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Contre les embouteillages, les Pays-Bas ont (peut-être) trouvé la solution

FIGARO DEMAIN - Rotterdam a décidé de rémunérer les automobilistes pour les décourager de prendre leur véhicule aux heures de pointe. Résultat : le trafic a diminué de 5% à 10% dans la capitale industrielle des Pays-Bas.

Les Français sont excédés par les embouteillages. Dans la plupart des grandes villes de l'Hexagone, les axes routiers sont de moins en moins fluides. Pour lutter contre ce fléau, plusieurs villes des Pays-Bas ont instauré le principe d'un «péage positif».

» La solution de Rotterdam expliqué au micro d'Emmanuel Moreau sur France Inter

« Il suffit de supprimer 8% à 10% du trafic aux heures de pointe pour le rendre fluide ».

Héline Mikielski, chargée de projet mobilité chez Egis

«L'idée est assez simple» confie Héline Mikielski, chargée de projet mobilité chez Egis dont la filière néerlandaise BNV Mobility a piloté le projet à Rotterdam. «Il s'agit d'agir pour provoquer un changement de comportement des automobilistes», poursuit-elle. Forte de son expérience, la société a constaté qu' «il suffit de supprimer 8% à 10% du trafic aux heures de pointe pour le rendre fluide».

Pour ce faire, Egis est partie du principe qu'il serait plus facile d'encourager les automobilistes vertueux, qui accepteraient de ne pas utiliser leur véhicule aux heures de pointe plutôt que de les contraindre. Ainsi, la société a conçu un système de récompense: les automobilistes qui ne se servent pas de leur véhicule sont rémunérés.

Expérimenté depuis 2010 à Rotterdam, le système est payant puisque le trafic a été réduit de 5 à 10% aux heures de pointe, ce qui a permis de fluidifier le trafic. Sur les 10.000 participants, la société a constaté un taux de participation de 40%, soit près de 4000 trajets évités chaque jour à Rotterdam. En retour, ces automobilistes qui acceptent de décaler leurs horaires, de faire du covoiturage, de rouler en vélo ou de prendre les transports en commun reçoivent un crédit de 3 euros en cash ou de 3,50 euros sur une carte de transport. Sur un mois un automobiliste peut ainsi gagner jusqu'à 120 euros.

Une solution testée auprès de 50 automobilistes franciliens

85% des participants conservent leurs nouvelles habitudes

Toutefois, tous les automobilistes ne peuvent pas faire partie du programme. La société qui pilote le projet sélectionne certains automobilistes et leur propose ensuite de participer au programme. Elle identifie d'abord les automobilistes qui empruntent régulièrement les portions de route congestionnées et leur propose de changer leurs habitudes. Avec ceux qui acceptent, elle installe ensuite un système qui détecte les plaques d'immatriculations des voitures. Si le véhicule ne passe pas ou en dehors des heures de pointe, l'automobiliste est rémunéré. Le programme dure un an mais la société a constaté que 85% des participants conservent leurs nouvelles habitudes après la fin du programme... Pourquoi rester dans les bouchons lorsque l'on peut les éviter?

Le programme coûte plusieurs millions d'euros par an à la ville de Rotterdam et il est assumé par les pouvoirs publics. Mais les embouteillages ont un coût bien supérieur. Par exemple, Inrix, une société de services d'info-trafic, a calculé les coûts directs (carburant gaspillé, improductivité liée aux retards de salariés, coûts supplémentaires pour les transporteurs routiers, etc...) ou indirects (hausse au final des prix à la consommation) des embouteillages pour la France et la facture était de 17 milliards d'euros en 2013, et devrait passer à 22 milliards en 2030. Sans parler de la pollution.

Forte de tous ces atouts, cette solution a été testée à Boulogne-Billancourt cet été auprès d'une cinquantaine de participants. L'expérimentation est financée par la société du Grand Paris, qui réfléchit à la mettre en place dans d'autres villes de la région parisienne.

» LIRE AUSSI - Les embouteillages, une facture de 350 milliards d'euros pour la France sur 15 ans




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188 commentaires
  • Anoune

    le

    Cela ne sert à rien. Comme le montre cet article : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/03/14/20002-20180314ARTFIG00010-les-grandes-villes-francaises-face-au-fleau-des-embouteillages.php, améliorer les infrastructures ou fluidifier le trafic ne fait que reporter le problème dans le temps ou dans l’espace, car cela incite gens à habiter plus loin, à plus se déplacer et à plus prendre leur voiture. Améliorer les transports en commun a la même conséquence : les gens se déplacent plus et vont habiter plus loin, et le coût et la difficulté de maintenance des transports en commun explose. J’ai l’exemple d’une personne qui habite à Poitiers et à qui le Conseil général paye apparemment l’aller-retour matin et soir avec Paris en TGV pour aller bosser ! On marche sur la tête !
    À mon avis il faut interdire les voitures en zone dense, partout où son trop grand nombre pose problème, et limiter les transports en commun mais faire en sorte que ceux qui demeurent fonctionnent impeccablement.
    Le reste des déplacements doit se faire à pied ou à vélo. Le tissu urbain s’adaptera, les gens et les entreprises se rapprocheront, ainsi que les commerces. Les autres solutions ne me semblent qu’une fuite en avant.
    En zones denses, c’est-à-dire là où la voiture pose problème, les foyers de compétence étant important, cela ne posera pas de problème de recrutement aux entreprises.

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