Une dame-jeanne et une enseigne en tôle émaillée. Pour décorer son deux-pièces, Juliette Ribeiro est partie à la recherche de quelques jolies pièces vintage… en chaussettes et au fond de son canapé. Faire de belles prises en pianotant sur son smartphone est désormais une habitude pour l’ingénieure trentenaire « en quête de l’objet unique, patiné, authentique » qui personnalisera son intérieur, à la norme toute scandinave.
Fini le lever dès potron-minet pour chiner les meilleures pièces au déballage du camion ou les après-midi à farfouiller dans la poussière d’un vide-greniers ? N’en déplaise aux inconditionnels de la chasse aux trésors du dimanche, les achats d’antiquités, qui se faisaient traditionnellement sur les boutiques, les marchés ou les salons spécialisés, passent désormais largement par le Web. Internet constitue le deuxième circuit de distribution des pièces d’occasion le plus utilisé pour l’ensemble des Français, selon une étude du Crédoc parue en juin 2016. Chez les 25-40 ans, il fait même jeu égal avec les puces (respectivement 30,8 % contre 32,1 %).
Une nouvelle génération d’e-brocanteurs contribue à dépoussiérer le métier. Ils proposent une offre plus personnalisée et très glamour
Pour un secteur qui fonctionnait encore il y a quelques années comme au XIXe siècle, le temps s’est accéléré soudainement, et ce grâce à une nouvelle génération d’e-brocanteurs qui contribuent à dépoussiérer le métier. A l’inverse des généralistes de l’occasion, ces marchands proposent en ligne une offre plus personnalisée et une mise en scène de leurs trouvailles très glamour.
Emblématique de cette approche, Selency, lancé en 2014 par deux étudiants en école de commerce chineurs amateurs, est l’une des plus belles réussites du genre. « Nous voulions un site qui ne fasse pas bric-à-brac, sur lequel les vendeurs (80 % de brocanteurs, 20 % de particuliers) se sentent valorisés, et où les clients viennent acheter des objets coup de cœur, mais aussi trouver des idées de décoration, de l’inspiration », explique Charlotte Cadé, 29 ans, cofondatrice de la plate-forme qui sert d’intermédiaire entre vendeurs et acheteurs et se rémunère en prenant une commission sur les ventes.
Chaque jour, les quelque 500 nouveautés, sur un stock de 60 000 pièces, sont sélectionnées et mises en ligne selon les règles maison : de belles photos sur fond blanc, un descriptif qui « raconte une histoire » et une obligation de prix. Ici, pas d’armoires de grand-mère ou de style Louis XV, mais du vintage, essentiellement des années 1950, 1960 et 1970. Un ton moderne et léger, des idées d’intérieur suggérées par des petites chroniques et des atmosphères dignes d’un magazine de déco. Résultat : 100 000 abonnés à la newsletter bihebdomadaire et 1 500 professionnels (brocanteurs et antiquaires) vendeurs réguliers sur la plate-forme.
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