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Muriel Pénicaud : « Les entreprises doivent piloter les centres de formation » en apprentissage

Pour la ministre du Travail, il n'est pas question d'entrer dans des débats institutionnels  « purement défensifs » . Les régions continuent de réclamer le premier rôle.

Par Alain Ruello

Publié le 10 nov. 2017 à 18:05

Les questions de gouvernance, de financement ou opérationnelles sont « complexes », on en parlera « sans tabou ». Mais pour ce qui est de savoir qui fera quoi, on verra après. Place d'abord, au diagnostic et aux objectifs. C'est en ce sens que Muriel Pénicaud, flanquée de Jean-Michel Blanquer (Education nationale) et de Frédérique Vidal (Enseignement supérieur) a présenté ce vendredi l'état d'esprit qui doit animer les quatre groupes de travail chargés de mener la concertation sur la réforme de l'apprentissage .

Rien que de plus normal. Sauf que la ministre du Travail n'a pas éludé sa volonté de mettre les branches professionnelles aux premières loges du futur dispositif quitte à crisper un peu plus les régions . Même s'il ne le confirme pas, l'exécutif penche pour un schéma de réforme de la formation qui désigne un responsable pour chaque public - apprentis, chômeurs ou salariés - disposant pour agir d'une une source de financement dédiée .

« Tous les pays qui ont réussi ont mis les entreprises au coeur du système », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après avoir reçu les partenaires sociaux, les régions, les chambres consulaires et les professionnels de l'apprentissage. En France, seuls 7 % des jeunes suivent cette forme d'enseignement par alternance.

Pour lever les freins, la ministre veut que les entreprises « s'engagent plus dans la coconstruction (du contenu) des diplômes » et qu'elles puissent « davantage piloter les centres (de formation) en fonction de leurs besoins ».

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En clair, ce n'est pas aux jeunes et aux entreprises de s'adapter à l'offre de formation, mais l'inverse.

Les régions n'ont pas caché leur préoccupation par la voix de David Margueritte (Normandie), le président de la Commission « emploi, formation et apprentissage » de Régions de France. Se déclarant « très vigilant et inquiet sur la question de savoir qui pilotera l'apprentissage », il a appelé à ce que « les régions restent les autorités qui régulent » le dispositif, selon l'AFP.

« Je n'ai pas dit que les branches professionnelles vont prendre la main », mais « nous n'entrerons pas dans des débats purement défensifs institutionnels », leur a répondu indirectement Muriel Pénicaud, estimant que les institutions doivent être « au service des jeunes et des entreprises ».

Derrière ces enjeux de pouvoir se cachent, évidemment, des questions de gros sous. Payée entièrement par les entreprises, la taxe d'apprentissage est reversée à hauteur de 51 % aux Régions. François Asselin, le président de la CPME, réclame plus d'efficacité dans le circuit de financement .

Au-delà de la complexité de l'organisation, l'apprentissage bute aussi sur le peu de place qui lui est consacré dans l'orientation des élèves. « Il y a un gros travail à faire au niveau de l'orientation au collège et au lycée », a confirmé Aurélien Cadiou, de l'Association nationale des apprentis de France (Anaf).

L'orientation est « le premier des sujets », approuve le ministre de l'Education. « C'est évident que nous devons évoluer sur ce point. De la même façon, nos structures doivent évoluer », poursuit Jean-Michel Blanquer.

A la question de savoir s'il faut accueillir moins d'élèves sous statut scolaire dans l'enseignement professionnel ou s'il faut demander aux lycées professionnels d'ouvrir davantage de sections d'apprentissage, le ministre se montre prudent, indiquant ne « pas vouloir préempter des conclusions » alors que la concertation ne fait que commencer. Mais il précise que l'on « n'est pas obligé de raisonner avec des cadres anciens », et que la concertation pourra « déboucher sur des choses complètement nouvelles et très originales », au nom de « l'insertion réussie des jeunes ».

Alain Ruello

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