Ne pleurez pas pour les fondateurs qui ont pris l’argent de Zuckerberg

Business : Les créateurs de WhatsApp et Instagram sont considérés comme des héros depuis qu'ils ont quitté Facebook. Des héros ? Ou plutôt des calculateurs ?

Par Chris Matyszczyk

  • 3 min

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Ils ont essayé. Ils ont vraiment essayé.

Ils pensaient sincèrement qu’ils pouvaient préserver la pureté de leurs apps.

Parce qu’ils étaient des héros du monde de la technologie, de ceux assez fous pour croire qu’ils pouvaient prendre l’argent de Mark Zuckerberg et garder leurs créations exactement telles qu’elles étaient. Ou même les rendre encore meilleures.

Des héros modernes qui ont oublié le prix à payer

Comme si les chances que cela se produise ne se situaient pas entre zéro et le néant.

Cette semaine, nous sommes supposés admirer Kevin Systrom et Mike Krieger d’Instagram.

Ils ont démissionné sans en parler au préalable à leurs employés et ont écrit une lettre qui était un exemple magistral d’agression passive à la californienne.

Exemple : « Nous prévoyons de prendre un peu de temps pour explorer à nouveau notre curiosité et notre créativité. »

Parce qu’ils pensaient vraiment que prendre l’argent de Facebook n’impliquerait pas une certaine correction de trajectoire. Ou plutôt une rude correction.

Ils n’ont jamais vraiment imaginé qu’être la propriété de Facebook signifiait ne pas pouvoir rester pur et créatif dans leur mission.

Le cœur de Facebook a toujours été la taille et le profit. Il a toujours été aussi ouvert et connecté à un vaste pouvoir. Et le pouvoir a besoin d’argent.

Systrom et Krieger ont-ils réellement pensé que la chaleureuse accolade de Zuckerberg impliquerait qu’il se tiendrait à distance de leur produit ?

N’avaient-ils pas remarqué qu’il avait un bras autour de leurs épaules, tandis que de l’autre il leur faisait discrètement les poches?

WhatsApp a vendu la vie privée de ses utilisateurs

Aujourd’hui, je suis également supposé admirer le fondateur de WhatsApp, Brian Acton.

Selon Forbes, il est également un héros parce qu’il a quitté Facebook en abandonnant 860 millions de dollars sur la table de la direction.

Il a même été jusqu’à encourager les internautes à supprimer leurs comptes Facebook avec le créatif hashtag #DeleteFacebook.

Ils étaient les fondateurs d’une application de messagerie dont la plus grande force était son chiffrement. Face à eux, une société de publicité se faisant passer pour un réseau social et monétisant tout sur son site et à portée de vue.

Jamais les fondateurs de l’application de messagerie n’ont-ils imaginé que la société de publicité pourrait vouloir étendre ses activités à WhatsApp ?

N’est-il pas un peu plus probable que les héroïques fondateurs des deux applications, en entendant l’offre faite par Zuckerberg, aient chuchoté : « Ecoutez, prenons cet inimaginable tas d’argent posé devant nous. Et si ça ne marche pas dans quelques années, hé, nous pourrons toujours partir. »

Dans le cas d’Acton et de son co-fondateur Jan Koum, ils n’ignoraient pas alors être confrontés à un léger problème. WhatsApp ne dégageait pas réellement de revenus. Avaient-ils vraiment imaginé qu’accepter les milliards de Zuckerberg n’impliquerait aucun compromis commercial ?

Eux et les fondateurs d’Instagram peuvent tous continuer à créer d’autres applications engloutissant battements de cœur et temps comme un trou noir infernal.

Mais n’imaginons pas que les Systroms et les Actons sont des héros du monde moderne.

A la décision d’Acton de partir, Forbes lâche : « C’était peut-être la position morale la plus chère de l’histoire. »

Je crains que beaucoup de gens adoreraient faire un coûteux choix moral alors qu’ils ont déjà en poche 3,6 milliards de dollars.

Au moins Acton semble-t-il conscient de la moralité précise de sa décision.

« Au bout du compte, j’ai vendu mon entreprise. J’ai vendu la vie privée de mes utilisateurs en échange d’un bénéfice plus important. J’ai fait un choix et un compromis. Et je vis avec cela tous les jours » déclare-t-il à Forbes:

Et, en partie grâce à son choix et à ce compromis, nous vivons avec un Facebook suivant nos faits et gestes 24 heures par jour.

Article « Don’t weep for the founders who took Zuckerberg’s money » traduit et adapté par Christophe Auffray, ZDNet.fr

/ Powercenter

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