effet reste le même”, conclut le rapport.

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