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Google : 20 ans d’histoire du géant de la tech en 10 événements

Google a célébré ses vingt ans cette semaine. L’occasion pour 01net.com de revenir sur les grands lancements de cette entreprise devenu en quelques années tellement incontournable qu’elle commence à faire peur.

4 septembre 1998 : fondation de Google inc 

Comme toute bonne success story de la Silicon Valley, celle de Google démarre évidemment dans un garage. C’est au 232 Santa Margarita, dans la ville de Menlo Park, que Sergueï Brin et Larry Page fondent la société le 4 septembre 1998, grâce à un chèque initial de 100 000 dollars signé par Andy Bechtolsheim, cofondateur de Sun Microsystems. Ils s’installent chez une copine de Brin, Susan Wojcicki, qui rejoindra très vite l’équipe… Et qui dirige aujourd’hui Youtube ! 

Les deux informaticiens se sont rencontrés à l’université Stanford et ont développé ensemble un algorithme d’un nouveau genre pour optimiser la recherche de contenu sur la Toile. Baptisé PageRank, il classe les pages web en tenant compte du nombre de liens qui pointent vers elles. L’idée est à la fois simple et révolutionnaire : plus une page est citée par d’autres, plus elle doit être pertinente et plus elle sera privilégiée dans les résultats de recherche.

C’est dans ce garage de Menlo Park que Google a été fondé

Le succès ne se fait pas attendre. Google.com passe de 10.000 requêtes fin 1998 à 500.000 requêtes en février 1999. En août de la même année, la barre des trois millions de requêtes par jour est déjà franchie. Bientôt, les solutions alternatives qui existaient jusqu’à présent – telles qu’Altavista, Lycos ou Ask – seront totalement pulvérisées par l’efficacité redoutable de ce nouvel acteur. Enfin, pour ceux qui ne le savent pas, le nom « Google » est inspiré de « gogol » qui, en mathématiques, désigne le nombre 10100, c’est-à-dire le chiffre 1 suivi de 100 zéros.

Octobre 2000: lancement d’Adwords, la machine à cash

Deux ans après la création de leur société, les fondateurs de Google adossent à leur technologie un modèle économique tout aussi révolutionnaire : AdWords. L’idée : vendre aux annonceurs les mots clés que les internautes utilisent pour effectuer leurs recherches. Evidemment, certains mots clés valent beaucoup plus que d’autres, c’est pourquoi Google décide de les commercialiser suivant un système d’enchères. L’heureux gagnant peut alors insérer son annonce juste avant les premiers résultats de recherche, une place royale. Deux ans plus tard, Google peaufine son système en adoptant le modèle du « pay-per-click ». L’annonceur qui gagne l’enchère s’engage sur un montant maximal mais ne paye en réalité qu’en fonction du nombre de clics générés. Les publicitaires adorent et l’argent commence à couler à flot.

En 2003, la firme ajoute une corde à son arc en rachetant Applied Semantics, qui deviendra AdSense. Il s’agit d’une technique d’insertion publicitaire dédiée aux sites tiers, où les annonces sont affichées de manière automatique en fonction du contexte d’une page web. L’offre publicitaire est complétée en 2007 avec le rachat de DoubleClick, un acteur spécialisé dans les bannières publicitaires. A partir de là, Google se transforme en véritable rouleau compresseur de la publicité en ligne, avec 80 % de parts de marché. Un empire est né.

1er avril 2004 : Gmail, le webmail 2.0

Souvenez-vous, c’était il n’y a pas si longtemps. Un monde où les mails s’empilaient dans votre boîte de réception sans possibilité pour vous de les classer ou de les retrouver aisément. Un monde où il fallait régulièrement effacer les courriels les plus anciens ou les moins importants… Et où vous deviez payer pour quelques mégaoctets de plus, ou pour relever vos mails en POP ou IMAP. Une sorte d’enfer numérique sur Terre.

L’interface originelle de Gmail

Tout cela, Google y a mis fin en lançant Gmail, le 1er avril 2004. Le service était en bêta… mais bien meilleur que la concurrence. En proposant un gigaoctet de stockage et une recherche simplifiée dans la boîte de réception, Google en offrait tant que certains crurent… à un poisson d’avril. Un paradis de happy few, au départ, puisqu’on n’y accédait que sur invitation. En échange de ces services inédits, l’ombre de Big Brother : Google a longtemps lu l’intégralité de vos mails pour vous proposer des publicités ciblées. 

Après avoir voulu remplacer Gmail par Inbox (2014), Google semble désormais le faire évoluer très doucement, à l’heure où certaines plates-formes creusent leur différence en mettant en avant le respect de la vie privée et le chiffrement des données. Premier pas hors de la recherche pure sur le Web, le compte Gmail est désormais le sésame pour entrer dans le monde de Google et d’Android. Une galaxie à des années lumières de ce 1er avril 2004.

Février 2005 : Google Maps, l’appli de navigation ultime 

C’est presque en catimini, par un tout petit billet de blog, que Google annonce Maps, son outil de cartographie en ligne, le 8 février 2005. A l’époque, le service ne couvre que les Etats-Unis et le Canada… Mais va très vite s’étendre, notamment à la france dès Mai 2006. 

Avec l’explosion des smartphones, Maps va devenir une application incontournable, notamment grâce à son intégration dans l’iPhone dès 2007, puis dans les smartphones sous Android l’année suivante. Sortir son mobile de la poche pour obtenir un itinéraire ou chercher un commerce à proximité : ce qui nous paraît naturel aujourd’hui était à l’époque révolutionnaire, et a largement contribué au succès incroyable des téléphones intelligents. Cette démo de Maps par Steve Jobs, lors de la présentation du premier iPhone, est particulièrement parlante. 

Deux ans après Maps, Google enfonce le clou avec Street View, projet complètement fou qui consiste à photographier l’ensemble du réseau routier grâce à des voitures équipées de caméras, afin d’intégrer toute cette imagerie à Maps. Désormais, la plupart des routes françaises sont couvertes. Entretemps, Google Maps a presque effacé les autres services de cartographie et les GPS traditionnels… mis à part Waze, judicieusement racheté par Google ! 

9 octobre 2006 : rachat de YouTube

En février 2005, trois anciens salariés de Paypal, Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim, créent la société YouTube. Le concept est simple : permettre à tout un chacun de mettre en ligne des vidéos personnelles, accessibles depuis un portail communautaire. La première vidéo de la plate-forme montre Jawed Karim qui commente une anodine visite d’un zoo, le 12 avril 2005.

Pas passionnant… Mais la popularité de YouTube va pourtant exploser dès la fin de l’année 2005 et intéresse immédiatement les marques qui veulent profiter d’une fenêtre exceptionnelle d’exposition. Google rachète la pépite à prix d’or pour l’époque : 1,6 milliard de dollars. Un article de 01net.com rappelle alors que YouTube attire 30,5 millions de visiteurs uniques par mois.

Douze ans plus tard, YouTube revendique le chiffre astronomique d’1,8 milliard d’utilisateurs. Google en a fait une machine de guerre et un véritable média attirant une précieuse audience jeune et volatile, tout en faisant trembler les chaînes de télévision.

Novembre 2007 : Android, naissance d’un géant mobile

En octobre 2003, bien avant la révolution des smartphones, quatre hommes, Rich Minter, Nick Sears, Chris White et le plus connu d’entre eux, Andy Rubin, fondent leur société, Android. Leur objectif : concevoir un système d’exploitation pour permettre à des appareils photo de mieux communiquer avec les ordinateurs. Un an plus tard, le marché de la photographie ralentissant, Android se réoriente vers le marché des téléphones mobiles en pleine explosion.

C’est en 2005 que Google rachète la jeune entreprise pour la somme de… 50 millions de dollars. Un prix qui paraît dérisoire quand on sait qu’aujourd’hui, Android anime plus de 78% des smartphones dans le monde, selon l’institut Kantar.

Le HTC Sooner, tout premier téléphone Android, tué par l’annonce du premier iPhone

Mais avant d’aboutir à cette domination quasi absolue, il a fallu travailler à la version 1.0 d’Android. Puisque l’OS repose sur le noyau Linux, il a été rapidement décidé que le système d’exploitation serait distribué gratuitement aux partenaires et que Google rentabiliserait par le biais de ses propres services et grâce aux applications, disponibles via un kiosque de téléchargement.

Début 2007, alors que l’équipe de développement travaillait sur Sooner, un smartphone HTC mêlant écran tactile et clavier, Apple dévoile son iPhone. Une sacrée secousse et une belle remise en question. Andy Rubin et ses camarades d’aventure revoient leur copie pour mettre l’accent sur le tactile. En novembre 2007, le développement d’Android est officialisé dans un communiqué de l’Open Handset Alliance, fondée pour l’occasion. Motorola et HTC font partie du voyage. C’est d’ailleurs HTC qui, avec le Dream, sortit le premier smartphone Android de l’histoire, en octobre 2008 aux Etats-Unis et début 2009 en Europe.

Septembre 2008: Chrome déboule sur le marché des navigateurs

Surprise générale à la rentrée 2008. Google dévoile un nouveau navigateur, baptisé Chrome. Basé sur le moteur de rendu WebKit, ce logiciel insuffle une nouvelle dynamique dans un marché un peu ronronnant à l’époque. Il incorpore un nouveau moteur Javascript baptisé V8 qui, grâce à une compilation à la volée du code, se révélera beaucoup plus rapide que ceux de la concurrence. Google fait également le choix de créer un sous-processus isolé pour chaque onglet de navigation, apportant stabilité et sécurité au logiciel. En fusionnant la barre d’adresse et le champ de recherche dans la fameuse Omnibox, le géant du web séduit les utilisateurs par une meilleure ergonomie… et place son moteur de recherche au centre du produit. Enfin, Google tranche par un rythme de mises à jour trimestriel, là où les autres avaient une cadence annuelle voire pluriannuelle. Cinq ans plus tard, Chrome devient le navigateur le plus utilisé de la planète, ce qu’il est toujours.

Octobre 2010 : Officialisation de la Google Car

Au commencement de la voiture autonome de Google, il y a le DARPA Grand Challenge. Une compétition financée par l’armée américaine qui a fait rivaliser des véhicules terrestres autonomes plusieurs années de suite dans les années 2000. Pour initier son projet de véhicule sans chauffeur, Google recrute deux vainqueurs de cette course atypique : Sebastian Thrun et Anthony Levandowski. Ils seront intégrés à son labo secret, baptisé X, et profiteront de leur expérience pour dévoiler, dès 2010, la première version d’une Google Car autonome.

Après la création d’Alphabet en 2016, une filiale dédiée, Waymo, est créée en décembre 2016 avec pour objectif d’aboutir à une commercialisation de la technologie. Depuis, le projet avance à grands pas, avec l’aide de constructeurs de voitures, comme Chrysler. Un programme de test permet actuellement à des habitants de la banlieue de Phoenix d’utiliser la flotte de véhicules sans aucun pilote à bord. Après presque dix ans d’expérimentations, Waymo compte être le premier à lancer, un service de taxi autonomes à la demande dès cet automne sur des trajets circonscrits.

Mai 2016 : Google Assistant et le règne de l’IA 

Google Home est la première enceinte connectée de Google. Animée par Assistant, elle a été annoncée à la Google I/O 2016.  

Après une décennie consacrée à peaufiner ses logiciels sur mobile, Google fait évoluer sa stratégie pour se transformer une entreprise tournée vers l’intelligence artificielle. Durant la Google I/O, grande conférence consacrée aux développeurs, Sundar Pichai, désormais PDG, annonce Assistant. Une technologie qui a vocation à être intégrée sur l’ensemble des produits de la marque et qui permet d’interagir avec ses services de façon naturelle, par la voix. 

Arrivé bien après Amazon et Apple sur ce marché, Google a eu le temps de peaufiner ses technologies. Résultat : Assistant est clairement un outil plus impressionnant que Siri ou Alexa, d’autant qu’il profite de la suprématie technologique de Google en matière de reconnaissance vocale, d’analyse sémantique et de machine learning. 

Octobre 2016 : Google prend enfin pied dans le hardware

Si l’épopée de Google a commencé dans le logiciel, le matériel apparaît sur la feuille de route stratégique dès 2010, avec le lancement du Nexus One, un smartphone conçu en partenariat avec HTC. Deux cuisants échecs freinent ensuite les ardeurs de la société : le rachat de Motorola Mobility en 2011 (revendu trois ans plus tard à Lenovo) et l’ambitieux projet de lunettes connectées, Google Glass, en 2012 (enterré sous forme de produit professionnel). En 2013, Google revient à la charge avec la clé TV Chromecast, qui a immédiatement rencontré un grand succès.

Le Pixel 2, smartphone fait maison qui se distingue de la concurrence par ses performances en photo. 

Mais la société n’aura réellement la stature de fabricant qu’à partir du 4 octobre 2016, lorsqu’elle annonce – sous la houlette de Rick Osterloh, le nouveau « Monsieur hardware » – deux smartphones (Pixel et Pixel XL), un casque de réalité virtuelle (Daydream View), un routeur Wi-Fi intelligent et une enceinte connectée (Home, voir plus haut). Depuis, la gamme « made by Google » s’est élargie avec notamment la caméra Clips, l’enceinte Home Max, l’ordinateur haut de gamme Pixelbook, ainsi que de toute l’offre domotique de Nest Labs, qui a été intégrée à Google en février 2018. L’entreprise a par ailleurs racheté la division smartphones d’HTC. Objectif : coloniser les poches et le domicile de l’internaute.

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Gilbert Kallenborn, Pierre Fontaine, Amélie Charnay et Eric LB