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Décryptage

Pourquoi Warner Music investit dans la blockchain

La troisième plus grande maison de disques au monde a participé au tour de table réalisé par la société Dapper Labs, basée sur la technologie blockchain. Warner Music espère à l'avenir utiliser ce cahier de compte numérique à des fins de merchandising digital, mais vise aussi à s'emparer d'une technologie qui pourrait aider à rémunérer les artistes sans passer par l'intermédiaire des labels.

La plate-forme « Flow » sera lancée en 2020.
La plate-forme « Flow » sera lancée en 2020. (Shutterstock)

Par Jean-Philippe Louis

Publié le 16 sept. 2019 à 15:54Mis à jour le 16 sept. 2019 à 19:03

Alors que la technologie « blockchain » est vue comme un bon moyen pour les artistes d'être rémunéré en se passant des intermédiaires, les géants de la musique comptent bien ne pas se faire doubler. Cette semaine, le magazine « Forbes » révèle que Warner Music - qui produit des stars comme Bruno Mars, Ed Sheeran ou Cardi B - a participé au dernier tour de table de 11,2 millions de dollars mené par la société Dapper Labs, société de divertissement numérique, connu pour être derrière le buzz « CryptoKitties », premier jeu de la blockchain proposant d'échanger des chatons virtuels sur Internet.

La troisième major de la musique permettra à Dapper Labs d'élaborer une nouvelle plate-forme blockchain, baptisée « Flow », censée gérer des volumes de transactions de cryptomonnaies élevées.

« Flow » serait conçu spécialement pour prendre en charge les jeux et les divertissements. Il pourrait fournir un « débit supérieur » aux cryptomonnaies les plus connues. « Le bitcoin et l'ether montrent comment la crypto peut rendre le monde de la finance plus ouvert et transparent, Flow fera la même chose pour les consommateurs du divertissement et de la culture », indique Roham Gharegozlou, patron de Dapper Labs.

Faciliter les transactions artistes-auditeurs

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Pour Warner Music, la technologie blockchain devrait d'abord permettre aux fans d'acheter et collectionner plus facilement sur Internet des produits provenant de leurs artistes et groupes préférés. « L'objectif est de créer de nouvelles voies entre les artistes et leurs fans », indique Jeff Bronikowski, responsable du développement chez Warner Music : « Avant, on entrait dans la chambre de quelqu'un, on voyait ses 200 CD et on se disait, cette personne est un grand amateur de musique ; nous pensons désormais qu'au fur et à mesure, les gens consacreront plus de temps à créer leur personnalité dans le domaine du numérique. Et les collections et objets digitaux constituent un excellent moyen d'exprimer cette passion. »

Le « merchandising » est devenu une source de revenus non négligeable pour les maisons de disques et les artistes. En 2016, les ventes de produits dérivés liées à la musique augmentaient de 9,4 %, à 3,1 milliards de dollars. Il y a un an, Warner Music réalisait d'ailleurs sa plus grande acquisition au cours des cinq dernières années en rachetant pour 180 millions de dollars un site spécialisé dans la vente de produits dérivés en ligne.

Ne pas se laisser déborder par le numérique

Ce n'est pas la première fois qu'une major de la musique investit dans la cryptomonnaie. En octobre 2018, Sony Music, deuxième major, a déposé un brevet pour gérer les droits numériques avec la blockchain.

D'autres pourraient suivre. Les majors de la musique comptent bien ne pas se laisser déborder une seconde fois, après avoir loupé le démarrage du numérique et du téléchargement. Ainsi, alors que l'on croyait les majors mortes à la fin de l'ère CD, leurs investissements en amont dans le streaming ont fini par payer, au point de devenir plus tard leur principale source de revenus. Chez Warner Music, par exemple, le streaming génère désormais près de 2 milliards de dollars de revenus, tandis que la cession de sa participation dans Spotify s'est élevée en 2018 à 504 millions de dollars…

Désormais, c'est au tour de la blockchain d'être vue comme un moyen de se passer des labels : « Avec le numérique, on a mis en place dans la chaîne de valeur de la musique une multitude d'intermédiaires qui se sont positionnés entre les acteurs traditionnels et les artistes, estimait récemment dans 'Les Echos' Jérôme Pons, consultant en technologies et stratégies numériques. La blockchain apporte de la désintermédiation entre un artiste et un consommateur de musique. »

Mais à travers cet investissement, Warner Music compte bien ne pas perdre en influence. Plutôt que d'être un moyen de se séparer des maisons de disques, la blockchain pourrait, à terme, devenir l'un des nombreux services proposés aux artistes par les labels, les rendant un peu plus « indispensables ».

Pour aller plus loin, rejoignez « Les Echos cryptoclub »

Jean-Philippe Louis

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