The Edible Toadstool Orchestra - Hairy Tales

Chronique CD album (44:24)

chronique The Edible Toadstool Orchestra - Hairy Tales

Les crusties ont leur préfixe en Dis-, les nawakiz leur suffixe en -Ochestra. Sans doute les a-t-on déjà énumérées ici-même par le passé, mais réactualisons donc le listing de ces formations qui ont le riff hilare, Monique (... vous l'avez ?) : Diablo Swing Orchestra, The Big Royal Kunamaka Orchestra, Vladimir Bozar 'n' Ze Sheraf Orkestär, High Castle Teleorkestra, puis en assouplissant un peu la définition de la nawakitude, Cilice Orchestra et Disharmonic Orchestra. Sans oublier bien sûr Trollfest & les Orques Extras (… non ?). Ça en fait quelques-unes déjà, mais ça laisse quand même de la place pour d’autres spécimens. Et justement, surgis du fond de la nuit normande, quatre cavaliers courent vers l’aventure What-Da-Fuck Metal au galop. The Edible Toadstool Orchestra, qu’ils s’appellent, leur totem étant un oxymoresque champignon tout à la fois comestible et vénéneux. Et pour le coup pas besoin de contorsions pour faire rentrer ces joyeux lurons dans la grande famille du Nawak Scibidibop Metal – même si eux parlent de « Groovy Fun Metal & co », les coquins – car on trouve ici tout ce qui fait le sex-appeal de cette chapelle bigarrée : humour, ambiances cabaret & cirque barré, funk’n’jump’n’groove, fusions improbables et rayons de soleil se reflétant sur de chatoyants costumes d’Arlequin.

 

… Et vous n'avez pas tout vu : attendez donc que je vous extraie des échantillons de la pléthorique playlist que les zazous recommandent à leurs disciples. On se croirait à la maison : Psykup, Schrodinger, 6:33, Pin-Up Went Down, City Weezle, Osaka Punch, Kontrust, Thumpasaurus, Breakfast Epiphanies, Five Alarm Funk, Fjokra, Ninjaspy, Stolen Babies, Polkadot Cadaver, Thank You Scientist… Et je pourrais facilement en tartiner encore trois bonnes lignes de noms tout aussi pom’pélop !

 

Est-il possible d’être plus en phase musicalement avec un lapin jaune ? Je ne crois pas…

 

Sur leur carte de visite, ces psycho-mycophages se réduisent à la simple formule TETO (leur petit acronyme à eux) = SOAD + Tim Burton + Shakira. Or cette égalité donne une meilleure idée du ton que du son, parce que Shakira, comment dire… Pas de reprises de « Waka Nawaka » ni de « Whenever, Ouais rêveur ! » sur les trois quarts d’heures que dure leur 1er album. En revanche la probabilité de l’existence d’un jumelage Rouen-Erevan est effectivement très haute tant on trouve de similitudes entre les Bretons et les Califonarméniens – le rapprochement étant suffisamment évident pour que les noms de Spellbound Dazzle et Viza, deux autres formations très SOADiennes, nous viennent également à l’esprit au cours de l'écoute de Hairy Tales. Bien que lacunaire, l'équation édictée en début de paragraphe serait donc foutrement alléchante si l'on ne relevait sur leur acte de naissance ce genre de fausses notes que l’on aborde, gêné, dans un paragraphe « Oui mais… ». Sautons donc quelques lignes et attaquons-nous à la partie désagréable de la chronique.

 

Hairy Tales est source de nombreux plaisirs : on l’a suggéré ci-dessus, et on le réaffirmera encore un peu plus loin. Néanmoins le groupe a encore un vrai potentiel de progression dans certains domaines. Notamment au niveau de cette touche indubitablement Frenchy qui le rapproche plus des Cool Cavemen, Sebkha-Chott et autres Aspirateur de Langues que des stars internationales du genre. À quoi cela tient-il ? C’est surtout un feeling intangible, un je-ne-sais-quoi qui trouve ses probables origines dans 1) un son tout à fait honnête mais néanmoins « maison », qui pourrait sans doute bénéficier d’un coup de baguette magique dans l'un de ces studios pleins de néons et d'Awards encadrés sur les murs 2) un chant pas toujours au niveau des prestations instrumentales. Pourtant Antoine y met de la conviction et de l’énergie, mais quelques placements semblent parfois un peu brouillon, tandis qu’il manque souvent au gaillard cette présence, cette chaleur, ce magnétisme des grandes voix habitées.

 

Mais mettons de côté les jérémiades pour voir le verre à moitié – que dis-je, au neuf dixièmes ! – plein. Car cet album est habité par deux guitares inventives et malicieuses, ainsi que par une basse au galbe truculent (… bien qu’elle soit l’œuvre du logiciel Shreddage Abyss – tu le crois ça !?). Et parce que les dix compos qu’il propose sont toutes alléchantes, à des degrés certes divers mais jamais avariés. Dans le very best-of of the poilantes stories figure « On Black Fur'Day », qui met le temps à sortir de sa torpeur initiale, mais qui pique et sautille ensuite avec une belle vigueur. On plébiscitera également un « Wiz’Doom » doté d’une grosse basse, de belles échappées mélodiques, de trépidations Ska et d’une grosse mosh part qui ratatine méchamment à mi-parcours. Ainsi qu'un « To Bed ! Too Bad… » au groove proéminent qui fait snapper des fingaz, et qui voit Antoine devenir beaucoup plus convaincant. On pourrait encore évoquer la Carnaval Metal do Brazil de « Go£d€n Ball($) » ou ces autres accents latino pris sur un « MinetoCORP » en partie cuivré… Mais un Top 5 sur 10 morceaux, ça finit par faire un peu Ecole des Fans !

 

C’est donc avec un plaisir sincère que l’on accueille The Edible Toadstool Orchestra dans la grande famille bondissante du Nawak Metal françois. Et l’on se dit que, décidément, avec tous ces groupes aussi talentueux que décalés, il serait temps qu’un petit festoche de niche se décide à piocher dans ce vivier pour nous concocter des affiches aussi affriolantes que frapadingues, nom de nom ! Perso’ je n’ai pas de vieil oncle richissime sur le point de me léguer son héritage, donc ça va être compliqué d'organiser tout ça… Personne avec de vieux parents rentiers que le Covid aurait méchamment secoués pour relever le défi parmi les lecteurs ?

 

 

Hairy Tales : un album à écouter dans une fête foraine, en mangeant des tartines d’amanites tue-mouches arrosées de sangria (… @copyright mon auguste confrère Pingouins).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Hairy Tales est le pétillant premier album de The Edible Toadstool Orchestra, nouvelle sensation Nawak hexagonale qui fait brillamment honneur à ses aînés. Accrocheur, farceur, fusionneur et haut en couleurs, leur quartier général est fait de matières premières manifestement empruntées à SOAD, aux Cool Cavemen et à City Weezle… Du solide, donc !

photo de Cglaume
le 09/12/2022

11 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 09/12/2022 à 09:17:42

Mais c'est que ça m'a l'air miam miam tout ça!
Pour le futur "What The Fest", c'est un projet à monter à plusieurs évidemment ! ;)

cglaume

cglaume le 09/12/2022 à 09:20:51

Haha, le nom du fest est déjà trouvé : parfait 🤘😁

En plus une affiche “warm up” est déjà prévue avec Diablo Swing Orchestra et 6:33 à Paname début février 🤩🤩

Xuaterc

Xuaterc le 09/12/2022 à 21:15:25

Tu as oublié le Nelson Monfort Orchestra

cglaume

cglaume le 09/12/2022 à 21:23:07

Haha, mais je ne connais pas du tout 😅 Je devrais ?

Xuaterc

Xuaterc le 10/12/2022 à 09:57:52

Comme disent mes amis complotistes, "Fais tes propres recherches!"

Xuaterc

Xuaterc le 10/12/2022 à 10:15:50

https://www.discogs.com/artist/1945590-Nelson-Monfort-Orchestra

cglaume

cglaume le 10/12/2022 à 11:30:48

Ça m’a l’air de la même famille que Tina Turner fraiseur 😂

el gep

el gep le 10/12/2022 à 14:25:29

Nelson Monfort Orchestra !!! Toute une époque !
Que de souvenirs (voix tremblotante de vieillard)... mais me souviens plus de tout...

...si t'as vraiment vécu les années 00, tu ne t'en souviens plus.

Xuaterc

Xuaterc le 10/12/2022 à 18:07:53

Il s'est passé quoi dans les années 00?

el gep

el gep le 11/12/2022 à 21:36:58

Je sais plus.
Des trucs, non?

Pingouins

Pingouins le 11/12/2022 à 23:37:00

@Xuxu : "Il s'est passé quoi dans les années 00?"

Ekkaia.

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