Pourquoi Snapchat veut se distinguer de Twitter et Facebook
+VIDEO. Le groupe va lancer une nouvelle version de son application aux photos et messages éphémères
Par Nicolas Richaud
C'est moins une révolution qu'un retour aux fondamentaux pour Snap (la maison mère de Snapchat). La société américaine vient de lever le voile sur le nouveau design de son interface. Grande nouveauté : l'application aux messages et photos éphémères veut tracer une véritable frontière entre « social » et « média ».
Dans le détail, l'utilisateur aura prochainement accès, en balayant l'écran vers la gauche, à son cercle social, connaissances proches et tous les contenus en émanant (discussions, photos, vidéos). En balayant l'écran vers la droite, il accédera désormais uniquement aux contenus produits par les médias, les grandes marques mais aussi les « influenceurs » de Snapchat.
« Jusqu'à présent, les réseaux sociaux ont toujours mélangé photos et vidéos émanant des « amis » avec des contenus provenant d'éditeurs ou de créateurs », fait valoir avant d'ajouter que cela a engendré des « effets collatéraux » tels que les « fake news ».
Se distinguer de Facebook et Twitter
Une critique à peine voilée de Twitter et de Facebook, tous deux en prise avec la prolifération des « fake news ». En cloisonnant distinctement « média » et « social » dans sa nouvelle interface, Snap entend clairement distinguer son offre de Twitter (média social) et surtout de Facebook (réseau social) auquel la firme au fantôme blanc sur fond jaune est sans cesse comparée.
Depuis quelques semaines, le groupe de Mark Zuckerberg teste, lui, un fil d'actualité « vidé » des publications de marques, médias, et autres personnes morales qui seraient intégrées dans un autre fil nommé « Explorer ». Le réseau social a fait savoir qu'il souhaitait comprendre « si les gens préfèrent avoir des espaces séparés pour le contenu personnel et le contenu public ».
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En redesignant son « appli, Snap remet ainsi l'accent sur ce qui a fait sa spécificité et son succès à ses débuts : être un service de messagerie à des fins privées. Le patron de Snap, Evan Spiegel l'a d'ailleurs martelé, dans une tribune publiée sur le site « Axios », où il range Snapchat dans la même case que WhatsApp.
Il y avance aussi que son application permet avant tout d'échanger avec ses connaissances, via des « textos visuels » et représente une « échappatoire » où les « gens peuvent envoyer des photos et des vidéos à leurs amis sans la pression des « likes » et des commentaires ».
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Environnement sécurisé pour les annonceurs
Pour Snapchat, cette démarcation tranchée va lui permettre de proposer un environnement plus sécurisé aux annonceurs du côté des contenus émanant des médias, grandes marques et influenceurs.
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Un argument de poids. Au-delà des seules « fake news », la récente polémique qui a impliqué YouTube concernant certains contenus scabreux pour enfants, rappelle que ces plates-formes peinent toujours encore à contrôler efficacement la kyrielle de contenus qui y sont postés quotidiennement.
Or, ces bad buzz ont des conséquences financières directes ; une flopée d'annonceurs de renom ont ainsi suspendu leur publicité sur la plate-forme de vidéos appartenant à Google.
Snap à la peine en Bourse
Du côté de Snap, ces nouveautés étaient attendues. Début novembre, Evan Spiegel, avait publiquement reconnu que l'application aux messages et photos éphémères était trop complexe à utiliser.
Depuis son entrée en Bourse en mars dernier, Snap peine à convaincre les marchés et a vu son action dégringoler de 50 %. En cause : la croissance de son parc d'utilisateurs ne cesse de ralentir, son chiffre d'affaires progresse moins rapidement qu'attendu, tandis que ses pertes se creusent.
D'autres liftings du même acabit devraient suivre dans les prochains mois. Reste à voir si ces changements seront à même de convaincre Wall Street et les annonceurs. Et surtout les utilisateurs.
Nicolas Richaud