Le secteur du transport aérien est en alerte. Une nouvelle menace semble planer, qui commence à inquiéter sérieusement le directeur général de l'association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac, rapporte lundi La Tribune. Il s'agit du mouvement "Fkygskam", qui peut se traduire par la "honte de prendre l'avion", et qui est né en Suède.

Ce mouvement a été lancé sur Instagram, par un compte anonyme, et se place dans la mouvance écologiste, de celle qui se soucie de l'impact environnemental des vols aériens qui se multiplient depuis des années aux quatre coins du monde. Alors que de plus en plus de jeunes se mobilisent pour la préservation de la planète et pour un changement des comportements de consommation, les compagnies aériennes, elles, s'inquiètent.

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"C'est une grande menace. Le secteur du transport aérien est confronté à un risque de réputation. C'est une première", a évoqué Alexandre de Juniac, ancien PDG d'Air France-KLM, dans des propos cités par La Tribune, à l'occasion d'une réunion avec l'Usaire, une association d'entreprises européennes et américaines issues des secteurs de l'aéronautique, de l'espace et de la défense. "Il est parti de Suède et il va se propager", a prédit le président du IATA.

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Un bilan carbone catastrophique ?

Alexandre de Juniac craint notamment une percée du "Flygskam" chez les jeunes générations qui ont multiplié, ces dernières semaines, les marches pour le climat, galvanisées par l'engagement et l'aura publique de la jeune militante suédoise Greta Thunberg. Or, pour le Français, ce nouveau mouvement est basé sur des "fake news et des incompréhensions" entourant le milieu du transport aérien. L'ancien PDG d'Air France-KLM cite notamment les soit-disant quantités d'émissions de CO2 liées au transport en avion et l'inaction des compagnies et des constructeurs aériens pour les réduire. Et ce alors que, selon La Tribune, le transport aérien représente 2,5 % des émissions mondiales de CO2.

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Alexandre de Juniac tient à rappeler l'action du secteur en matière de lutte contre ces émissions : "Le transport aérien s'est engagé à neutraliser ses émissions à partir de 2020, puis de les réduire par deux d'ici à 2050 par rapport à son niveau de 2005. Avec la croissance du trafic, cette ambition est énorme". Le titre économique rappelle que dès 2020, les compagnies aériennes vont payer pour compenser l'augmentation des émissions, au moins jusqu'en 2035, date à laquelle le secteur espère que de nouvelles technologies permettront de faire baisser ces émissions.

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Corsia, un nouveau système de compensation

Ce système de compensation, du nom de Corsia, est basé sur l'achat de crédit carbone auprès d'autres entreprises et d'autres secteurs économiques afin de financer des programmes de type reforestation, etc. Il doit débuter en 2020 après quatre ans de gestation, et est mis en place à l'initiative de l'organisation internationale de l'aviation civile qui regroupe quelque 192 pays. Selon l'IATA, le coût global du dispositif entre 2020 et 2035 s'élève à 40 milliards de dollars.

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Des initiatives qui restent inconnues du grand public, estime Alexandre de Juniac. Aussi, a-t-il annoncé une campagne de communication et a appelé les gouvernements à développer toujours plus les biocarburants. Selon lui, ces derniers sont "un élément clé" de la réduction des émissions de carbone dans le secteur aérien.