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Sophie Cluzel (Secrétaire d’État) : “derrière un écran, le handicap se gomme”

Sophie Cluzel, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre et chargée des personnes handicapées, a répondu à nos questions sur l’accessibilité dans le jeu vidéo.

La semaine dernière s’est tenue la dixième édition de la Paris Games Week. Le salon s’est imposé au fil des années comme le rendez-vous annuel du jeu vidéo en France, et sa popularité ne cesse de croître à travers le monde. Pour favoriser l’accessibilité dans le jeu vidéo, le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs (SELL) a réservé depuis maintenant 3 ans un espace où sont rassemblées de multiples associations qui soutiennent la cause. Sophie Cluzel, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des Personnes handicapées, s’y est déplacée pour la deuxième année consécutive afin de découvrir les moyens mis en oeuvre pour développer l’accessibilité dans le jeu vidéo. En tant que partenaire média du Grand Tour #NSTG – Nous Sommes #TousGamers, nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec elle en marge du salon.

Presse-citron : Pour les lecteurs qui ne connaissent pas encore la problématique de l’accessibilité dans le jeu vidéo, pouvez-vous nous rappeler en quoi l’inclusion dans ce domaine est importante ? 

Sophie Cluzel : Je pense qu’il y a un réel engouement en France pour soutenir l’accessibilité et l’égalité des chances dans le jeu vidéo. Qu’il s’agisse de personnes handicapées ou non, jouer aux jeux vidéo est une passion partagée par de nombreux Français. Et l’avantage est que derrière un écran, le handicap se gomme. À partir du moment où les jeux sont accessibles et que le matériel est adapté, nous sommes tous égaux face à un écran. On voit toujours plus de personnes en situation de handicap s’intéresser aux jeux vidéo parce qu’ils deviennent “comme les autres”. Ils peuvent ainsi partager les mêmes envies et les mêmes compétences.

À partir du moment où les jeux sont accessibles et que le matériel est adapté, nous sommes tous égaux.

Presse-Citron : Depuis 2017, la Paris Games Week met en avant l’accessibilité dans le jeu vidéo avec un espace dédié “Jouez comme vous êtes”. Y sont présentes des associations comme Handigamers, Rebird ou encore CapGame. Comment le gouvernement soutient-il ces projets ?  

S.C. : Le gouvernement n’a pas d’action directe pour faire grandir ces projets, si ce n’est d’aller à leur rencontre sur le salon – comme je le fais depuis maintenant deux ans -, de les mettre en lumière et de promouvoir cette accessibilité universelle. De manière générale, j’encourage l’accessibilité à travers tous les sports, y compris l’Esport et donc par extension les jeux vidéo. Nous mettons tout en oeuvre pour pousser au maximum l’accessibilité “virtuelle” : il faut que le matériel, l’interface, le gameplay et le design soient adaptés à tous.

C’est ce que j’ai pu constater sur des démonstrations de l’éditeur Ubisoft par exemple – mais aussi plus généralement sur la majorité des jeux que j’ai pu découvrir sur le salon. On peut aujourd’hui les paramétrer de façon individuelle, selon les difficultés et problématiques de chacun – qu’elles soient visuelles, auditives ou même de compréhension. Il faut également adapter tous les sites dans lesquels se déroulent les compétitions, pour que les bâtiments soient accessibles physiquement à tous.

Notre rôle est de proposer des conditions optimales aux handigamers pour qu’ils deviennent des gamers comme les autres. Je sais que plusieurs associations y contribuent de manière très active : CapGame agit pour améliorer l’accessibilité aux jeux vidéo par exemple, et Handigamers prend en charge les déplacements des joueurs en situation de handicap. C’est le devoir du gouvernement que de faire découvrir au grand public des champions handisports comme Flavien Gelly (Just One Hand) ou Julien Ducros – qui sont vraiment engagés dans ce secteur et qui contribuent à faire évoluer les compétences des personnes en situation de handicap.

HandiGamers
© Presse-citron.net – Avec Christopher Klippel (journaliste), Rayann (joueur Esport Rebird), David Combarieu (Fondateur Handigamers) et Alexandre (joueur Esport RaceClutch)

Presse-citron : La France s’est fixée comme objectif de devenir le leader dans le domaine de l’Esport. Est-il indispensable de mettre en avant des équipes d’Esport comme Rebird (ndlr : spécialisée dans les handigamers) pour y parvenir ?  

S.C. : Dans les assises qui ont été organisées conjointement par le ministère de l’Économie et des Finances et le ministère des Sports, il y avait une table ronde qui était justement dédiée à l’Esport et au handicap. C’est à ce moment-là que nous avons pointé les grandes mesures que j’ai pu vous décrire précédemment : favoriser l’accessibilité aux compétitions physiques, faire en sorte que les jeux vidéo deviennent nativement accessibles, et puis travailler à changer les mentalités – notamment via les réseaux sociaux – tout en prenant en compte l’influence et la toxicité que peuvent avoir certains jeux sur les personnes en situation de handicap.

Il faut que la France se saisisse de tout cela pour être leader par l’accessibilité universelle de tous types de handicaps. Nous avons là un vrai levier pour porter une voix de la France, qui est celle de la société inclusive et celle de la participation de tous, pour en faire un réel levier de performance.

Nous avons pointé les trois grandes mesures : […] favoriser l’accessibilité aux compétitions physiques, […] faire en sorte que les jeux vidéo deviennent nativement accessibles et travailler à changer les mentalités.

Presse-citron : En dehors des événements comme la Paris Games Week, comment le gouvernement contribue-t-il à l’accessibilité dans le jeu vidéo ? Existe-t-il des partenariats avec des éditeurs ou développeurs ?  

S.C. : Nous n’avons à l’heure actuelle pas de partenariat en direct avec les éditeurs de jeux. En revanche, nous avons pris un engagement qui consiste à définir des clauses très spécifiques pour favoriser le handisport et la mixité dans les projets que nous finançons, à travers l’agence nationale du sport ou l’association France Esport.

Lorsque nous concrétisons ces financements, nous établissons à chaque fois des clauses de responsabilité sociétale qui devront être mises en oeuvre à travers un cahier des charges, et qui seront contrôlées par nos soins. Les projets seront éligibles à un financement uniquement si ces clauses sont respectées.

Presse-citron : Nous avons pu voir dernièrement l’exploit du ZEvent, un événement pendant lequel une cinquantaine de joueurs ont récolté plus de 3,5 millions d’euros pour la fondation Pasteur. À quand un tel événement soutenu par le gouvernement – avec des gamers qui se mobiliseraient pour une meilleure accessibilité dans les jeux vidéo ou pour le Téléthon ?

S.C. : Et bien lancez-le, c’est une très bonne idée ! Cela ne marche jamais aussi bien que lorsque c’est une initiative participative qui vient des personnes elles-mêmes. Donc, c’est une très belle idée et si elle est lancée, je la soutiendrai et je le relaierai. Donc, allons-y !

NDLR : pour faire un don pour le Téléthon, c’est par là que ça se passe.

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