Les vibrations émises par des instruments peuvent avoir un effet relaxant.

Les vibrations émises par des instruments peuvent avoir un effet relaxant.

Getty Images/Matthew Wakem

Pousser la porte d'un studio de bain de gong, c'est entrer dans un monde parallèle, loin de l'esprit cartésien de notre société occidentale. Ici, on s'habille en blanc pour garder les énergies négatives à distance et le professeur porte un turban sur la tête pour "s'enraciner" et protéger la chaleur spirituelle. Le gong -composé de cuivre, de bronze ou de nickel- est érigé au fond de la salle comme un trophée, prêt à envoyer des vibrations relaxantes aux pratiquants.

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Elsa, jeune Parisienne de 27 ans, a réalisé son premier bain de gong il y a un an. "J'étais sceptique sur les effets des vibrations, dont aucune étude scientifique ne vient appuyer les bienfaits, mais la curiosité de découvrir de nouvelles sensations relaxantes l'a emporté." La jeune femme se souvient de sa surprise en découvrant une salle comble. "On distinguait à peine le parquet tant les tapis de yoga étaient serrés pour accueillir un maximum de personnes."

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Une relaxation vibrante

"Le bain de gong est issu de la tradition du Yoga Kundalini", explique Navjeet Singh, Président de la Fédération Française de Kundalini Yoga. Le jeune homme a suivi les enseignements d'un maître indien pour se former à la pratique et propose des bains sonores à Nantes et à Paris. "Lorsque je joue du gong, je laisse place à l'expérimentation et combine plusieurs rythmes et intensités selon la zone d'impact du maillet."

Les vibrations vont agir de la même manière qu'une pierre que l'on jette dans l'eau. "Il y a une propagation des ondes, comme une vague relaxante qui se répète, décrit Navjeet Singh. C'est une expérience que l'on ressent profondément car nous sommes composés à 70% d'eau."

Après s'être allongée sur un tapi, Elsa se laisse bercer par la voix de la professeure. "Elle nous a demandé d'exprimer mentalement une intention -sankalpa en sanskrit- pour provoquer un changement intérieur." Le concert débute sous l'action du joueur de gong. Les vagues vibratoires entament leur danse méditative. "Je me suis laissée envelopper par les vibrations sans savoir si je les entendais ou si je les ressentais. J'ai rapidement lâché prise," témoigne la jeune femme.

Selon elle, l'intention est importante pour ressentir les effets du bain de gong. "Elle joue le rôle de fil conducteur. Sans l'action de ma pensée, je ne sais pas si j'aurais réussi à me détendre véritablement."

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Vibrer en chanson

Certains préfèrent vibrer en chanson pour atteindre un état méditatif. Après la naissance de ses jumeaux, Sandrine ne parvenait pas à s'apaiser. "Entre le stress et le bruit, je n'imaginais pas réussir à méditer chez moi durant mon congé maternité." Elle entend parler d'un cours de yoga du son près d'Angers. "Chanter devant les autres me faisait peur, je craignais d'être ridicule. J'ai été rassurée de voir qu'il n'était pas nécessaire d'avoir le talent de Rihanna pour participer. Le plus difficile est d'apprivoiser le son de sa propre voix."

Sandrine, qui n'est pourtant pas croyante, se surprend à prier pendant la séance qui mélange des postures de yoga à l'énonciation de sons, mantras et chants piochés dans diverses religions. "Je ne pensais pas à un Dieu en particulier, mais l'ambiance du cours revêtait une dimension sacrée. J'étais bercée par ma propre voix et celles des autres."

Moduler sa voix et expérimenter de nouveaux sons pendant un enchaînement de postures à un rythme lent permet aussi aux élèves de comprendre les bienfaits d'un souffle profond. "J'ai découvert l'importance du diaphragme et compris ce qu'était la respiration méditative. En sortant des séances, je me sens à chaque fois reconnectée à moi-même et davantage consciente des besoins de mon corps. Chez moi, j'ai arrêté d'être en pilotage automatique. Je prends le temps de respirer et de chanter avec mes enfants quand je me sens dépassée. Ça ne les calme pas forcément mais moi, ça me fait du bien."

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Des sons pour accompagner l'effort

Leila Echchihab, fondatrice de Bliss Home, un lieu parisien dédié à la médecine douce, propose des cours de Yin Yoga. Chaque posture y est accompagnée par des sons tels qu'un coup frappé sur un bol tibétain ou l'agitation d'un carillon. "C'est un yoga doux mais profond, qui sollicite les tendons et les ligaments pour déloger les tensions enfouies. Il faut parfois tenir les postures cinq minutes. C'est long, mais le son permet de donner plus de puissance à l'intention."

Instruments yin yoga

Les instruments d'harmonisation utilisés durant le Yin Yoga. De haut en bas : tong drum, grappe de noix, bol de cristal, gong et bol chantant.

© / Courtesy of Leila Echchihab

"Entendre ce qui se passe en nous"

Au quotidien, Sandrine repense souvent à une phrase que répète leur professeur durant les cours de yoga du son : "La voix est l'écho de l'âme." "J'ai appris à m'écouter. La pratique de cette discipline m'a donné l'impulsion de consulter un psychologue pour parler de mon accouchement, qui s'était mal passé. Avant, j'étais incapable de verbaliser mes angoisses."

Expérimenter ces vibrations permet de redonner le sens qu'il mérite à l'écoute de soi. Un désir intrinsèquement lié à la pratique du yoga selon Elodie Garamond, fondatrice des salles du Tigre Yoga Club à Paris. "L'envie de commencer cette discipline traduit la volonté d'entendre ce qui se passe à l'intérieur de nous et de réconcilier le corps et l'esprit."

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