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[Roose] Le prix du gaz étranger explose… pendant que le gaz de schiste français dort sous nos pieds

En France, on a du gaz de schiste, mais on n’a pas d’idées…pour l’extraire proprement. A l’heure de l’explosion du tarif du gaz étranger, dont la France dépend à 100%, la question de son extraction écologique doit s’inviter dans la prochaine campagne présidentielle, affirme l'essayiste Grégory Roose.
Slogan accroché à des ballots de foin à proximité d'un chantier de prospection de gaz de schiste, en 2013. Photo © M.ASTAR/SIPA

Le tarif du gaz en France va augmenter de 8,7 % en septembre après deux augmentations successives en juillet (+10 %) et en août (+5,3 %). Depuis le 1er juin 2020, le tarif réglementé du gaz naturel a ainsi augmenté de 26 %. Une augmentation inédite qui s’explique notamment par la reprise économique mondiale. Ces augmentations successives posent la question de la dépendance énergétique de la France à l’heure où le mix énergétique tant souhaité, adossé à la réduction drastique de notre production nucléaire, ne parvient pas à nous libérer de la dépendance des énergies fossiles venues d’ailleurs, notamment d’Europe. En 2019, l’Europe fournissait plus de 50% des importations brutes de gaz naturel, avec en premier lieu du gaz norvégien (43%), puis russe (21%) et algérien (8%), la dépendance énergétique envers la Russie et l’Algérie ayant significativement diminué ces quinze dernières années au profit de la Norvège.

Les Français sont donc à 100% dépendants des puissances étrangères pour leur consommation de gaz naturel qui, au-delà de son utilisation domestique (chauffage et cuisson), est indispensable au secteur industriel (34 % de la consommation), chimique et agricole pour la fabrication d’engrais, à la production d’électricité et à la flotte de véhicules qui utilisent le gaz comme carburant. Si le tarif du gaz naturel continue à augmenter de manière constante, cette énergie va devenir un enjeu géostratégique majeur des prochaines années.

En France, on a du gaz de schiste, mais on n’a pas d’idées… pour l’extraire proprement

Or, il se trouve que la France dort sur un potentiel trésor énergétique nommé « gaz de schiste », dont l’extraction est interdite depuis 2011 suite à une importante polémique autour de la fracturation hydraulique, méthode la plus répandue pour son extraction. Validée en 2013 par le Conseil constitutionnel, la loi Jacob interdit « l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique », mais aussi son exploration, ce qui rend impossible la connaissance précise des réserves françaises. Selon les estimations d’un rapport de l’agence gouvernementale américaine EIA (Energy Information Administration) de 2013, le sol français disposerait néanmoins d’un potentiel de 3 900 milliards de m3 de gaz de schiste exploitables, sans parler des réserves de pétrole de schiste. L’adage « impossible n’est pas français » ferait-il partie du passé ? Où sont l’audace, le courage, l’inventivité, l’excellence de nos élites ? Oui, il fallait imposer un moratoire en 2011 sur l’exploitation des gaz des schistes par fracturation hydraulique, cette technique, alors méconnue, ayant recours à des additifs chimiques présentant une menace à l’environnement en cas de fuite. Mais ce fut une erreur d’interdire la prospection des gisements français, de ne pas financer des programmes de recherches et d’ingénierie pour concevoir une exploitation écologique de ce potentiel trésor énergétique qui gît sous nos pieds. Car oui, une exploitation propre du gaz de schiste pourrait faire de la France le puits de pétrole de l’Europe pendant plus d’un siècle, le temps de développer des énergies renouvelables puissantes permettant notre indépendance énergétique permanente. A ceux qui s’opposent à la consommation des énergies fossiles, il faut répondre que la France en a éminemment besoin et qu’à ce jour elle est dépendante d’autres puissances pour satisfaire cette nécessité. L’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis a eu de nombreux effets bénéfiques. Baisse du prix du gaz, diminution des importations, forte stimulation de l’économie, compétitivité de l’industrie. Après dix années d’exploitation, il est également temps de faire le bilan les déboires de cette exploitation : écologiques, financiers, sociaux.

Dans un économie mondialisée et hyper concurrentielle, la France doit savoir tirer son épingle du jeu et engager un programme de recherche ambitieux pour l’extraction écologique du gaz de schiste. A la clef, la relance de l’économie et la réduction de sa dépendance énergétique, d’autant que la Chine et l’Algérie disposent de réserves plus importantes que les Etats-Unis et que leur exploitation aggraverait la dépendance géostratégique de la France envers ces pays. Enfin, l’exploitation des gaz et pétrole de schiste français pourrait mettre un terme à notre dépendance envers les puissances étrangères islamisantes. Quel candidat à l’élection présidentielle aura le courage d’imposer cette question dans le débat public ?

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