Après un été particulièrement perturbé sur les marchés financiers, et en particulier sur les bourses mondiales, l’automne s’annonce également extrêmement chahuté. Graves difficultés financières pour le géant chinois Evergrande, fort ralentissement de l’économie chinoise, poursuite des risques inflationnistes des deux côtés de l’Atlantique, élections législatives allemandes du 26 septembre… À l'évidence, les risques sont nombreux et les marchés financiers (CAC 40, Nasdaq,...) sont clairement entrés dans une nouvelle phase de turbulences.

Devant ces dangers, plusieurs questions essentielles se posent et notamment : Comment protéger son épargne ? Et vers quels types de placements faut-il orienter cette dernière pour ne pas trop souffrir du retour de l’inflation ? Car, ne l’oublions pas : plus l’inflation augmente, plus le pouvoir d’achat de son épargne baisse. Face à cette douloureuse et incontrôlable dépréciation, certains n’ont pas hésité à conseiller d’investir massivement vers le bitcoin et les cryptomonnaies. L’extrême volatilité de celles-ci, en particulier depuis le printemps dernier, rappelle qu’il ne faut jamais trop s’éloigner du bon sens.

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Et pour cause : ces produits ne sont contrôlés par aucune autorité de supervision et peuvent s’effondrer en quelques jours à la suite d’une malheureuse déclaration d’un patron d’entreprise ou d’un dirigeant d’un Etat. De plus, comment peut-on faire des prévisions sur ces produits qui ne disposent d’aucun soubassement économique et qui fluctuent uniquement en fonction de l’offre et de la demande ? Autrement dit, il n'est pas possible pour un économiste ou un gérant raisonnable de conseiller d’acheter du bitcoin et des cryptomonnaies, sauf pour ceux qui aiment les sueurs froides et n’ont pas peur de perdre leurs économies.

Faut-il alors investir sur les marchés boursiers ? En effet, tant que l’inflation n’explose pas durablement au-delà des 4,5 %, elle constitue souvent un bon moyen pour les entreprises d’améliorer leurs marges. Or, qui dit profits augmentés dit bourses bien orientées ! Ce raisonnement pèche néanmoins par trois voies principales.

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Primo, les marchés boursiers n’ayant absolument pas souffert de la récession de 2020 et des risques de 2021 (principalement grâce au soutien extravagant des banques centrales), leurs cours actuels apparaissent beaucoup trop élevés au regard des fondamentaux économiques. Autrement dit, les bourses sont toujours dans une bulle massive qui ne tardera pas à se dégonfler. D’autant que, secundo, l’augmentation de l’inflation va freiner la reprise, risquant par là même de décevoir les espoirs sur les profits de 2021 et 2022. Tertio, la reflation provoquera une tendance durable de tension des taux d’intérêt des obligations d’Etat, ce qui ne manquera pas de déprimer encore un peu plus l’activité économique et les marchés boursiers. Bref, la prudence devra rester de mise et il faudra favoriser les stratégies d’aller-retour sur les marchés actions.

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Parallèlement, compte tenu de l’augmentation à venir des taux d’intérêt des obligations, il est primordial de délaisser les dettes publiques, notamment des pays développés, en particulier de la France et des pays du Sud de l’Europe. Idem pour les titres de dette privée, sauf à bénéficier d’une grosse prime de risque et uniquement pour des entreprises viables sur le moyen terme.

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Face à ces dangers, il pourrait alors être tentant de se focaliser sur l’immobilier. En effet, la pierre constitue une valeur refuge sur longue période, d’autant que lorsque les prix à la consommation augmentent, ceux de l’immobilier font généralement de même. Le seul problème est que l’immobilier français est aujourd’hui trop cher comparativement aux revenus des ménages. Et si jusqu’à présent cette bulle a pu être contournée grâce à la faiblesse des taux d’intérêt des crédits, il est clair que l’augmentation récente et à venir de ces derniers va siffler la fin de la récré et remettre les pendules à l’heure. Une baisse des prix immobiliers est donc plus que probable dans la plupart des grandes villes de l’Hexagone.

Faut-il alors acheter des matières premières ? Un peu, mais pas trop. D’une part, parce que les cours de ces dernières ont fortement augmenté depuis un an et demi. D’autre part, parce qu’après la reprise de rattrapage de 2021, la croissance mondiale va mécaniquement ralentir, notamment à cause de l’augmentation de l’inflation et des taux d’intérêt obligataires, ce qui freinera, voire inversera la flambée des cours des matières premières d’ici la fin 2022.

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Pour être sûr de pouvoir protéger efficacement son épargne contre l’inflation, il paraît donc plus astucieux de favoriser trois autres valeurs refuges. Premièrement, l’or et les métaux précieux au sens large. Certes, depuis quelques mois, le métal jaune se stabilise autour des 1.750 dollars l’once et ne parvient pas à profiter des tensions inflationnistes. Il faudra donc en avoir en portefeuille, sans pour autant y investir toutes ses économies.

Deuxième valeur refuge aguerrie aux crises et à l’inflation, le franc suisse peut également constituer une bonne alternative. Mais là aussi, la prudence doit rester de mise, car, comme pour toutes les devises, des secousses pourraient se produire au gré des évolutions de l’inflation et de la croissance mondiale.

Enfin et troisièmement, après avoir connu quelques années de traversée du désert compte tenu de la faible inflation à travers le monde pendant une décennie et a fortiori en 2020, les obligations indexées sur l’inflation (OII) ont désormais le vent en poupe. En effet, elles constituent les meilleures protections contre l’inflation pour la bonne et simple raison que le principal et les intérêts de ces obligations varient en fonction du taux d’inflation. Autrement dit, plus l’inflation se tend, plus la valeur et le coupon de vos OII augmentent.

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Dans tous ces cas, il faudra néanmoins rester prudents : après plusieurs années dopés à la morphine des banques centrales et une année complète sous perfusion totale, les marchés financiers vont progressivement retrouver un monde normal et risquent de se réveiller avec la ‘gueule de bois’, ce qui pourrait aggraver les tensions et la volatilité. En d’autres termes : attention aux secousses et aux mauvaises surprises ! Alors, peut-être un dernier conseil : Carpe Diem ! Après avoir été privés pendant plus d’un an, profitons de l’instant présent et consommons tant que nous le pouvons…

Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI

Son nouveau livre RESET - Quel nouveau monde pour demain ? est en tête des ventes des essais économiques depuis sa sortie le 2 septembre 2020

Marc Touati

Retrouvez toutes ses vidéos sur sa chaîne YouTube. Dont la dernière, "Marchés financiers : attachez vos ceintures !"