entretien, avec Emmanuel Delerm, Directeur du programme blockchain Carrefour.
« Le dispositif blockchain de traçabilité est utilisé pour 1 poulet acheté sur 20"
Qu’est-ce que l’usage de la blockchain change aujourd’hui pour un grand groupe comme Carrefour ?
La blockchain est une plateforme partagée qui permet de transmettre des informations entre ses membres, de façon sécurisée. Elle créée donc de la confiance, de la traçabilité au bénéfice des consommateurs : des valeurs essentielles pour tout distributeur engagé.
Est-ce que les consommateurs utilisent l’outil de traçabilité basé sur la blockchain que vous avez lancé dernièrement pour votre filière poulet ?
Oui, les clients l’utilisent toutes les semaines depuis le 6 mars (1 poulet sur 20 en moyenne). L’appétence des consommateurs pour les QRCodes — que le consommateur doit utilisé pour accéder aux informations — est très variable selon les pays. Par exemple, le consommateur chinois en est très friand, notamment pour les produits de la zone marché. Nous sommes convaincus que la tendance s’amplifiera sur tous nos marchés.
Quels sont les enseignements que vous en tirez ?
Cette initiative nourrit l’ambition fixée par Alexandre Bompard pour le groupe Carrefour de devenir le leader de la transition alimentaire pour tous. C’est une première européenne qui garantit aux consommateurs une transparence sur la traçabilité de nos produits.
Nos clients sont curieux d’avoir ces informations complémentaires, notamment sur les agriculteurs et les modes de production. Comme je l’ai dit, cette première est une affirmation de l’engagement de nos filières au bénéfice des consommateurs.
Allez-vous poursuivre l’expérimentation et l’étendre à d’autres types de produits ?
Oui, l’équipe travaille sur plusieurs produits, après l’utilisation de la technologie pour le poulet, nous venons de le faire pour les tomates et bientôt pour les œufs… Carrefour est passé du stade expérimental à un travail bientôt systématique.
Est-ce que vous croyez en la blockchain ou est-ce que vous pensez qu’il y a un effet de mode autour de cette technologie et des crypto-monnaies qui lui sont associées ?
Ceci va largement au-delà d’un effet de mode. L’effet sera durable autour des valeurs de partage et de preuve, de distribution du registre, des échanges directs. C’est ce qui ressort de nos échanges aussi bien internes qu’externes avec les parties prenantes.
La technologie va encore évoluer, notamment sur l’inter-opérabilité et la facilité d’usage au quotidien dans l’entreprise. L’équipe Carrefour maintient une veille sur les usages et sur la technologie. Nous sommes plus réservés sur les crypto-monnaies : ce n’est que l’un des usages de la blockchain.
Que pensez-vous des ICO, sachant que plusieurs acteurs du CAC 40 y réfléchissent actuellement ?
Les ICOs peuvent être une réponse à un besoin de financement d’une entreprise : ils sont un dérivé, avec un risque supplémentaire, des IPOs. Je trouve rassurant que les pouvoirs publics en France soient déjà mobilisés sur ces questions pour protéger les investisseurs sur notre territoire.
Avez-vous vous-même investi dans une crypto-monnaie ou une ICO ? Si oui laquelle ?
Nous sommes des distributeurs, pas des traders !
Propos recueillis le 07 Juillet 2018.
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