Thylédis : Thierry Lefebvre, ex Sanofi, lutte contre les conséquences néfastes des déserts médicaux Thylédis : Thierry Lefebvre, ex Sanofi, lutte contre les conséquences néfastes des déserts médicaux Thylédis : Thierry Lefebvre, ex Sanofi, lutte contre les conséquences néfastes des déserts médicaux
Biographie

Thylédis : Thierry Lefebvre, ex Sanofi, lutte contre les conséquences néfastes des déserts médicaux

Publié le 14 novembre 2022,
par VisionsMag.
Partager
()

Aujourd’hui en France, on évalue le nombre de médecins à 226 859, dont 102 169 médecins généralistes, pour 67 millions d’habitants. Leur dispersion dans les villes et les campagnes n’est pas homogène : l’accès aux soins n’est donc pas le même suivant les territoires. Pour Thierry Lefebvre, ancien directeur général de Sanofi Algérie et ancien directeur des opérations “Solutions Santé” de Sanofi France, c’est “un problème sanitaire et sociétal de la plus haute importance”, puisque certaines régions sont totalement dépourvues d’établissements de soins et de professionnels de santé. C’est ce que l’on appelle les déserts médicaux.  

Qu’est-ce qu’un désert médical ? 

Une zone est considérée comme désert médical lorsqu’elle est définie comme tel par l’Accessibilité potentielle localisée (APL). Cet indicateur – conçu par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) – a pour objectif de déterminer les déserts médicaux afin de concentrer et favoriser les investissements dans ces territoires. Thierry Lefebvre se sert constamment de cet indicateur lors de ses activités professionnelles. Président de Thylédis – Le Corner médical, une société aquitaine, depuis maintenant deux ans, il constate quotidiennement le manque d’infrastructures en Dordogne et en Corrèze. Le premier critère à prendre en compte est la proximité du médecin, c’est-à-dire son accessibilité en moins de vingt minutes. Le second concerne la disponibilité de ce dernier : c’est le nombre de consultations qu’il effectue par an, ainsi que sa faculté à accepter de nouveaux patients. Enfin, son activité et les besoins de la population locale selon les âges sont pris en compte. 

Ainsi, un seuil de disponibilité est déterminé : 2,5 consultations/an/habitant. En dessous de ce chiffre, la zone est considérée comme “sous-dense”, et donc comme un désert médical. En 2020, le Sénat a écrit un rapport sur ces zones, et a évalué le nombre de français y vivant : c’est entre 6 et 8 millions de personnes qui n’ont pas accès aux soins de manière continue. 


Quelles en sont les causes et les conséquences ? 

Thierry Lefebvre est conscient qu’il n’y a pas qu’une unique raison au manque de personnel de santé dans certaines régions : “le problème a deux sources principales”. Selon lui, la première est structurelle : le nombre limité d’étudiants en médecine passant en deuxième année. C’est le numerus clausus. Depuis 1971, un nombre “fermé” d’étudiants avait la possibilité de passer à l’année supérieure à la fin de la PACES (Première année commune aux études de santé). Comme un quota. Depuis 2021, ce numerus clausus a été supprimé, mais l’on ne verra le nombre de médecins augmenter qu’à la fin de leur cycle universitaire, c’est-à-dire en 2030. La seconde raison est sociale : Thierry Lefebvre explique que de nombreux médecins restent dans les territoires les plus attractifs – tant du point de vue de la croissance démographique que des équipements – pour exercer, et très peu acceptent de déménager “au risque de ne pouvoir concilier vie privée et vie professionnelle”. 

Ce manque de médecins dans certaines régions ou départements – comme le Cher, la Creuse ou le Haut-Var – a un réel impact sur les particuliers. Les personnes âgées, par exemple, n’ont pas forcément la possibilité ou la capacité de se déplacer librement en voiture ou même dans les transports en commun. Or, la difficulté à trouver un nouveau médecin les force à parcourir de longues distances. Les conséquences sont, pour Thierry Lefebvre, intolérables : “à terme, beaucoup renoncent à se faire soigner”. 

L’Etat a bien entendu un rôle à jouer dans la résolution de cette problématique : il faut mettre en place des politiques publiques et des aides afin de ramener des médecins dans ces zones désertées. Cependant, on peut se demander quelles solutions peuvent-être mises en place rapidement par la société civile pour lutter contre la conséquence majeure : l’abandon des soins. 

Thierry Lefebvre lutte pour une meilleure autonomie des personnes âgées à leur domicile. 

De nombreuses entreprises du secteur médical sont conscientes des enjeux actuels du monde de la santé. Cela concerne le manque de personnel mais également la saturation des établissements de soin à cause d’une population française vieillissante”, nous explique Thierry Lefebvre. Alors, ce dernier a décidé d’agir en reprenant la société Thylédis, qui propose des produits et des services dans le domaine du soin et de l’accompagnement à domicile. Elle s’applique à proposer des solutions toujours plus innovantes au service des populations souffrant le plus de ces déserts médicaux : les personnes âgées. Son alternative est simple : puisqu’il est compliqué pour elles de se déplacer, amenons leur les soins à domicile. C’est le pari qu’il s’est lancé avec ses six employés.

Pour Thierry Lefebvre, des alternatives à la fuite des médecins de certaines régions sont possibles afin de garantir aux personnes âgées un accompagnement à domicile. “La fourniture de matériel est une des solutions dans les déserts médicaux, car elle permet à nos aînés d’étendre leur autonomie sur plusieurs tâches quotidiennes, de leur redonner confiance en eux et donc de mieux appréhender la deuxième partie de leur vie”.