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L'entrepreneuriat fait encore peur aux jeunes

Le baromètre Moovjee - OpinionWay sur les étudiants et l’entrepreneuriat paru ce mercredi 8 novembre révèle que les jeunes ont plus confiance en eux mais qu’ils craignent toujours lancer leur entreprise.

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38% des jeunes sondés par OpinionWay considèrent qu'ils sont suffisamment enthousiastes pour fonder une startup. Ils étaient 52% en 2009. (Shutterstock)
Publié le 8 nov. 2017 à 17:34

“La France est un pays d’entrepreneurs !”, assurait le président Emmanuel Macron avec entrain au salon Vivatech, le 15 juin dernier. Les résultats du sondage “Les étudiants et l'entrepreneuriat” de l’institut OpinionWay réalisé pour Moovjee (le mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs) sembleraient modérer cet enthousiasme.

Sur les 1.001 étudiants et jeunes en lycée professionnel interrogés, 95% estiment qu’il est “difficile ou très difficile” de créer son entreprise. Un chiffre resté stable depuis la première enquête réalisée en 2009.

La frilosité des jeunes par rapport à l'entrepreneuriat se serait même accentuée depuis 2009 : 36% des jeunes consultés “envisagent un jour de créer ou reprendre une entreprise” contre 45% il y a huit ans, rapporte l’étude du Moovjee, une association fondée en 2009 qui a pour mission d'amener les 18-30 ans à considérer la création et la reprise d'entreprise. C’est tout de même 2 points de plus qu’en 2015.

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Une mauvaise information

Le manque de connaissance du monde entrepreneurial apparaît comme un obstacle de taille aux ambitions des jeunes : 81% des sondés déclarent ne pas avoir reçu d’informations sur les dispositifs d’aide à la création d’entreprise. Et aller les chercher soi-même n’est pas une démarche évidente (83% des sondés ne le font pas).

Pour la cofondatrice du Moovjee, ce déficit d’information réel s’explique paradoxalement par un “trop plein” d’information. “L’information est certes rendue beaucoup plus accessible avec la multiplication d’organismes, de plateformes d’aide à la création de startups et avec la documentation qui en découle”, sans oublier les écoles qui sensibilisent de plus en plus sur le sujet.

“Le problème, c’est que cette profusion d’informations n’accroche pas les jeunes. Ils seront bien plus sensibles au témoignage d’un pair qu’à un guide explicatif trouvé sur internet,” remarque Bénédicte Sanson.

Lancer sa startup, une démarche encore mal cernée

Par ailleurs, deux visions caricaturales de l’entrepreneuriat s’entrechoquent et contribuent à la confusion : celle, glamour, du jeune entrepreneur couronné de succès après une levée de fonds de plusieurs millions d’euros, et celle d’une procédure entrepreneuriale exagérément complexe nécessitant de maîtriser les nombreuses subtilités administratives et financières.

Pour Bénédicte Sanson, nous sommes justement dans une période de transition. “On quitte le fantasme pour entrer dans le concret. Si les jeunes pensent que fonder ou reprendre une entreprise est difficile, cela ne signifie pas pour autant qu’ils n’ont pas l’intention de le faire. Ce qui leur manque, c’est le cheminement pas à pas à la création d’une entreprise. Ils se rendraient alors compte que ce n’est pas si compliqué.”

Plus de confiance en soi

Ce sont en effet les facteurs extérieurs ou conjoncturels - notamment le contexte économique et le système bancaire - qui limitent le plus les projets des jeunes pendant ou à la sortie de leurs études.

Ils se montrent en revanche plutôt confiants en leurs capacités et ressources personnelles : le manque de confiance en soi (73%), la personnalité (69%) et l’absence de soutien des proches (61%) sont en effet moins représentés que le manque de confiance du marché (88%) ou encore le contexte de crise économique actuel (82%).

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Commencer plus jeune

L’étude relève également une nouvelle tendance : les jeunes étudiants tentés par l’aventure entrepreneuriale se voient la commencer de plus en plus tôt. De fait, la proportion des jeunes qui projettent d’entreprendre pendant leurs études augmente de 7 points par rapport à 2015 (20% contre 13%).

Cette évolution vers des profils entrepreneurs plus jeunes a plusieurs raisons. La médiatisation du statut d’étudiant-entrepreneur y est certainement pour quelque chose. Lancé en 2014, le statut monte progressivement en puissance.

Se créer son propre job

Bénédicte Sanson voit plus largement une évolution des mentalités : les jeunes et leurs parents ont intériorisé la précarité du marché du travail. “Quitte à avoir des difficultés à trouver un premier emploi, pensent-ils, autant se lancer dans un projet qui a plus de sens à leurs yeux.”

Selon le sondage Moovjee, 81% des jeunes espèrent assurer la sécurité de leur propre emploi par le biais de l’entrepreneuriat, et 62% pensent se tourner vers la création d’entreprise  s’ils ne trouvent pas d’emploi.

De plus, la culture associée à l’entrepreneuriat a changé. Si le terme entrepreneurs n'avait pas bonne presse il y a 10 ans, "être entrepreneur aujourd'hui est une expérience valorisée par les recruteurs et la société, ce qui rend les parents plus enclins à financer leurs enfants à ce moment-là”, explique Bénédicte Sanson.

Les parents sont même vus comme un soutien essentiel : 71% des jeunes interrogés s’attendent à être soutenus par leur famille dans un éventuel projet entrepreneurial.

A cela s’ajoutent enfin, chez la jeune génération Z, les traits que leurs ont transmis leurs aînés millenials. L’envie de briser les codes, de ne pas s’embarrasser de la hiérarchie limitante de l’entreprise traditionnelle, d’être libre de ses décisions et d’explorer son potentiel.

Esther Attias

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