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Formation professionnelle : la méthode de la réforme en question

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, veut une « négociation interprofessionnelle » alors que le chef du gouvernement, Edouard Philippe, promet une « concertation ».

Par Alain Ruello, Marie Bellan

Publié le 18 sept. 2017 à 16:55

« J’espère qu’il y aura une négociation interprofessionnelle. » De Laurent Berger (CFDT) à Philippe Martinez (CGT) en passant par François Hommeril (CFE-CGC), Philippe Louis (CFTC) ou Pascal Pavageau (FO), qui remplaçait Jean-Claude Mailly, les leaders des syndicats ont bu du petit-lait jeudi en écoutant Muriel Pénicaud clôturer les 50 ans de l’Association des journalistes de l’information sociale.

En prenant partie en faveur d’une négociation pour la réforme à venir de la formation professionnelle, la ministre du Travail a exaucé leurs vœux. « Nous avons entendu la prise de position de la ministre […] Donc acte », réagit Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT.

Le problème, c’est que les propos de Muriel Pénicaud sont allés bien plus loin que ceux qu’Edouard Philippe a tenus à peine trois heures plus tôt en ouvrant la manifestation, le Premier ministre promettant une « concertation »« Nous allons le faire en prenant notre temps […] Nous avons fixé un délai d’environ six mois pour penser, réfléchir, discuter avec les organisations syndicales et patronales », a-t-il déclaré.

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Une différence fondamentale

Alors négociation ou concertation ? De prime abord, la question - de pure méthode - paraît d’un intérêt secondaire. Elle cache pourtant une différence fondamentale qui peut, dans le cas de la négociation, remettre en cause l’objectif d’Emmanuel Macron d’une refonte totale de la formation professionnelle, décrypte un très bon connaisseur de ces sujets. « Le président de la République est un homme pressé. Il a tendance à considérer que les partenaires sociaux ne vont pas assez vite et pas assez loin à son goût », glisse un habitué des négociations interprofessionnelles.

En l’espèce, le gouvernement n’a pas vraiment le choix, sauf à changer les règles du jeu. Dès lors qu’il veut toucher à ce domaine, la loi Larcher s’applique : il doit à minima demander aux partenaires sociaux s’ils veulent, ou non, négocier à partir d’un document d’orientation. Comme il l’a fait pour la réforme du Code du travail .

La peur de se sentir piégés

Deux (mauvaises) options s’ouvriraient alors à lui si les intéressés saisissent la balle au bond et aboutissent à un accord qui n’irait pas assez loin à ses yeux : reprendre l’accord dans son projet de loi et ne pas parvenir à ses fins, ou ne pas le reprendre, et braquer les partenaires sociaux. « Certains au sein de l’exécutif ont peur de se sentir piégés », estime un représentant syndical.

Le risque d’en passer par une négociation interprofessionnelle vu de l’exécutif est d’autant plus grand que l’Etat souhaite reprendre la main sur le financement de la formation professionnelle. Et donc sur les 7 milliards annuels environ gérés par les partenaires sociaux. Lesquels ne voient pas cela, évidemment, d’un bon œil.

C’est particulièrement vrai pour les PME dont les membres - du fait de leur taille - bénéficient beaucoup de la mutualisation du 1 % attaché à la formation professionnelle.

La position est plus nuancée au Medef. L’organisation patronale salue la volonté du gouvernement de lier la réforme de la formation professionnelle avec celle de l’apprentissage, et d’agir en profondeur. « Il y aura probablement une première phase de concertation pour poser le cadre. Après, on verra », affirme Florence Poivey, présidente de la commission éducation, formation et insertion.

Alain Ruello

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