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Interview

Stan Chudnovsky : « Les changements de Messenger vont devoir être graduels »

Le directeur de Messenger détaille les évolutions de l'application utilisée par plus de 1,3 milliard de personnes par mois, à l'heure où Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, la maison-mère de Messenger, veut introduire le chiffrement de bout en bout.

Stan Chudnovsky, le directeur de Messenger
Stan Chudnovsky, le directeur de Messenger (Photo Pedro Fiuza/Sipa)

Par Anaïs Moutot

Publié le 1 mai 2019 à 15:01Mis à jour le 2 mai 2019 à 16:00

Comment va évoluer Messenger suite aux changements annoncés par Mark Zuckerberg ?

Les changements vont devoir être très graduels et réalisés pour le bénéfice des milliards de personnes utilisant l'application tous les mois. Nous sommes vraiment au tout début de l'exploration des évolutions d'infrastructure nécessaires pour pouvoir écrire à quiconque depuis n'importe quelle application.

Mais pour être interopérable avec WhatsApp, WhatsApp étant déjà chiffré de bout en bout, nous devons faire pareil, nous assurer que seulement vous et votre interlocuteur accèdent au contenu. Nous avons déjà une fonctionnalité dans Messenger baptisée « conversations secrètes », mais ce n'est pas par défaut, il faut la trouver dans l'application. C'est le gros défi technique qui nous attend.

Quel est le calendrier prévu pour ces changements ?

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Cela va prendre des années. Nous saurons plus précisément le nombre d'années fin 2019.

Pourquoi aussi longtemps ?

Une des raisons principales est que nous voulons faire ces changements de manière ouverte, en consultant les différentes parties prenantes et les experts sur la meilleure manière de faire. Les gens veulent des conversations privées mais ils veulent aussi se sentir en sécurité, donc nous devons trouver la bonne manière de répondre à ces craintes. WhatsApp a des obligations très strictes concernant l'utilisation et le stockage des données et nous devons voir si nous adhérons à ces standards. Nous devons aussi nous demander si nous devons collecter moins de métadonnées par exemple.

Comment Facebook va-t-il réussir à fournir un ciblage publicitaire toujours plus précis en encourageant les gens à partager dans des espaces privés ?

Nous n'utilisons par le contenu des messages dans Messenger pour du ciblage publicitaire actuellement, donc ce n'est pas comme si nous allions perdre quelque chose. Ensuite, il ne faut pas oublier que le partage sur les espaces publics grossit. Les échanges privés grossissent plus vite, mais c'est l'expression « plus vite » qui compte.

Concernant l'évolution de Messenger vers un plus grand respect de la vie privée, nous devons fournir aux utilisateurs ce qu'ils désirent. C'est comme cela que fonctionne Facebook depuis 15 ans : nous construisons des produits que les gens veulent et trouvons ensuite un moyen de les monétiser.

Où en êtes-vous dans la monétisation de Messenger ?

Nous expérimentons déjà avec un certain nombre de choses pour construire des écosystèmes solides pour les entreprises et leur permettre de parler à leurs clients en temps réel. Quelque 300.000 développeurs permettent à 40 millions d'entreprises d'être actives sur Messenger tous les mois. Le nombre de messages entre les internautes et les entreprises a doublé depuis octobre pour atteindre 20 milliards par mois. Les gens ne veulent plus se parler au téléphone entre eux, et c'est la même chose avec les entreprises.

Nous annonçons aujourd'hui deux nouveaux modules pour les entreprises, l'un pour prendre rendez-vous au sein d'une conversation, l'autre pour la génération de « leads ». Messenger marche très bien pour les agents immobiliers et les concessionnaires automobiles cherchant des clients potentiels.

Comment faites-vous de l'argent avec ces services ?

Je ne suis pas inquiet à ce sujet. Si nous avons des produits que les gens et les entreprises adorent, nous trouverons un moyen de faire de l'argent. Notre activité publicitaire se développe aussi. Nous avons des publicités dans la boîte de réception et dans les « stories » [courtes vidéos disparaissant au bout de 24 heures, NDLR]. Et l'un des produits publicitaires qui connaît la plus forte croissance sur Facebook, ce sont les publicités renvoyant à une conversation dans Messenger.

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Les entreprises sont très intéressées par la possibilité de démarrer une discussion avec des clients potentiels. Dans le futur, des transactions pourraient avoir lieu au sein de la conversation. Tout sera possible quand notre écosystème d'entreprises sera suffisamment développé.

Pourquoi avoir, dans ce cas-là, annoncé la fin des paiements au Royaume Uni et en France ?

Nous avons complètement reconstruit l'infrastructure de Messenger pour lancer Lightspeed, une version qui fait de Messenger l'application de messagerie la plus rapide du marché. Nous ne pouvions pas intégrer toutes les fonctionnalités dans la première version.

Mais cela ne veut pas dire que nous arrêtons les paiements dans ces deux pays. Cette fonctionnalité sera réintroduite. Les paiements sont définitivement quelque chose que nous n'abandonnons pas.

Pourquoi les paiements ont-ils été conservés aux Etats-Unis ?

Nous avons gardé cette fonctionnalité aux Etats-Unis car c'était assez facile de migrer les paiements sur notre nouvelle infrastructure ici. Mais nous n'avons pas réussi à le faire à temps en Europe, pour des raisons de régulation notamment.

Travaillez-vous sur une cryptomonnaie ?

Moi non, mais une autre équipe oui. Je ne peux pas en dire plus.

Les « stories » semblent moins utilisées sur Messenger que sur Instagram. Est-ce le cas ?

Les « stories » grossissent vite sur Messenger. Nous venons d'annoncer 500 millions d'utilisateurs par jour sur Facebook et Messenger. Mais la croissance est différente selon les zones géographiques. Dans certaines régions, Instagram est dominant pour les « stories » et la France est l'un de ces marchés. Dans d'autres, c'est l'inverse.

Nous introduisons aussi Friends Tab, qui permet de partager les « stories » des différentes applications avec ses amis proches dans un onglet de Messenger. Cela va contribuer à la croissance des « stories » sur notre application et nous donner des opportunités pour augmenter nos publicités au sein de ce médium.

Anaïs Moutot (Correspondante à San Francisco)

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