Publié le 05/04/2018

Présentés au Congrès des audioprothésistes, ces travaux montrent qu’il « ne suffit pas d’équiper des personnes pour que le problème de l’audition soit traité et que les risques sanitaires et sociaux liés à la presbyacousie soient aussitôt résolus ».

 

Cette première étude sociologique sur l’audioprothèse a été réalisée par Pierre-André Juven (post-doctorant Cermes3/Inserm, en photo) et Frédéric Pierru (chargé de recherche CERAPS/CNRS). Elle souligne que « le rôle de l’audioprothésiste n’est pas seulement de vendre un appareil mais bien d’équiper des personnes, de les suivre et d’en prendre soin », que « l’appareillage auditif n’est pas autosuffisant » et que l’ensemble du travail de conviction, d’éducation, l’entretien et les réglages effectués par l’audioprothésiste sont consubstantiels à son efficacité sur le patient, sa santé et son environnement social. Les auteurs du rapport jugent ainsi indispensable de « penser cette profession comme participant d’un travail social et médical de “care” » : les audioprothésistes « travaillent aussi, en un mot, sur de l’humain. Par conséquent, une part de leur activité sera toujours irréductible à la seule rationalité marchande et/ou industrielle, avec ses implications en termes de concurrence par les coûts et de standardisation des prises en charge, sauf à menacer la qualité de ces dernières ».

 

Fortes de ces nouveaux enseignements qui confirment que la prestation de l’audioprothésiste est déterminante pour le maintien des importants taux de satisfaction et d’observance en France, les organisations professionnelles (CNA, FNEA, Synam, Synea et Unsaf) déclarent que la profession « continuera à œuvrer de façon constructive sur le reste à charge zéro mais combattra la tentation des économies de court terme, et notamment la dissociation du financement appareil auditif/services associés, attentatoire au « care », fondement de la profession d’audioprothésiste et de son efficience ». Elles insistent sur un point phare de l’étude sociologique : « Sans prise en compte de l’environnement des personnes et du caractère ‘politique’ et social (et non pas seulement technique et marchand) de l’audition, toute tentative de régulation est vouée à revoir sa copie dans dix ou quinze ans, constatant alors que des économies auront été réalisées à court terme mais avec des effets sanitaires (et donc, de fait, économiques) très insatisfaisants à moyen et long termes, dans le contexte, faut-il le rappeler, de vieillissement de la population ».

 

L’intégralité de l’étude est publiée sur hal.archives-ouvertes.fr

 

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