Grand Nancy - Handicap Les pouvoirs cachés d’une balle de golf

En trois ans, l’association Albatros a su montrer que le golf pouvait, pour les handicapés ou les seniors, être un outil étonnant de resocialisation voire de réinsertion. Elle veut intensifier son action.
Ghislain UTARD - 08 août 2017 à 05:00 - Temps de lecture :
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L’association Albatros entend développer son activité d’insertion sociale et d’épanouissement par la pratique du golf.  Photo ER
L’association Albatros entend développer son activité d’insertion sociale et d’épanouissement par la pratique du golf. Photo ER

Avec un début de carrière brillant dans la restauration, la voie d’Aurélien* était toute tracée. Et puis l’imprévisible : un AVC, une aphasie, des séquelles irréversibles, une famille qui se mobilise mais toute une existence qui s’effondre avec le handicap. Aurélien mène aujourd’hui un combat qui va lui permettre de retrouver un travail dans les espaces verts. Sur sa route, il a croisé l’association Albatros de Pulnoy. Elle a contribué à tracer ce nouveau chemin…

Depuis trois ans, Albatros travaille en effet à favoriser « l’insertion sociale, l’épanouissement et la mobilité des personnes handicapées ou des seniors sédentaires par une pratique adaptée du golf ».

Il ne s’agit pas simplement de taper dans une balle mais bien d’utiliser ce sport comme un véritable outil, sinon de thérapie, du moins d’inclusion sociale. Des médecins, des kinés, des spécialistes du handicap ont rejoint les rangs de l’association pilotée par Philippe Chevrier (ancien directeur de l’UGECAM, un groupement d’établissements de santé) et Gérard Royer (ancien maire de Pulnoy). « Nous proposons des activités à des groupes d’adultes ou d’enfants, handicapés physiques ou mentaux, via des institutions mais aussi à des seniors qui vivent reclus… »

Mobilité, bien-être

Une participation, adaptée aux ressources est, pour le principe, demandée afin « de montrer que les handicapés sont à considérer comme tout un chacun ». La démarche d’Albatros consiste à faire du golf un instrument favorisant mobilité et bien-être. « Nous travaillons avec des petits groupes de dix personnes maxi. La pratique est, dans un premier temps, un moyen de mesure qui permet de savoir où en est chacun sur le plan physique, mental… », explique Corine Graff, consultant en insertion sur le handicap. « Ensuite, au travers de cette petite balle qu’il faut envoyer, on parvient à créer une compréhension des consignes à suivre, à développer le relationnel avec les autres membres du groupe… ».

Histoires terribles

L’intérêt du terrain de golf, c’est aussi qu’il permet une mixité avec les valides et que les échanges se nouent très vite. « La relation, a priori superficielle, est en réalité un profond point d’ancrage. »

Ces deux dernières années, plus de 150 personnes ont profité de cette approche handi-golf. « On rencontre des personnes avec des histoires terribles. Mais il se passe des choses extraordinaires », témoigne Marie-Laurence Gruninger, une kiné en retraite qui s’implique dans l’association. « L’intérêt d’Albatros, c’est aussi de rassembler des compétences dans la complémentarité. »

Au regard des résultats, l’association entend intensifier son activité avec, elle l’espère, l’appui de sponsors ou de mécènes (appel lancé !). La petite balle a en tout cas des pouvoirs cachés. Sur le golf de Pulnoy handicapés et valides se croisent et dialoguent sans que la différence ait de l’importance.

*Le prénom a été changé.

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