Entretien

«Penser est une joie profonde»
Rencontre avec Michel Serres

Propos recueillis par Héloïse Lhérété

Sciences Humaines N° 274 - Septembre-octobre 2015

Le philosophe Michel Serres invite la pensée à vagabonder davantage hors des sentiers battus, quitte à s’affranchir de méthodes, quitte aussi à faire des erreurs.  Car l’humain ne crée qu’en errant.

Tout à la fois philosophe et conteur, Michel Serres est l’un des plus prolixes penseurs français. Auteur d’une soixantaine de livres, chroniqueur sur France Info, il s’intéresse à tout : le big-bang, les nouvelles technologies, les langues, le génome, le sens de l’histoire… Ne lui parlez pas de ses « terrains de recherche », l’expression lui donne de l’urticaire. La philosophie, chez lui, a des allures de 4X4 : elle ressemble à ces véhicules tout-terrain qui traversent les contrées sans se soucier des frontières artificielles dessinées de main d’homme. Quant aux concepts, ils ne s’analysent pas, ils s’incarnent, telle Petite poucette, Hermès, Le Tiers-Instruit et ce Gaucher boiteux qui donne son titre à son dernier livre.

Il nous reçoit chez lui, à deux pas de Paris, dans une maison qui lui ressemble. Il s’y lève tous les matins à l’aube pour écrire et lire. Les angles n’y sont pas droits, des pièces inattendues se devinent au bout des couloirs, une statuette évoquant Tintin voisine avec les œuvres d’Auguste Comte. Une jolie verrière ouvre l’horizon. M. Serres s’adresse à Bastien, jeune lycéen de 16 ans en stage à Sciences Humaines, avec la curiosité d’un grand-père. L’accent gascon semble encore charrier quelques rocailles de sa Garonne natale. À mes [...]

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2 commentaires
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  • - le

    Comme quoi l'erreur est humaine... CQFD.
    Je partage totalement votre commentaire, et plus spécifiquement celui du vrai changement pour les femmes. Il reste à espérer que ce changement continue en ce sens.... Par les temps qui courent rien est moins sur.
    NAML.
  • - le

    La pensée de Michel Serres est vraiment stimulante. Merci pour cet article

    On y trouve cependant une erreur que je serais tenté de qualifier de grossière

    Michel Serres explique qu'il y a des changements majeurs dans l'humanité avec d'abord la quasi disparition de la paysannerie, puis il parle des bouleversements démographiques
    Il explique que du temps de nos arrières grands parents, l'espérance de vie au moment du mariage n'était que de 5 ans car on vivait en moyenne 32 ans
    Au delà du fait qu'en réalité, l'espérance de vie était déjà supérieure à 32 ans au milieu du 19ème siècle, le philosophe fait une erreur de raisonnement en faisant la différence entre l'espérance de vie à la naissance et l'âge atteint pour calculer l’espérance de vie restante
    En fait, comme une partie de la classe d'âge est déjà décédée, Pour avoir une durée de vie moyenne de 32 ans pour l’ensemble de la classe d'âge, il faut que ceux qui sont encore vivants à 27 ans vivent en moyenne nettement plus de 5 ans. Je n’ai pas retrouvé les tableaux historiques des espérances de vie à divers âge (en général on prend 0, 1, 20 et 60 ans) mais j'ai retrouvé un article où j'en parlais et où j’évoquais le fait que l'espérance de vie à 40 ans était de 30 ans pour les femmes en 1890 (elle doit se situer au delà de 45 ans aujourd'hui)
    http://verel.typepad.fr/verel/2012/11/vivre-plus-longtemps.html

    je pense que pour les femmes le vrai changement est qu'elles passaient l'essentiel de leur vie d'adulte à enfanter et allaiter et que maintenant cela ne représente qu'une part très mineure de leur vie d'adulte
* Champ obligatoire