Malgré les différences de fonctionnement entre tous les systèmes du logement au sein de l’Union européenne (UE), la plupart des pays se heurtent à la même difficulté : il est trop cher et ne permet pas d’héberger tout le monde.
C’est l’un des enseignements de la deuxième édition du rapport sur l’état du logement en Europe, dressé par Housing Europe – une fédération de bailleurs sociaux publics et coopératifs issus de vingt-quatre pays détenant à eux tous 26 millions de logements –, publiée mardi 17 octobre.
« Malgré le discours enjoué du président [de la Commission européenne, Jean-Claude] Juncker [le 13 septembre, sur l’état de l’UE, où il se félicitait de la croissance retrouvée], l’UE est confrontée au défi alarmant du logement, y affirme d’emblée Cédric Van Styvendael, président de Housing Europe. La prospérité n’a pas frappé à la porte de la majorité des Européens, en raison du prix exorbitant des logements. »
La croissance s’est en effet accompagnée d’une reprise vigoureuse de l’inflation immobilière : les prix des habitations ont augmenté de 4,4 % en moyenne dans l’UE en 2016 – la plus forte hausse depuis la crise financière de 2008. Un rythme qui dépasse la progression des revenus.
« Transfert de richesses des pauvres vers les riches »
Douze pays ont même franchi le seuil d’alerte de 6 % (corrigé de l’inflation) défini par l’UE, dont la République tchèque (11 %), la Hongrie (9,7 %), la Lituanie (9,5 %), la Bulgarie, la Suède et le Royaume-Uni (chez ces deux derniers, les prix des logements sont supérieurs à ceux d’avant la crise).
Et encore ne s’agit-il que de moyennes nationales, qui masquent des augmentations brutales dans les capitales, excluant de larges segments de population. En France, les prix ont progressé de 3,5 % sur un an, à mi-2017. Et, sur le long terme, le décrochage avec les revenus est violent : de 1998 à 2017, les prix de l’immobilier ont été multipliés par 2,5 et les salaires par 1,5 seulement.
« C’est de là que provient le sentiment d’appauvrissement de beaucoup de salariés, car la France est l’un des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] où ils ont continué de gagner du pouvoir d’achat, mais pour l’engloutir dans le logement », analyse l’économiste Patrick Artus dans une note du 5 octobre pour la banque Natixis. « Le renchérissement du logement opère un énorme transfert de richesses des pauvres vers les riches, des jeunes vers les vieux », déplorent les auteurs du rapport.
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