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Littérature

Le Dit du Genji illustré

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 21 novembre 2023 - 340 mots

Au tout début du XIe siècle, près de 700 ans avant que Madame de La Fayette ne décrive les subtilités de l’amour tourmenté entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours à la cour des Valois, au Japon, une poétesse dame de la cour, Murasaki Shikibu compose Le Dit du Genji, où elle raconte la quête amoureuse et politique du prince Genji le radieux, dans l’atmosphère raffinée de la cour impériale de Heian, l’actuelle Kyoto.

Dit Genji traduction de Rene Sieffert, introduction et commentaires de Estelle Leggeri-Bauer © Éditions Diane Selliers
Le Dit du Genji traduction de René Sieffert, introduction et commentaires des œuvres d’Estelle Leggeri-Bauer, 1 312 p., 165 €.
© Éditions Diane de Selliers

Considéré comme le premier roman psychologique du monde, jalonné de quelque 800 poèmes exprimant les mouvements les plus subtils de l’âme des héros, ce chef-d’œuvre de la littérature japonaise inspire les artistes dès le XIIe siècle. Il donne même naissance à un véritable courant pictural, les genji-e, « images du Genji », où des personnages aux chevelures ondoyantes et aux visages épurés éprouvent l’amour, s’émeuvent, se regardent, rusent et s’affrontent, dans des paysages raffinés aux couleurs chatoyantes. Fruit de sept ans de recherches iconographiques, Le Dit du Genji publié dans un coffret de trois volumes par les Éditions Diane de Selliers, présente en regard du texte quelque 520 œuvres en couleurs du XIIe au XVIIe siècle parmi les plus remarquables (rouleaux, pages d’albums, paravents, kakemonos ou éventails), retrouvées au sein des collections impériales et de monastères japonais, ainsi que de musées internationaux, de fondations et de collections privées du monde entier. L’intégralité des plus anciens fragments de rouleaux du XIIe, classés « trésors nationaux » au Japon, est reproduite au sein de cet ouvrage de référence magnifique. Commentées par Estelle Leggeri-Bauer, directrice du département d’études japonaises à l’Inalco et spécialiste de la peinture narrative japonaise, les œuvres nous ravissent et invitent à se délecter des personnages si délicats de la cour impériale de Heian, à entendre leurs chants, leurs soupirs, leurs cris, dans un monde où la lune, le vent et les montagnes sont omniprésents. Publié en 2008 et distingué par le ministère de la Culture japonais, cet ouvrage en trois volumes est réédité à l’occasion de l’exposition consacrée au Dit du Genji par le Musée Guimet.

« Le Dit du Genji »
traduction de René Sieffert, introduction et commentaires des œuvres d’Estelle Leggeri-Bauer, 1 312 p., 165 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Le Dit du Genji illustré

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