Première en France : des éleveurs de Loire-Atlantique et Vendée organisent l'abattage à la ferme

Au sein de l'association AALVie, 150 éleveurs et éleveuses veulent mettre en oeuvre un système d'abattoirs mobiles. Ils ont lancé une campagne de financement participatif.

Éleveur au Marais champs, à Bourgneuf, Guylain Pageot est le président de l'AALVie.
Éleveur au Marais champs, à Bourgneuf, Guylain Pageot est le président de l’AALVie. (©Le Courrier du pays de Retz)
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« Né, élevé et abattu à la ferme ». Quelques mots pour un label qui expliquent la démarche de 150 éleveurs et éleveuses de Loire-Atlantique et du Nord-ouest Vendée. Leur initiative est une première en France. Après quatre années de réflexion et de travail, les adhérents de l’AALVie – Abattage des animaux sur leur lieu de vie – vont concrétiser leur projet de territoire.

Guylain Pageot, le président de l’association et exploitant au sein de la ferme du Marais champs, à Villeneuve en Retz, explique :

C’est un sujet majeur et sensible pour de nombreux éleveurs. Nous souhaitons accompagner nos animaux de leur naissance à leur mort, sur nos fermes… leurs fermes. La volonté est de leur assurer de bonnes conditions de vie jusqu’au bout, avec le moins de stress possible. Autre aspect important : la personne qui effectue la mise à mort n’est pas toute seule dans son usine à tuer un animal.

Des abattoirs mobiles et une unité à Machecoul Saint-Même

L’AALVie veut mettre en place un système d’abattage innovant au plan national, qui fonctionne en Allemagne à petite échelle.

Les bovins sont étourdis sur leur lieu de vie, saignés dans des caissons mobiles, puis acheminés vers une unité de mise en carcasse. Ces caissons font le lien entre l’unité et les fermes dans un rayon géographique d’une heure de route.

Guylain Pageot indique :

Nous envisageons de construire une première unité à Machecoul Saint-Même, probablement dans la zone de la Seiglerie. Et dans un an, une deuxième suivrait à Plessé, dans le Nord Loire. Il faut compter environ 3,5 millions d’euros d’investissement pour chaque unité. L’objectif est d’arriver à un coût de prestation qui ne soit pas plus cher qu’auparavant. Le plan économique est calibré pour ça.

L’AALVie bénéficie de l’appui des collectivités locales, départementales et régionales. Le projet a su fédérer l’ensemble des organismes professionnels agricoles au sein d’un conseil d’administration.

Pour le portage de cet outil, une Société civile d’intérêt collectif (SCIC) va être créée, rassemblant les éleveurs, les ateliers de découpe, les collectivités…

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Avec l’ambition de créer une filière locale

Cette solution de proximité a aussi pour ambition de développer les circuits courts et construire une filière locale territoriale. Actuellement, les éleveurs du pays de Retz doivent transporter leurs bêtes à La Roche sur Yon, abattoir le plus proche après la fermeture de celui de Challans, il y a deux ans.

Le président d’AALVie précise :

Nous avons voulu valider le processus sanitaire avant de communiquer notre projet au grand jour. L’abattage à la ferme est interdit, mais la pratique que l’on propose est légalement possible et en adéquation avec les textes européens.

Un premier test a eu lieu le 25 février 2020 et a répondu à la totalité des critères des services sanitaires en termes de respect de l’animal, de sécurité des opérateurs, de qualité d’abattage et de qualité carcasse.

Le système peut accueillir les bovins et veaux gras, des systèmes laitiers et allaitants. De nouvelles chaînes de mise en carcasse seront mises en place par la suite pour les porcs, les moutons et les chèvres. Les éleveurs et éleveuses restent propriétaires de la carcasse et libres de sa destination (ateliers de découpe, boucheries, magasins spécialisés, retour à la ferme…).

« Les citoyens ont leur rôle à jouer »

L’AALVie vient de lancer une campagne de financement participatif sur la plateforme internet MiiMOSA, en commençant par son réseau local depuis le 1er juillet et en lançant une campagne nationale dans les prochains jours.

Les citoyens ont leur rôle à jouer. Celui qui mange de la viande est aussi responsable que l’éleveur de l’abattage des animaux. Nous visons 40 000 donateurs. Au-delà du don, c’est un soutien moral qu’ils vont assurer.

L’argent ainsi collecté permettra de recruter une équipe d’une quinzaine de salariés par unité (chef de projet, bouchers…) et de finaliser la mise en œuvre de la structure dédiée.

« Nous sommes dans les starting-blocks. En septembre 2021, tout devrait être opérationnel », affirme Guylain Pageot. Les responsables de l’AALVie sont en contact avec d’autres porteurs de projet en France. Leur modèle validé par les autorités pourrait bien être transposé rapidement dans d’autres régions.

Plus d’informations sur le site internet de l’association AALVie. Pour participer à la campagne de financement participatif, se rendre sur la page « Animal, éleveur.euse, ensemble jusqu’au bout » sur la plateforme MiiMOSA.

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