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Au Cambodge, les temples d’Angkor menacés par un parc d’attractions

Le caractère sacré de l’ancienne capitale de l’Empire khmer, « Patrimoine mondial » de l’Unesco, est mis en danger.

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Publié le 13 février 2021 à 00h02, modifié le 13 février 2021 à 18h30

Temps de Lecture 4 min.

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Une vue aérienne du temple d’Angkor Vat dans la province de Siem Reap au Cambodge, le 5 mars 2020.

Au Cambodge, le caractère sacré et universel d’Angkor, l’ancienne capitale de l’Empire khmer (IXe - XVe siècles), classée « Patrimoine mondial » de l’Unesco en 1992, avec ses dizaines de temples en grès ciselé au cœur de 400 kilomètres carrés de jungle, est menacé à sa porte. La construction d’un gigantesque parc d’attractions comparable à un Disneyland, et baptisé « Angkor Lake of Wonder » (« Angkor, lac des merveilles »), est prévue sur 75 hectares, à seulement 500 mètres de la zone tampon protégée par l’Unesco.

Lire le reportage : Article réservé à nos abonnés A Angkor, le défi du tourisme de masse

Auteur de ce projet, la société chinoise NagaCorp LTD, qui possède par ailleurs des casinos, notamment à Phnom Penh, a annoncé qu’elle avait reçu, le 12 mai 2020, l’agrément de l’administration du premier ministre cambodgien, Hun Sen, pour la construction de ce complexe touristique. NagaCorp LTD aurait la garantie de disposer dudit terrain pendant cinquante ans (contrat renouvelable) pour construire et administrer le parc d’attractions. La location du terrain appartenant à l’Etat cambodgien resterait gratuite de sept à dix ans, puis serait facturée 29 dollars par mètre carré, pour rapporter au total près d’un milliard de dollars. Tandis que NagaCorp LTD investirait 350 millions de dollars dans la phase initiale du projet.

Présenté en vidéoconférence, pandémie oblige, les 26 et 27 janvier 2021, lors de la réunion du Comité international de l’Unesco pour la conservation et le développement durable du site historique d’Angkor (CIC-Angkor), ce projet pharaonique a créé l’incompréhension chez les experts chargés des programmes de sauvegarde du site classé. Tant le caractère festif et ludique du futur Angkor Lake of Wonder leur semble incompatible avec l’empreinte sacrée des temples de l’authentique Angkor, le plus vaste site bâti classé Patrimoine mondial.

Cité hydraulique

La projection de cinquante photos en couleurs dévoila, sur grand écran, la maquette du futur Naga Water World aux douze attractions nautiques : rivière enchantée sur 2,5 km, avec barques et gondoles ; grand canal de 500 mètres de long ; piscine à vagues avec plage de 5 000 mètres carrés ; triple toboggan aquatique ; cascade ; marché chinois flottant, parc marin, copies grossières des sculptures angkoriennes, restaurants, boutiques et palace de 900 chambres avec vue sur l’eau.

« L’eau a joué un rôle important dans l’histoire d’Angkor », justifie le groupe Naga dans ses commentaires rappelant l’usage, durant les mois de sécheresse, des fameux réservoirs ou barays. Au IXe siècle, le message du roi Indravarman 1er était visionnaire : « l’eau est plus précieuse que l’or », avait-il fait graver sur une stèle. Son fils creusera le premier grand baray, « bassin porteur de gloire ». Ce fut le point de départ de la « cité hydraulique », pour reprendre le terme de Bernard-Philippe Groslier, conservateur de l’Ecole française d’Extrême Orient à Angkor jusqu’à l’occupation du site par les Khmers rouges, en 1973.

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