brad pitt, ellen degeneres, bradley cooper et dautres acteurs americains prennent un selfie aux oscars

Prendre des selfies relève-t-il de la maladie mentale ?

En 2014, le site Abodo annonçait la classification de la "selfitis" comme un trouble mental. C’était un canular. Trois ans plus tard, deux chercheurs révèlent les résultats de leur étude sur le sujet.

L'ère du numérique porte en germe de nouvelles peurs et addictions. Après la « nomophobie » (la peur de s’éloigner de son smartphone), la « technoférence » (intrusion constante de la technologie dans la vie quotidienne) et la « cyberchondrie » (hypochondrie après avoir consulté les sites de symptômes en ligne) dites bonjour à la selfitis !

Il y a trois ans, le site d'informations parodique Abodo Chronicles publiait un canular : se prendre en selfie de manière compulsive avait été reconnu comme une maladie par l’American Psychiatric Association. Depuis, deux chercheurs ont décidé de se pencher sérieusement sur la question.

Sortis de la Nottingham Trent’s Department of Psychology et de la Thiagaraj School of Management, Mark Griffiths et Janarthanan Balakrishnan ont interrogé un premier panel de 200 étudiants pour déterminer une grille d’évaluation de cette maladie nommée la SBS (Selfitis Behaviour Scale). Ils ont ensuite tenté d'identifier les facteurs de motivation de la selfitis sur 400 participants en Inde. En somme, il s'agissait de comprendre les raisons justifiant de prendre  « entre 3 et 6 selfies par jour ? », seuil critique d'apparition de la « maladie ».

L’étude a été menée en Inde, pays comptant le plus d’utilisateurs sur Facebook, mais aussi (et surtout) celui qui totalise le plus grand nombre de décès par prise de selfies dans des zones dangereuses : 76 sur 127 décès dans le monde en 2016.

Les résultats, parus dans l’International Journal of Mental Health and Addiction, ont confirmé la présence de trois degrés de selfitis : limite, dans le cas où les sondés prennent au moins trois selfies par jour sans les poster sur les réseaux sociaux ; aigüe, les personnes interrogées postent au minimum trois photos ; chronique, les utilisateurs postent plus de six selfies par jour.

D’après l’étude, ces comportements trouvent leur source dans 6 motivations : la compétition sociale, la recherche d’attention, l’amélioration de l’humeur, la confiance en soi, l’appartenance à un groupe et la mise en avant de son environnement.

Cette dernière arrive en première place, elle permettrait notamment de mieux se souvenir d’un voyage ou d’une expérience et ferait également office de trophée. Vient ensuite la compétition sociale : « mes différents selfies boostent mon statut social », « Partager mes selfies avec mes amis et mes collègues crée un sentiment de compétition ». Le troisième facteur est la recherche d’attention, devant les changements d’humeur (le selfie et les likes pour lutter contre les coups de blues), la confiance en soi et la conformité, l'appartenance.

tableau statistique de letude
90 %
Autre indication, sans surprise, ce sont les 16 à 20 ans et les 21 à 25 ans qui sont les plus « touchés » par la selfitis. Une donnée à nuancer cependant puisqu’ils sont surreprésentés dans l'étude (90% des participants du sondage).

 

Du côté de la communauté scientifique, les réactions sont plutôt sceptiques. Le Docteur Mark Salter, porte-parole de The Royal College of Psychiatrists, a par exemple déclaré : « Il y a une tendance à vouloir labelliser toute une gamme de comportements humains complexes avec un simple mot. C’est dangereux car cela peut rendre réel quelque chose qui ne l’est pas. »
premium2
À lire aussi
commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire