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NON, digitalisation et robotisation ne détruisent pas l'emploi, MAIS...

Publié le mercredi 4 décembre 2019 . 5 min. 50

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Quel est le vrai bilan de la digitalisation sur l’emploi à ce jour ? Il y a quelques années, face aux avancées de la robotisation, de l’intelligence artificielle, la thématique de la fin du travail est revenue sur le devant de la scène. Faisant écho à cette nouvelle vague de pessimisme technologique, une étude de Frey et Osborne de 2013 avait défrayé la chronique en signalant le fait que 47% des métiers américains étaient hautement exposés à un risque de digitalisation à horizon de 10 à 20 ans. L’accélération digitale annonçait un tsunami sur l’emploi.

L’emploi demeure étonnamment résilient

Force est de constater que face à ces prophéties, l’emploi est étonnamment résilient, et même plus que résilient. Les données les plus récentes montrent que la population en âge de travailler n’a jamais été aussi intensément mobilisée dans l’emploi qu’au cours des dernières années dans la majeure partie des économies avancées, à l’exception des États-Unis qui n’ont pas totalement retrouvé leurs sommets des années 90. Et si l’on met maintenant le focus sur les métiers les moins qualifiés de contact direct à la clientèle ou les professions élémentaires les plus directement exposés au risque d’automatisation, leur part dans l’emploi est stable, sur le papier du moins, à l’instar de ce que l’on observe dans la zone euro.

Prolongeons le constat en l’affinant dans le cas américain. L’étude de Frey et Osborne, que j’ai mentionnée d’entrée, avait eu le mérite d’indicer chacun des 702 métiers inventoriés par le BLS en fonction de leur degré d’exposition à la digitalisation, avec un coefficient variant de 0 à 1. Nous avons maintenant un recul de 5 ans par rapport à ce signalement. En 2013, 320 métiers avaient un indice d’exposition au risque d’informatisation supérieur ou égal à 0,7. Ils représentaient 47,6% de l’emploi US. Comment a varié cet emploi depuis cette date, jusqu’à la mi-2018, dernier point connu ? Il a progressé de 7% dans un contexte où l’emploi total américain a augmenté de 9,2 %.

Premier constat, à ce stade, les écarts sont relativement faibles, bien loin des craintes relayées alors par les collapsologues du digital. Focalisons-nous maintenant sur les 141 métiers à très haut degré d’exposition, avec un niveau de menace supérieur ou égal à 0,9 — qui en 2013 représentaient 31% de l’emploi américain. Là encore, on observe une croissance continue de ces emplois, avec une progression de 5% en cumulé, certes inférieure à la moyenne US, mais qui demeure significative. Et ce qui frappe, dans cet échantillon de métiers, qui disposent de toutes les caractéristiques pour être balayés par les avancées et la diffusion numérique, c’est l’extrême dispersion des performances.
87 de ces 141 métiers sont en croissance positive et 51 croissent à un rythme supérieur à celui de l’emploi américain. Et si je mets maintenant le focus sur les métiers dont le risque est élevé, sans être extrême — leur indice étant supérieur à 0,7 et inférieur à 0,9 — je constate que leur progression de 12% est supérieure à celle des emplois à moindre risque. Bref, la digitalisation n’agit ni de façon rapide, ni homogène, ni avec l’ampleur attendu par certains.

Les métiers se recomposent sous l’effet de la technologie

Ce que montre l’analyse par métier, c’est que les petits emplois de services liés à la personne, aux services de contact, à la santé, au tourisme, à la sécurité, à l’accueil, etc., ont non seulement la peau dure face aux robots, mais qu’ils prospèrent dans la dernière période. Parmi les progressions les plus notables, qui ne sont pas liées à des effets de mode, comme les manucures, il y a les métiers de restauration, en cuisine comme en salle, les fonctions d’assistance dans la santé, la distribution d’assurance ou postale, les métiers d’accueil, et même le métier de caissiers qui progresse encore de 7%.

Bref, le monde ne se transforme pas en grand distributeur automatique. Les petits métiers manuels ou de contacts sont très loin d’être balayés. Tout cela confirme ce que l’on sait déjà.
1/ Les organisations, les process, ont une dimension culturelle forte. Ils ne se plient pas fatalement et mécaniquement aux potentiels de la technologie.

2/ Un métier est un assemblage de tâches, la technologie, même la plus performante, ne le dépouille pas de sa fonctionnalité. Il se réinvente, se recompose, le plus souvent sous l’effet de la technologie.

3/ C’est un constat récurrent dans nos études Xerfi, les fameux pure players, ces plateformes numériques qui font irruption sur un marché, avec l’idée de tout balayer, tout désintermédier, sont souvent à la peine face à la capacité de résistance et d’adaptation des acteurs en place, la demande forte de contacts personnalisés, et bien loin du storytelling qui sous-tend leur modèle.

Enfin, on le sait aussi, les grandes plateformes externalisent toutes une série de petits métiers indispensables à leur fonctionnement (gardiennage, stockage, distribution…). Ces petits métiers à très faible productivité prospèrent dans la constellation du numérique. Et cette vraie vie des métiers surligne les effets de composition en faveur des petits jobs à basse productivité qui rendent bien moins paradoxale les faibles performances globales de nos économies en matière de productivité.


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