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Management

Un quart des salariés français souffre d'un état d'hyperstress au travail

VIDEO Stress, anxiété, dépression... En France, tous les voyants sont au rouge, selon le cabinet de conseil en prévention des risques psychosociaux Stimulus, qui vient de publier ce lundi, une étude édifiante sur le mal-être des salariés.

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Un quart des salariés français souffre d'un état d'hyperstress au travail**. Ajouter à cela que plus de la moitié d'entre eux (52%) présente un niveau d'anxiété** élevé (manifestations importantes d’anxiété ou probabilité de pathologie) dans le cadre de leur activité professionnelle. Pire, près du tiers (29%) présente un niveau dépressif élevé. Ce sont les principaux résultats alarmants de la dernière étude du cabinet de conseil Stimulus*, publiée ce lundi 27 novembre. Des tendances d'autant plus édifiantes que le cabinet se base sur un panel de plus de 32.000 personnes interrogées entre janvier 2013 et juin 2017, issus d'entreprises de tous secteurs d'activité.

A noter toutefois que ces sociétés n'ont pas été choisies au hasard. Elles ont elles-mêmes sollicité le diagnostic de Stimulus, soit pour engager une action de prévention des risques psychosociaux, soit pour gérer une problématique de ce type déjà identifiée en interne. Ce qui peut orienter in fine les résultats. "Comparé à d'autres études qui portent sur seulement quelques centaines de sondés, cet échantillon est très large. Nous avons par ailleurs utilisé des méthodologies validées scientifiquement qui débouchent sur des résultats proches de nombreuses études internationales sur le sujet", plaide le docteur Patrick Légeron, psychiatre fondateur de Stimulus.

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Selon lui, le constat est indiscutable. "S'il y a 25 ans, on listait les professions exposées à un fort risque de stress comme celles d'infirmier, d'aiguilleur du ciel, de policiers, aujourd'hui on peut affirmer qu'elles sont toutes concernées par ce phénomène, affirme le fondateur de Stimulus. C'est d'une certaine manière une forme d'épidémie qui se diffuse à tous les échelons de l'entreprise, et plus largement, de la société. Le stress est ainsi devenu le premier risque pour la santé au travail."

Le psychiatre en veut pour preuve les taux d'hyperstress enregistrés dans les différents secteurs d'activité étudiés. "Le taux le plus bas ne descend pas en dessous de 20-21% des salariés dans le transport, le commerce ou encore l'industrie manufacturière, et monte jusqu'à 42% des salariés du secteur de la santé humaine et des actions sociales. Même si cela va du simple au double en fonction du domaine d'acitivité, c'est tout de même inquiétant, pointe-t-il. Comme pour la cigarette et le cancer du poumon, il existe un lien direct établi entre niveau de stress très élevé et risque de burn-out."

6% des personnes en dépression

A l'intérieur même des entreprises, un autre phénomène alerte le spécialiste de la santé psychologique au travail: les cadres et managers, jusque-là assez préservés, sont désormais autant exposés aux facteurs de stress et d'anxiété que les non-cadres et employés. Ils sont ainsi respectivement 24% et 23% à être touchés par l’hyperstress. L'écart se réduirait aussi légèrement entre les hommes et les femmes, même si ces dernières sont toujours beaucoup plus touchées par les manifestations anxieuses (57% contre 47%).

Des situations qui tendraient à montrer que le stress au travail et ses conséquences sur la santé des actifs auraient non seulement tendance à se détériorer mais aussi à se généraliser.  "D'après nos résultats, 6% des personnes interrogées ont probablement une dépression, au sens médical du terme. Ces personnes ne devraient même pas être en poste!", s'alarme le psychiatre. 

En cause notamment, les entreprises françaises demeurent à la traîne sur la gestion de cette problématique, comparées à d'autres pays européens. "On est passé du déni aux faux-semblants, tranche Patrick Légeron. Ce n'est pas en mettant en place une corbeille de fruits, une table de ping-pong ou encore des massages gratuits qu'on règlera ce problème qui est devenu un enjeu de santé publique", regrette-t-il tout en notant que les entreprises prennent de plus en plus conscience du coût humain (conflits, perte d'attractivité...) et financier (augmentation des erreurs, absentéisme...) que peut représenter le phénomène. 

Les facteurs de stress sur lesquels agir sont pourtant identifiés et depuis longtemps: manque d'autonomie, faible reconnaissance, objectifs inatteignables, situation de changement perpétuel... Reste que les entreprises ne sont pas les seules fautives, selon le fondateur de Stimulus. "Qu'il s'agisse des incitations des pouvoirs publics ou même des individus eux-mêmes qui doivent apprendre à se protéger par la méditation, ou encore à adopter une hygiène de vie saine, chacun a sa part de responsabilité pour prévenir ces risques psychosociaux." Et passer ainsi enfin des faux-semblants à l'action.

Méthodologie:

*L'étude globale de Stimulus porte sur trois volets:
- La première évalue les niveaux de stress. La population étudiée ici se compose de 32.137 salariés travaillant dans 39 entreprises de secteurs d’activité très variés. Les niveaux de stress ont été évalués au moyen de l’échelle de Mesure du Stress Psychologique (MSP) à 25 ou à 9 items.
- La deuxième porte sur les manifestation d'anxiété et de dépression. L’échantillon étudié ici est composé de 6.875 salariés (issus des 32.137) répartis dans 16 entreprises, là aussi de secteurs d’activité variés. Les manifestations d’anxiété et de dépression sont évaluées au moyen de la « Hospital Anxiety and Depression Scale » (ou HAD), questionnaire internationalement validé.
- La troisième s'intéresse aux facteurs de stress. L’échantillon étudié ici est composé de 8.217 salariés (issus des 32.137), répartis dans 17 entreprises, là aussi de secteurs d’activité variés.

**A noter que le stress est ici défini comme un état d'activation de l'ensemble du corps soumis à des pressions de la part de son environnement de travail (ex: organisation, relations avec les autres, équilibre vie pro/perso...) alors que l'anxiété est elle une émotion souvent ressentie comme désagréable correspondant à l'anticipation d'un danger ou problème à venir.

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